Bernard Bourreau (1/3): "Une sollicitation trop importante des jeunes"

Publié par Nicolas Gréno sur 12 Mars 2011, 23:01pm

Catégories : #CYCLISME

L’équipe de France espoirs de cyclisme est venue en stage sur la Côte Basque du 18 au 25 février. Les meilleurs espoirs tricolores, convoqués par Bernard Bourreau, le sélectionneur national, ont déposé leurs bagages à Anglet. Nous avons profité de leur passage au Pays Basque pour interviewer le coach Bourreau… Celui qui était notamment présent lors du sacre mondial de Romain Sicard à Mendrisio en 2009.

Culture Sport : Pourquoi avoir décidé de venir en stage à Anglet et de courir pour la première fois l’Essor Basque ?
Bernard Bourreau : Comme la période des vacances scolaires a été retardée d’une semaine, j’ai choisi Anglet. Les autres années, nous allions plutôt dans le Languedoc-Roussillon parce que nous avions un sponsoring avec la ville d’Amélie-les-Bains et parce que les épreuves se déroulaient surtout dans cette région. Ce partenariat était en commun avec la FFC (Fédération Française de cyclisme, ndlr), qui nous payait les hébergements. Mais depuis deux ans déjà, nous allions sur la Costa Brava.

Culture Sport : Le niveau de l’Essor Basque cette année ?
Bernard Bourreau : Le niveau de l’Essor Basque, c’est le niveau de toutes les courses nationales ! C’est un bon niveau, y’avait quand même pas mal d’équipes de Division Nationale 1 et une bonne moitié des meilleurs coureurs Français. Le peloton était divisé en trois. Il y avait les Plages Vendéennes ainsi que des courses sur la Côte d’Azur, même si les épreuves ne sont pas nationales mais régionales. Cela n’empêche pas les équipes de s’y aligner. Mais les Plages Vendéennes reste la compétition qui a rivalisé le plus avec l’Essor Basque. Cette année, ce que j’ai remarqué, c’est qu’il y avait moins de pros.

Culture Sport : Parce qu’avant des équipes comme la Française des Jeux, le Crédit Agricole, Brioches-la-Boulangère (aujourd’hui Europcar) ou encore Ag2r venaient s’y préparer.
Bernard Bourreau : Oui, mais il y avait surtout des formations comme Aubervilliers 93 (BigMat, ndlr), Bretagne-Schuller, et cette année ils ne sont pas venus. (1)

Culture Sport : Suivez-vous, attentivement, la carrière des coureurs que vous avez eu en sélection nationale espoirs ?
Bernard Bourreau : Bien évidemment ! Je les suis parce que je m’intéresse à tous les cyclismes. Je m’occupe des espoirs, mais aussi des pros, puisque je suis avec Laurent Jalabert dans le staff de la sélection pour le Mondial. Je suis donc en parallèle le monde pro. Et puis personnellement, ça m’intéresse de voir ce que deviennent mes jeunes espoirs. Ce sont des coureurs que j’ai côtoyé plusieurs années.

Culture Sport : Et Arnaud Gérard que vous avez dirigé lors de sa victoire aux Championnats du Monde juniors 2002 à Zolder, pourquoi n’arrive-t-il pas à percer dans le milieu ?
Bernard Bourreau : Alors là ! Il n’y a pas qu’Arnaud Gérard. Il a été Champion du Monde, mais Champion du Monde une seule journée ! Ce n’est pas pour ça qu’il est au dessus de tout le monde. Pourquoi ces coureurs ne réussissent-ils pas ? C’est très compliqué et même très long à expliquer. En gros, il y a beaucoup trop de jeunes et une sollicitation trop importante. Ils ne finissent pas leur formation au niveau des courses amateurs. Dans le secteur pro, ils ont autre chose à faire que de réaliser la formation des jeunes. Bien souvent, les gamins sont découragés ou mal accueillis chez les professionnels parce qu’ils sont en rivalité avec les anciens. Donc au bout de deux ou trois ans, ils redescendent.

Culture Sport : Comme Fabien Taillefer (2)…
Bernard Bourreau : Exactement. Et puis il y en a tous les ans, des cyclistes qui redescendent (à l'échelon inférieur, ndlr) ! Cette année, il y a encore 35 coureurs qui sont passés pros. C’est impossible que tous les coureurs puissent rester.

(1) L’équipe BigMat-Auber 93 devait courir cette année l’Essor Basque mais s’est rétractée au dernier moment.
(2) L'affaire Taillefer a éclaté bien après notre interview réalisée le mercredi 23 février 2011.

Retrouvez prochainement la seconde partie de cet entretien.

Propos recueillis et article réalisés par Nicolas Gréno l Image : Clémence Lande-Verdier

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