A 33 ans et après 9 années de carrière professionnelle, dont 7 passées en France, John Linehan, alias « le virus » continue d'écrire l'histoire. Portrait d'un extraterrestre.
On aurait juré le virus sur le déclin. On pensait le petit meneur US, débarqué en France en 2004 un peu par hasard, vieillissant, amoindri, lassé des joutes de la proA. Il nous a prit à contre-pied. Un peu comme il a prit à contre-pied tous ses adversaires : 9 ans de carrière professionnelle, durant. A défaut de nous faire tomber, John Linehan nous a bousculé, soufflé un soir d'Euroligue. Le genre de soir lors desquels basket français rime avec soupe à la grimace. Comme une lumière dans la nuit, le meneur du SLUC Nancy, version 2011-2012, est venu distribuer, délivrer 15 caviars, 15 passes décisives, 15 « assists ». Istanbul et son « Fener » en ont vu de toutes les couleurs, mais a fini par triompher. En défense, le chien de garde a rugi. Comme d'habitude. Comme toutes les semaines, en proA. Comme toujours, depuis 2004 et son arrivée au célèbre PBR (NDLR : Actuel Paris-Levallois). Avec lui, le Paris Basket Racing s'est trouvé le successeur de Laurent Sciarra, un idolâtre. Une aubaine, une chance, pour les deux parties. Linehan profite, vit sa première belle expérience hors des Etats-Unis, où il fut formé, entre le Dakota et le Province College. Ses prouesses, sa dureté en défense, qui le caractérise si bien, font de lui la révélation du championnat. Strasbourg en mal de meneur l'enrôle, à l'aube de 2006. Une courte expérience. Enrichissante, quand même. Linehan est un petit homme intelligent. Aussi trapu que passionné. Aussi talentueux que passionnant. Déjà élu meilleur défenseur de proA (en 2006), il rejoint le SLUC Nancy. Une première fois. Deux saisons où il brille, s'expose. Explose.
Son envie de découvrir un autre championnat l'enlève du cocon de la proA. Pour un an, il rejoint le BC Kalev en Estonie, empli son placard de trophée, remporte le championnat d'Estonie et la Coupe Nationale. 12,7 points en moyenne par match sur l'ensemble de la saison et combien de passes décisives ? Mais l'Estonie révèle chez lui un manque. La France. Il est de retour à l'heure de démarrer la saison 2009-2010. A Cholet. La Meilleraie l'adopte. Les supporters l'adulent. Avec eux et toutes les Mauges, Linehan décroche le titre de champion de France. Une première fois. Pour lui. Une première fois, aussi pour le CB d'Erman Kunter. Il est élu meilleur défenseur du championnat. Naturellement, le SLUC Nancy lui fait les yeux doux. Lui promet, EuroChallenge et play-offs. Strass et paillettes. Rien que ça. Le virus tombe. Une deuxième fois. Enlève un nouveau titre de champion de France. Pour la deuxième fois aussi. Il est élu MVP de la finale, meilleur défenseur du championnat. Entre dans la légende de la proA. Avant de rentrer quelques mois plus tard, à la reprise de l'Euroligue, dans l'histoire du basket européen. Détrônant une autre légende, Théodoros Papaloukas, recordman, jusqu'alors, avec 14 passes décisives. Unique.
Article réalisé par Paul Barcelonne / Images : Basket actu