(demain : les 3 meilleurs jeunes)
Vingt-et-une victoires, treize vainqueurs différents et seulement trois coureurs primés. On doit l’avouer, nous avons triché et contourné nos propres règles ! Le choix était tellement cornélien que quatre hommes ont été virtuellement récompensés : Sylvain Chavanel (premier), Thomas Voeckler, Christophe Riblon (deuxièmes) et Alexandre Vinokourov (troisième).
1. Sylvain Chavanel. Pays : France. Equipe : Quick Step.
Etape #7 : Tournus – Station des Rousses (165,5 km).Sa victoire acquise grâce à un concours de circonstances, que l’ont connaît désormais tous, dans la ville thermale de Spa, Sylvain Chavanel voulait en claquer une autre plus belle. Une seconde étape remportée avec la manière. Une étape gagnée à la "Chava". Après l’étape des pavés, le Français a délaissé son beau Maillot Jaune, par dépit. Avec de nombreux problèmes mécaniques, il n’a pu rivaliser avec la bataille que lui lançait Fabian Cancellara. Le Suisse voulait reconquérir sa tunique dorée. Le coureur de la Quick Step aura promené son maillot de leader qu’une seule journée sur ce Tour. Un mal pour un bien ? Peut être ! Les jours s’enchaînent. Les étapes Cambrai-Reims, Epernay-Montargis et Montargis-Gueugnon sont désespérément plates. De longues lignes droites ponctuées de ridicules bosses de quatrièmes catégories. Ce n’est pas des profils qui ressemblent aux caractéristiques de Chavanel. Il attend donc sagement dans le paquet et se préserve en vue de la fameuse étape des Rousses.
Son équipe avait finement joué à domicile. En plus du bouquet et de la prise de pouvoir au général par Sylvain, entre Bruxelles et Spa, Jérôme Pineau s’est emparé du maillot à pois. Le Nantais veut donc protéger et conserver sa place de meilleur grimpeur provisoire. Il se glisse alors dans l’échappée matinale. Pineau engrange les points. Derrière lui, son ancienne formation met en route. La Bbox, qui ne dénombre aucun de leur homme devant, attaque par le biais de Voeckler et Gautier. Mais qui suit à la trace les deux Vendéens ? Sylvain Chavanel bien sur ! Au fil des kilomètres, "Mimosa" comble l’écart avec son équipier parti devant en point d’appuis. Un peu à la manière des pistards, les deux coureurs tricolores se passent le relais.
L’aîné des frères Chavanel est parti. Parti pour d’adjuger un second succès sur ce Tour 2010 et pour décrocher une deuxième fois… le Maillot Jaune. Derrière lui, le jeune Espagnol Rafael Valls est intercalé à une cinquantaine de secondes. Le coureur de la Footon-Servetto ne parviendra jamais à rattraper Sylvain Chavanel qui triomphe. C’est la deuxième victoire en solitaire dans cette Grande Boucle. La première était l’œuvre de… "Chava". Mais celle des Rousses est peut être la plus belle car elle est obtenue avec panache.
2. Thomas Voeckler. Pays : France. Equipe : Bbox Bouygues Télécom.
Etape #15 : Pamiers – Bagnères-de-Luchon (187,5km).
Christophe Riblon. Pays : France. Equipe : Ag2r La Mondiale.
Etape #14 : Revel – Ax 3 Domaines (184,5 km).
Impossible de les départager tant leurs victoires sont magnifiques. N’ayons pas peut des mots. Ce n’est pas du chauvinisme. Loin de là. Seulement, Thomas Voeckler et Christophe Riblon font parti du club des quatre. Quel groupe des quatre ? Les quatre vainqueurs en solitaire avec Sylvain Chavanel (voir ci-dessus) et Alexandre Vinokourov (voir ci-dessous).Après sa quatrième place dans la Station des Rousses et son attaque manquée lors de l’étape à Revel, Thomas Voeckler voulait de nouveau goûter aux joies de la victoire dans la Grande Boucle. Avec le maillot tricolore sur les épaules de surcroît. Parti dans une belle aventure avec son équipier et grand ami Anthony Charteau, qui de son côté, continue à tisser son maillot blanc à pois rouges, le Champion de France mouille le maillot. Une réponse à la mauvaise image de l’équipe de France de foot lors de la dernière Coupe du Monde ? Peut être. En tout cas, "Ti-Blanc" régale tous les téléspectateurs et les supporters massés sur le bord des routes. Meilleur grimpeur du groupe, il s’isole dans le dernier col de l’étape et pas des moindres. Avec le Port de Balès, Voeckler part seul vers une victoire de prestige. Dans la périlleuse descente, il se fait une petite frayeur, mais le représentant de tous les coureurs Français, avec cette tunique bleu-blanc-rouge, ne faiblit pas et s’impose devant la secrétaire d’Etat aux sports, Rama Yade, ravie de ce cinquième succès Français. Ce n’est pas le Tour de France, mais le "Tour deS FranÇAIS".
La veille, Christophe Riblon, pistard à ses heures perdues, a réalisé un exploit majuscule. Le coureur d’Ag2r La Mondiale avait pris la poudre d’escampettes dès le kilomètre vingt-quatre de l’étape. Riblon est resté le reste de la journée devant pour finalement résister au retour des cadors. A-t-il profité du marquage entre Alberto Contador et Andy Schleck dans la montée vers Ax 3 Domaines ? Ca serait quand même rabaisser sa belle performance qui restera à tout jamais inscrite dans les livres du Tour de France. Le Picard a attaqué au pied du Port de Pailhères, autre grand col exigeant des Pyrénées.
Avec Voeckler, Riblon mais aussi Pierrick Fédrigo, Sandy Casar (vainqueur et deuxième à Pau) ainsi que Charteau, les coureurs tricolores ont brillé de milles feux dans le massif Pyrénéen pour le Centenaire du premier passage dans ces sublimes montagnes.
3. Alexandre Vinokourov. Pays : Kazakhstan. Equipe : Astana.
Etape #13 : Rodez – Revel (196 km).C’est la victoire de la rédemption. Après un double contrôle positif sur le Tour de France 2007, Alexandre Vinokourov avait quitté le monde cycliste la tête basse, sous les huées du public Français qui l’aimait tant. Trois ans plus tard, pour son retour dans la Grande Boucle, le Kazakh est de nouveau un héros. Dans la montée vers Mende, après avoir pris part à une échappée au long court, Vino est en mesure de jouer la victoire d’étape. Mais derrière le peloton revient fort sous l’impulsion des leaders du général. Sur les pentes dédiées à Laurent Jalabert, Joaquin Rodriguez attaque accompagné de son compatriote Alberto Contador, qui n’est autre que l’équipier d’Alexandre Vinokourov chez Astana. Les deux coureurs Ibériques se détachent à deux kilomètres de l’arrivée. C’est suffisant pour avaler le vainqueur de la Vuelta 2006 qui ne méritait pas cela. Crucifié par son propre partenaire, il veut sa revanche.
L’étape qui arrive à Revel, dès le lendemain, tombe à pic. Avec la petite côte de Saint-Ferréol, classée en troisième catégorie par les organisateurs et placée à sept kilomètres de la ligne, Vinokourov pourrait mettre à profit ses qualités d’excellent puncheur. Les trois fuyards (Pierrick Fédrigo, Sylvain Chavanel, Juan-Antonio Flecha) repris trois bornes avant l’ultime difficulté de la journée, les attaquants peuvent passer à l’offensive pour empêcher un éventuel sprint massif. Car les Mark Cavendish, Alessandro Petacchi, Thor Hushovd et autres Edvald Boasson Hagen sont idéalement placés dans le peloton.
Mais le "Zinédine Zidane" du Kazakhstan contre l’attaque d’Alessandro Ballan et passe en tête au sommet de la bosse. Au fil des kilomètres, le lauréat de Liège-Bastogne-Liège 2010 accentue son avance en tête de la course. A cinq bornes de l’arrivée, il devance Voeckler, parti derrière en chasse de huit petites secondes. Deux kilomètres à parcourir encore. L’écart de douze secondes indique qu’il tient sa quatrième victoire dans le Tour. A Revel, il peut savourer. Alexandre Vinokourov vient de réaliser un numéro dont lui seul en connaît les secrets. Treize secondes plus tard, Cav’ règle le sprint du peloton. Le Britannique le saura que sur les Champs-Élysées, mais cette étape, qui pouvait lui permettre d’égaler son record de l’an passé (six victoires), il vient de la perdre, en butant sur un Vino des grands jours.
Mention spéciale à nos deux autres Français Sandy Casar (FDJ) et Pierrick Fédrigo (Bbox Bouygues Télécom) vainqueurs à Saint-Jean-de-Maurienne et Pau, arrivée de l’étape Reine du Tour avec l’ascension des mythiques Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque.
Article réalisé par Nicolas Gréno l Images : AFP/Sirotti