Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

@cultureSPORT

@cultureSPORT

Retrouvez-nous sur cultureSPORT.net / culture SPORT est un jeune média global entièrement consacré à l’actualité sportive et dédié à tous les pratiquants : professionnels comme amateurs, féminins et masculins, valides ou en situation de handicap, des plus jeunes aux plus anciens.


Le cyclo-cross, le sport qui divise la Belgique

Publié par Jérémy Bazin sur 9 Novembre 2011, 10:00am

Catégories : #Cyclo-cross

Si le cyclo-cross est né en  France, c’est bien en Belgique aujourd’hui qu’il est connu, et reconnu. Il faut le dire, les Belges n’ont pas de réelles nations rivales. Il y a bien quelques coureurs qui peuvent lutter comme le Tchèque Zdenek Stybar, ou le Français Francis Mourey, mais la liste n’est pas bien longue. La Belgique règne, plutôt la Flandre règne.

http://cyclingweekly.media.ipcdigital.co.uk/11141%7C0000018f4%7C6f8b_orh100000w575_vartmpgallery-migration-83-temp-dirgalleryimage10167-PAUWELS-NIJS.jpg
Un demi-siècle de victoires
La culture cyclo-cross s’est développée en Belgique depuis de nombreuses années. L’origine ? Eric De Vlaeminck. Avant son premier titre mondial en 1966, Français, Italiens et Allemands se partageaient les victoires lors des championnats du monde. La Belgique a donc découvert ce sport grâce à son très talentueux représentant, huit fois champion du monde. Depuis plus de quatre décennies ont passé, mais les Belges sont toujours présents au rendez-vous lorsque l’automne arrive, que les feuilles tombent et que le froid s’installe. Depuis 1966, la Belgique a raflé 58% des maillots arc-en-ciel dont sept ces dix dernières années. Plus fort encore, près de 40% des médailles ont été accroché par des Belges. D’une part, nos voisins ont toujours eu de grands champions pour s’imposer et d’autre part, ils ont une multitude de très bons crossmen capables de monter sur le podium.

Revenons au présent après cette petite page historique. Revenons au présent et prenons le classement mondial actuel. Dans le top 10, on retrouve sept Belges et pas à n’importe quelles places. Avec Sven Nys premier, Kevin Pauwels deuxième, Niels Albert troisième, ils sont encore une fois au plus haut. Pas étonnant dans ce cas de constater que quatre des neuf épreuves de coupe du monde pour cette saison 2011-2012 se déroulent chez eux. Sur les quatorze éditions de coupe du monde organisées jusqu’à présent, la moitié ont été glané par des Belges. Les trois premières places étant même prises à 60% par des Belges dans cette compétition. S’ils sont capables de se surpasser sur une course, ils peuvent aussi rester réguliers tout au long de l’hiver.

Encore quelques chiffres pour parler des autres challenges. Et bien c’est simple. En 24 éditions, du Trophée Gazet van Antwerpen, dit Trophée GVA, la Belgique a gagné 24 fois ! Il est vrai que toutes les manches du GVA sont organisées exclusivement chez eux, mais avoir une réussite totale, même domicile, est phénoménal. Enfin il y a aussi le SuperPrestige. Sur les 13 dernières saisons, la Belgique menée par un grand Sven Nys l’a remporté à 11 reprises. Leurs performances étaient moins remarquables avant, mais tout de  même, ils ont 51% de succès au classement général final.

http://www.ouest-france.fr/photos/2010/01/11/100111211501252_93_000_apx_470_.jpg
Une religion en Flandre
Depuis le début de l’article, on parle de la Belgique. Mais finalement ne devrions-nous pas parler de la Flandre ? Le cyclo-cross est le sport le plus populaire de Flandre. Il devance même le cyclisme sur route et les stars Tom Boonen, Peter Van Petegem, Johan Museeuw, ainsi que le tennis représenté par Kim Clijsters notamment, ou encore le football, pourtant des disciplines appréciées sur l’ensemble du continent européen. Par contre en Wallonie, le cyclo-cross est quasiment inconnu. Il faut dire que tous les circuits sont flamands, que tous les grands champions sont flamands, que la Flandre est frontalière avec le Nord de la France et la Hollande, d’autres terres de cyclo-cross. Bref, le cyclo-cross et les Flamands, c’est une grande histoire d’amour.

Du coup, la fédération belge de cyclisme tente tant bien que mal de faire découvrir le sport aux Wallons. Par exemple pour l’ouverture du Trophée GVA 2009-2010, la première manche était organisée à Namur. "Nous avons donné pour objectif à Roland Liboton (quintuple champion du monde, ndlr) de faire un cyclo-cross de haute facture. Il s'agira de grimper à Namur. Le fait de grimper est une facette que le cyclo-cross a négligée ces dernières années. Seules les organisations telles que celles du cross de Koppenberg, de Gavere et d'Overijse offrent encore du spectacle en ascension", déclarait Christophe Impens, l’organisateur. Implanter le cyclo-cross en Wallonie en tentant de modifier quelques règles coutumières. Le challenge valait la peine d’être tenté. Ce qu’il est aussi intéressant de noter, c’est que l’organisation appartient à la société Golazo, une société flamande, la plus importante entreprise d’événements sportifs en Belgique (Mémorial Van Damme, Diamond Games Anvers notamment). C’est donc bien les Flamands qui souhaitent exporter le cyclo-cross de l’autre côté de leur « frontière ». Pour aider au développement, la RTBF apportait sa contribution en diffusant l’épreuve. L'objectif est de rendre le cyclocross populaire en Wallonie, d'élargir le marché de la discipline, jusqu'ici essentiellement confiné en Flandre.

Pour aider à cet essor, Dottignies organise à présent tous les ans un cyclo-cross qui regroupe de nombreux bons crossmen internationaux. Pourtant le public de Dottignies est principalement flamand. Quentin Bertholet, l’unique représentant wallon au haut niveau a quelques explications quant au manque de reconnaissance par la population de sa région : « Les supporters flamands ne rateraient un cyclo-cross pour rien au monde, même pour un dîner de famille. Le Wallon lui, regarde plus à son argent, il faut compter en moyenne 10 euros d’entrée pour chaque épreuve. Et il y en a une trentaine... », explique-t-il au Nord Eclair. Le constat est le même pour les principaux intéressés : « Il faut au moins toujours une heure de route pour aller sur les courses. Ce qui n’est pas le cas sur route, où il y a plus de courses dans notre région. » Sans grands coureurs, il est certain que la Wallonie aura bien du mal à apprécier le cyclo-cross, préférant les sports automobiles, la vitesse et même le ping-pong !

D’autant plus que le retard qu’elle a sur la Flandre est considérable. Prenons un exemple. Comme tous les ans, en 2008, était remis le Prix des Sportif et Sportive de l'Année. Le prix féminin attribué à Tia Hellebaut a fait l'unanimité. Ce qui n’est pas du tout le cas de la récompense masculine remise à Sven Nys. Les Flamands étaient alors très heureux pour leur champion, alors que les Wallons connaissaient à peine le nommé. Un journaliste du sud de la Belgique se demandait d’ailleurs si le choix fait, était le bon : « Je dirais qu'il est bon que Nys ait obtenu le prix de la presse sportive belge, pour l'ensemble de son œuvre. Il ne l'a pas volé. Mais il serait très mauvais, pour le standing du sport belge, en général que ceci se répète annuellement. Cela voudrait dire que nous n'avons plus de vedettes reconnues comme telles au-delà de nos frontières. » Le fossé entre Flamands et Wallons au niveau du cyclo-cross ne cesse donc de se creuser. Les cultures sportives ont toujours été différentes. Mais, dans le contexte actuel entre les deux régions, tout clivage de ce genre est souvent perçu comme une déchirure communautaire supplémentaire.

Ce même journaliste de la Dernière Heure avance une nouvelle explication : « Les télés francophones ne retransmettent pas une discipline parce que celle-ci n'est pas populaire. Mais elle n'est pas populaire, en grande partie, parce qu'elle n'est pas télévisée ! ». En cyclo-cross, il n’y a pas photo entre Sporza et la RTBF.

http://images18.fotki.com/v437/photos/1/1292031/8413856/003SvenNys-vi.jpg
Quel avenir pour le cyclo-cross belge ?
Vous l’aurez compris, le vivier de talents belges dans cette discipline est en Flandre. Mais ce vivier va-t-il durer éternellement ? L’arrivée d’un coureur wallon sur le devant de la scène est un premier élément de réponse. Rudy De Bie, l'entraîneur belge disait le plus grand bien de Quentin Bertholet à sa signature dans la réserve de la grande équipe Fidéa en 2005 : « C'est un bon espoir, très prometteur. Mais il est encore jeune, il faut lui laisser le temps de bien progresser. S'il fait souvent partie des réservistes en équipe nationale espoir, je crois que dans les deux prochaines années, il pourra y faire sa place.» Sauf que les années ont passé et en 2009, ce même Rudy De Bie émettait quelques craintes sur l'avenir du cyclo-cross en Belgique. En effet, la volonté commune de Sven Nys et de Niels Albert de se mettre vraiment à la route pourrait condamner ce sport : « La Belgique devrait alors perdre la quasi-certitude de la victoire. Je ne vois personne ayant le talent que possèdent aujourd'hui Nys et Albert. Les coureurs étrangers seront alors bien placés pour remporter de nombreuses victoires. » Ajoutant même sévèrement qu’il « n'y a pas de grands talents dans la nouvelle génération ». Depuis les choses ont quelques peu changé, notamment grâce à Kevin Pauwels, qui, à 27 ans, est en train de prendre les rênes du cyclo-cross depuis le début de saison 2011-2012. Le voilà peut-être le renouveau.

Quelques chiffres :
- 8, comme le nombre de Mondiaux organisés en Belgique, en comptant celui de 2012. Les huit se sont déroulés en Flandre : Edelare en 1957, Overboelare en 1964, Zolder en 1970, Lembeek en 1986, Coxyde en 1994, Zolder en 2002, Hooglede en 2007 et Coxyde en 2012.

- 7, sur 7. Comme le nombre de Belges dans le top 10 mondial. Tous Flamands : Sven Nys, Niels Albert, Kevin Pauwels, Klaas Vantornout, Bart Aernouts, Bart Wellens et Tom Meeusen.

- 7, sur 7. Le nombre de manches du SuperPrestige disputées cette saison est de 8. Sept se courent en Belgique, toutes en Flandres : Ruddervoorde, Zonhoven, Hamme-Zogge, Gavere, Diegem, Hoogstraten et Middelkerke.

- 8, sur 8. Le nombre d’épreuves du Trophée GVA version 2011-2012, toutes disputées en Flandres : Audenarde, Renaix, Hasselt, Essen, Loenhout, Baal, Lille et Oostmalle.

- 66, comme  en pourcentage, le taux d’épreuves belges de coupe du monde disputées en Flandre, soit 2 sur 3. Coxyde et Heusden-Zolder pour la Flandre, Namur pour la Wallonie.

- 100, comme en pourcentage le taux de champions du monde belges de cyclo-cross originaires de Flandre : Eric De Vlaeminck, Roland Liboton, Mario De Clercq, Sven Nys, Niels Albert…

Article réalisé par Jérémy Bazin l Archives : Pol Loncin l Images : AFP, DailyPeloton, Cyclingweekly

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
<br /> <br /> L'article est tout simplement génial !!!! Il reflète bien ce qui se passe en Belgique à propos de ce sport. En revanche, en deux partie, ca aurait été mieux, l'article est un peu long.<br /> <br /> <br /> Je trouve que c'est génial que vous parliez du cyclo-cross comme ça. Je me réjouis de voir le prochain article.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre

Archives

Articles récents