A l’issue de la première partie du championnat de Ligue 1 et des matchs aller, le Stade Rennais Football Club figure, à la surprise de nombreux observateurs, à la 3ème place du classement avec un total de 31 points. Depuis quelques saisons, le Stade Rennais est un club qui monte globalement en puissance, avec comme objectif sur le moyen et le long terme l’Europe. Dans un championnat de France extrêmement relevé et resserré où les 16 premiers ne sont séparés que de 10 points, le Stade Rennais fait aujourd’hui figure d’outsider numéro un en vue de la fin de saison. Quatre fois leader au cours de la phase aller, le club breton, une des surprises de ce championnat avec son voisin du Stade Brestois, envisage donc sérieusement de se mêler à la lutte pour les premières places, malgré un budget limité, nettement inférieur à ceux des grosses écuries (45 millions d’euros).
L’Europe comme objectif après de trop nombreuses déceptions.
L’objectif du club breton est sans conteste une place dans une compétition européenne, en Ligue des Champions ou en Europa League. Néanmoins, avec un effectif très jeune et donc inexpérimenté, l’objectif européen du club est plutôt à envisager pour la saison prochaine selon l’encadrement rennais, même si une place dès cette année pour une compétition européenne serait bien sur la bienvenue. La saison 2010-2011 est donc une année de transition, afin que les jeunes pousses rennaises acquièrent plus d’expérience au haut niveau. L’Europe est donc visée à plus ou moins long terme, après de trop nombreuses déceptions effacées les années précédentes. Le club breton reste en effet sur une très décevante 9ème place au classement l’an passé, et ce malgré un effectif riche et un bon niveau de jeu, mais également sur de (trop) nombreuses désillusions subies la plupart du temps au dernier moment au cours des dernières saisons comme ce fut le cas lors de la saison 2006-2007, quand le SRFC fut mathématiquement éliminé de la Ligue des Champions à la 93ème minute de la 38ème et dernière journée face au LOSC (2-2). Le club veut donc éviter de revivre de tels évènements, démoralisants pour les joueurs. Ainsi, l’objectif actuel est donc de demeurer dans le groupe de tête et de ne pas être décroché des grosses écuries. Le club se situe à l’heure actuelle dans le premier chapeau au niveau du classement et il souhaite ne pas en être éjecté pour ne pas avoir à courir après en permanence après les meilleures équipes, comme ce fut le cas la saison passée.
Un groupe jeune et inexpérimenté.
Malgré un très bon début de saison, un des meilleurs de son histoire, la 3ème place acquise à l’issue des matchs aller sera très dure à défendre au cours des prochains mois. En effet, la plupart des « grosses écuries » de Ligue 1, qui ont toutes connu une période négative en terme de résultats en ce début d’année, reviennent à grands pas sur les équipes de tête dans une dynamique positive de victoires. C’est par exemple le cas de l’Olympique Lyonnais, actuel 4ème du classement, qui enchaîne actuellement une série de 12 matchs consécutifs sans défaite dans le championnat de France. Le Stade Rennais devra donc se méfier du retour des gros clubs pour conserver sa place parmi les meilleurs. De plus, le groupe professionnel breton est d’une part restreint, et d’autre part très jeune, avec une moyenne d’âge de 23 ans. Le groupe est donc très inexpérimenté, ce qui complique les chances du club de rester en tête. De nombreux joueurs ont ainsi effectué leurs premiers pas en Ligue 1 cette année, le staff ayant choisi une politique de confiance envers les jeunes. Kévin Théophile Catherine, Jean-Armel Kana-Biyik, Yacine Jebbour, Samuel Souprayen, Tongo Hamed Doumbia, Abdoul Camara ont donc tous par exemple moins d’une vingtaine de matchs dans les jambes au plus haut niveau. L’objectif de ces jeunes pour la saison est donc d’acquérir de l’expérience pour progresser et pour amener le club dans les échelons supérieurs à moyen terme. Ils sont pour cela entourés de joueurs cadres avec beaucoup d’expérience, comme Jérôme Leroy, 36 ans, Stéphane Dalmat, 31 ans, Nicolas Douchez, 30 ans. Le club réalise donc un subtil mélange entre jeunesse et expérience du terrain pour continuer sur la lignée des années passées avec l’ambition d’enfin franchir un cap et de passer du statut d’outsider à prétendent sérieux à l’Europe en fin de saison.
Une défense béton, une attaque gueule de bois.
A l’heure actuelle, l’un des points forts du Stade est sa défense imperméable, la meilleure de l’élite, avec seulement 12 buts encaissés en 19 matchs, et ca malgré de nombreux blessés dans l’effectif (Apam depuis la reprise, Théophile Catherine, Souprayen et Fanni en cours de saison). Cela s’explique avant tout par la présence d’une charnière centrale très solide, composée du roc sénégalais Kader Mangane, d’un gardien de niveau international Nicolas Douchez, mais aussi par une récupération du ballon effectuée à un niveau assez élevé, notamment par Yann M’Vila, ce qui laisse du répit à la défense. A noter l’émergence de très bons défenseurs cette saison, comme par exemple Kana-Biyik, en provenance du Havre, révélation de ce début de saison qui enchaîne les performances de haute volée. Une défense très solide qui a donc permis au club de réaliser de bonnes performances cette saison, les Rouge et Noir n’ayant par exemple perdu contre aucune des grosses écuries de ce championnat (nuls contre Lille, Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, victoire à Toulouse).
Au niveau de l’attaque, des progrès sont à réaliser. Seulement 15ème attaque du championnat avec 18 buts marqués, le Stade Rennais peine dans ce domaine, plus particulièrement au niveau de la finition. Mais cause atténuante, le club ne compte qu’un véritable attaquant digne de ce nom, en la personne de Victor Hugo Montaño, meilleur buteur du club avec 4 petites réalisations au compteur (Moussa Sow, le meilleur buteur du championnat en est déjà à 14 buts marqués !), qui se retrouve donc bien trop seul devant. Preuve de manque d’efficacité devant le but, les Rouge et Noir n’ont marqué qu’à deux reprises au cours des six dernières rencontres, un total bien trop faible au vu de leur classement. Les départs conjugués lors du dernier mercato des Sow, Briand, Gyan, Bangoura et Pagis n’ont bien évidemment pas arrangé les choses. D’où la volonté du club de vouloir se renforcer au plus vite, comme le prouve l’arrivée du milieu offensif de Lens Razak Boukari sur les bords de la Vilaine il y a quelques jours de cela.
Le club breton doit néanmoins composer avec les blessés depuis le début de saison, ce qui complique la tâche de l’entraîneur Fréderic Antonetti, qui ne peut pas d’une part aligner le même onze de départ d’un match à l’autre, et qui d’autre part ne peut pas instaurer une certaine concurrence sportive au sein de son groupe. La défense a par exemple été dépeuplée au cours de la saison comme nous l’avons cité précédemment, la principale préoccupation du staff étant le départ de Rod Fanni et l’impossibilité de le remplacer numériquement à cause de la logue durée d’indisponibilité d’Onyekachi Apam, blessé depuis son arrivée cet été. Le milieu de terrain n’est pas en reste avec les absences conjuguées de Sylvain Marveaux depuis fin novembre, d’Alexander Tettey en début de saison. L’attaquant Montaño fut également victime de blessures, ce qui le tint éloigné des terrains pendant un mois. L’équipe bretonne n’est également pas épargnée par les suspensions infligées par la Ligue, suspensions souvent contestables par ailleurs (Mangane, Leroy, Tettey…). De plus, Doumbia vient d’être suspendu pour une durée de 4 matchs par la commission de discipline de la Ligue. Il faut donc en permanence jongler entre joueurs blessés, suspendus ou absents, de nombreux joueurs étant internationaux et donc retenus par leurs sélections respectives (Mangane, Kana Biyik, M’Vila, Montaño, Mandjeck, Tettey, Carrasso, Douchez, Diallo…).
Les coupes, un objectif ?
Finaliste malheureux de la Coupe de France en 2009 contre son voisin guingampais, la Coupe de France et la Coupe de Ligue sont les moyens les plus rapides pour les Rouges et Noir d’accéder à une compétition de rang européen. Ce sont donc des dates clés dans le calendrier, même si le championnat reste prioritaire. Cependant, comme trop souvent ces derniers temps, le Stade reste sur une déception en Coupe de la Ligue, sorti dès son apparition par Guingamp 3 buts à 1 en septembre dernier. En coupe de France, le Stade Rennais reçoit Cannes, le 9 janvier prochain, club de national, et espère ne pas subir la même désillusion. Rennes n’évolue donc plus que sur deux tableaux en cette fin de saison, ce qui peut être un avantage sur certaines équipes, notamment au niveau du physique, de la fatigue et de l’enchaînement des matchs.
Miser sur la jeunesse pour les saisons à venir
Le Stade Rennais tient dans son effectif des joueurs très prometteurs, que le club doit tout faire pour conserver. Car le prochain mercato d’été sera agité en Bretagne. Le club, qui a déjà du se résoudre à laisser partir son international Français Rod Fanni pour l’Olympique de Marseille, devrait tout d’abord se séparer de son portier Nicolas Douchez qui, selon les dirigeants, ne souhaite pas « s’investir pour le club » sur la durée. Yann M’Vila est également très convoité, et ce par les plus grands clubs européens, comme Liverpool ou le Real Madrid. Sylvain Marveaux, qui sera sans doute très prochainement opéré des adducteurs, a très peu de chances de rejouer sous les couleurs rennaises, selon les dernières informations communiquées par Ouest France. Liverpool serai sur les rangs pour le recruter. Le club breton se devra donc d’investir et d’activer sa cellule de recrutement qui a souvent bien marché par le passé.
Rennes, un club dénigré ?
Malgré 4 journées passées en tête du championnat de France, l’engouement autour du club peine à se faire ressentir. Souvent critiqué par un niveau de jeu médiocre et un public trop calme, le club n’attire pas et est réprimé par les observateurs. Jugement qui n’est pas acceptable tel quel. Certes, le niveau de jeu affiché n’est pas des plus brillant mais comment parvenir à construire du jeu avec des joueurs n’ayant que peu évolué ensemble et étant démesurément jeunes ? On ne peut pas demander la même qualité de jeu à une équipe où la moyenne d’âge est de 23 ans qu’à une équipe expérimentée. Les Rouge Noir ont donc un style de jeu défensif, où l’évolution en contre est privilégiée, au détriment d’un jeu trop construit, et où le physique occupe une place très importante, comme le prouve le nombre élevés de duels dans l’entrejeu rennais. Le réalisme est également de mise, les attaquants bretons marquant souvent sur une des rares occasions qu’ils se procurent, contrairement à l’an passé où les rennais se procuraient une multitude d’occasions mais peinaient à concrétiser. Néanmoins, avec l’apport de joueurs dits « cadres », le niveau de jeu affiché par intermittence est très prometteur pour les mois à venir, jeu fait de passes courtes et de mouvements dans la profondeur. Reste donc aux joueurs rennais à afficher ce même niveau du jeu sur la durée et pour commencer pendant 90 minutes consécutivement lors d’un match. Le club doit également progresser dans l’image qu’il donne de lui, afin de ne pas être « ignoré » comme il l’est actuellement. En effet, au contraire de ce que certains annoncent à tort depuis plusieurs mois, la position actuelle du Stade Rennais n’est pas « imméritée ».
Le Stade Rennais en quelques chiffres.
•Meilleure défense de l’exercice en cours avec seulement 12 buts encaissés.
•15ème attaque avec 18 buts marqués.
•6ème équipe à domicile avec 18 points au compteur pour 9 matchs joués, soit 5 victoires, 3 matchs nuls pour une seule défaite.
•5ème équipe à l’extérieur avec un total de 13 points pour 10 matchs joués, soit 3 victoires, 4 matchs nuls et 3 défaites.
•Victor Hugo Montaño est le meilleur buteur du club avec 4 réalisations. Il devance Jires Kembo Ekoko, qui a pour sa part inscrit 3 buts.
•Jérôme Leroy et Victor Hugo Montaño sont les meilleurs passeurs du club avec chacun 3 passes décisives réalisées.
•Le premier et le dernier quart d’heure de jeu sont des moments clés pour les bretons : ils y marquent le plus de buts avec respectivement 3 et 5 buts inscrits dans ces temps de jeu (soit 8 buts sur 18).
•Affluence moyenne de 22 917 spectateurs au Stade de la Route de Lorient, ce qui représente la 7ème plus forte affluence de l’Hexagone, avec un taux de remplissage de 73, 62 %.
•23 ans de moyenne d’âge pour le groupe professionnel.
•Meilleur centre de formation pour la 5ème année consécutive.
•45 millions d’euros de budget.
Equipe type du Stade Rennais version 2010 - 2011 à l’issue des matchs aller (entre parenthèses les remplaçants poste par poste). La composition la plus souvent utilisée par Frédéric Antonetti est le 4-3-3. Certains joueurs apparaissent à plusieurs reprises, le groupe professionnel étant très restreint cette saison.
•Gardiens : Nicolas Douchez (Carrasso).
•Défenseurs centraux : Kader Mangane (Apam), Kana-Biyik (Théophile Catherine).
•Arrière droit : Romain Danzé
•Arrière Gauche : Kévin Théophile Catherine (Souprayen).
•Milieu défensif / récupérateur : Yann M’Vila (Doumbia).
•Milieu droit : Stéphane Dalmat (Leroy, Brahimi).
•Milieu gauche : Brahimi, Camara, Tettey, Doumbia.
•Attaquant de pointe : Victor Hugo Montaño (Kembo).
•Ailier gauche : Sylvain Marveaux (Camara).
•Ailier droit : Jires Kembo Ekoko (Leroy, Brahimi).
Dès la reprise, le groupe sera renforcé par le retour de blessure de Fabien Lemoine, qui a dignement fêté son retour en délivrant une passe décisive le 18 décembre dernier contre Valenciennes (1-0), et l’arrivée de Razak Boukari sur le front de l’attaque, avant pourquoi pas l’arrivée d’une autre recrue au cours du mercato.
Article réalisé par Gwendal Le Priellec l Images : AFP
Le Stade Rennais : outsider numéro 1
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