
La saison de la confirmation est souvent la plus dure. Que l'on soit promu, champion ou tout simplement que l'on soit fier de sa saison, l'année suivante, tout devient plus dur. Ce n'est pas Didier Deschamps qui vous dira le contraire ! Après une saison 2009-2010 exceptionnelle où il mit fin à près d'une vingtaine d'années de disette en offrant à Marseille le doublé Championnat - Coupe de la Ligue, l'entraineur phocéen doit reconnaître que son club connait quelques difficultés en Ligue 1. Cela ne l'inquiète cependant pas, car l'OM a les moyens de ramener encore le titre sur la Canebière cette année.
Un départ timide

Dès les premiers matchs de la saison, l'Olympique de Marseille n'affiche pas son niveau de l'an dernier. Le Trophée des Champions le confirme, les Phocéens s'imposent difficilement aux tirs au but face à de valeureux Parisiens, à l'issue d'un match assez terne, sans spectacle. L'essentiel est tout de même là, Marseille fait coup double : le trophée est remporté et le match contre le rival est gagné. La saison de Ligue 1 s'ouvre une dizaine de jours plus tard, au stade Vélodrome face à Caen, tout juste revenu en première division après un an à l'échelon inférieur. Un match abordable, donc. Peut être trop sûrs d'eux, les Marseillais s'inclinent à la surprise générale 2 buts à un. Simple accident ? Tout le monde pense que oui et que l'OM se rattrapera la semaine suivante. Erreur d'appréciation. Deuxième match et deuxième défaite pour Marseille, qui prend l'eau à Valenciennes et se retrouve relégable.
Il faut attendre le 21 Août pour voir les Phocéens lancer leur saison, en s'imposant deux buts à zéro face à Lorient. Didier Deschamps peut pousser un « ouf » de soulagement. Pas pour longtemps cependant, car Marseille enchaine deux matchs nuls contre Bordeaux et Monaco, puis s'incline à domicile face au Spartak Moscou en Ligue des Champions. Cet OM là est bien loin de celui qui faisait peur l'an dernier. D'autant plus que Chelsea lui apprend à jouer au football en Ligue des Champions à la fin du mois de Septembre. Marseille se rattrape cependant lors de la double confrontation face à Zilina, où Dédé Gignac inscrit ses rares buts sous le maillot marseillais. Après la gifle donnée aux Slovaques (0-7), l'OM rencontre le PSG en championnat, mais subit les réveils de Guillaume Hoarau et de Mevlut Erdinç, et perd le Clasico.

Les joueurs de Didier Deschamps prennent conscience qu'ils doivent assumer leur statut et se mettent à enchainer les bonnes performances en championnat, et s'offrent provisoirement la tête de la Ligue 1. Ce répit sera de courte durée puisque l'OM ne gagne plus en championnat depuis le 27 novembre ! Les Phocéens sont donc tombés à la cinquième place et ne doivent leur faible retard de points qu'à l'homogénéité du championnat, où aucun cador ne semble vouloir se détacher.
Malheureusement, les problèmes ne s'arrêtent pas là pour l'Olympique de Marseille. Alors que la Canebière était heureuse de voir que le groupe de l'an dernier allait rester intact, mis à part quelques indésirables comme Bakary Koné, Fernando Morientes ou Laurent Bonnart, la nouvelle tombe après la défaite à Valenciennes : Mamadou Niang, buteur vedette du club (18 buts l'an dernier) quitte le club et s'envole en Turquie, pour rejoindre Fenerbahce, un club qui ne jouera ni la Ligue des Champions, ni l'Europa League. Foot-business quand tu nous tiens... Les noms des plus grands attaquants sont évoqués à Marseille, comme Forlan, Suarez ou Luis Fabiano pour remplacer le Sénégalais. Les phocéens se « contenteront » d'André Pierre Gignac et Loïc Rémy. Mais l'essentiel n'est pas là. Marseille a réussi un bon coup lors du mercato : César Azpilicueta, présélectionné pour la Coupe du Monde par l'Espagne, débarque dans le Sud. L'espoir sera de courte durée, après quelques prestations moyennes, l'Espagnol se blesse et sera indisponible jusqu'à la fin de la saison... Décidément, l'Olympique de Marseille n'est pas épargné par la malchance...
Des raisons d'y croire

Malgré tout, la vie n'est pas si sombre pour l'OM. Les Phocéens ont les atouts nécessaires pour réussir une bonne deuxième partie de saison. Tout d'abord, Marseille possède un effectif assez large et de qualité, ce qui permet un turn-over régulier sans perdre de potentiel. Le milieu de terrain est particulièrement fourni, avec Lucho Gonzalez, le symbole de cette équipe, buteur cette saison, Fabriel Abriel, Benoit Cheyrou ou Edouard Cissé. En défense, Gabriel Heinze, Souleymane Diawara ou encore Stéphane M'Bia imposent le respect, tout comme le néo-Marseillais Rod Fanni, tout frais débarqué de Bretagne. Et que dire du jeune Azpilicueta qui, malgré sa blessure, donne quelques satisfactions et devrait pouvoir exposer pleinement l'étendue de son talent l'an prochain. Les jeunes Loic Rémy et André Ayew animent l'attaque phocéenne et, si Dédé Gignac et Brandao se réveillent, cela devrait faire des étincelles. Steve Mandanda continue à s'affirmer comme l'un des meilleurs gardiens français et la sérénité de Didier Deschamps donnent des raisons de croire à un réveil en 2011.
Certes, Marseille n'est « que » cinquième du championnat, mais il faut relativiser : l'OM est la seule équipe avec le PSG à être encore engagé dans toutes les compétitions. Les joueurs marseillais ont réussi à accrocher le bon wagon en Ligue 1, se sont qualifiés pour les demi-finale de la Coupe de Ligue, joueront ce soir en Coupe de France face à Evian-Thonon et se sont remarquablement qualifiés pour les 8emes de finale de la prestigieuse Ligue des Champions en accrochant le grand Chelsea à son tableau de chasse (1-0 au Vélodrome). La leçon de football donnée à Zilina (0-7) est à souligner aussi. Le tirage au sort a livré Manchester United aux Marseillais mais Lyon a prouvé l'an dernier que les plus grands noms du football européen n'étaient pas intouchables. Exploit en vue ? L'avenir nous le dira mais la Canebière y croit. La tâche s'annonce rude mais pas impossible. Quoi qu'il en soit, l'OM aura rempli son objectif de passer le premier tour de la Ligue des Champions, malgré un groupe plutôt relevé : Chelsea n'est plus à présenter, les clubs russes ne sont surtout pas à sous-estimer et les déplacements en Europe de l'Est (Moscou en Russie et Zilina en Slovaquie) s'annoncent toujours périlleux.

Grande force de l'OM : sa popularité. Avec une moyenne de 51 000 spectateurs par matchs, les Phocéens sont énormément soutenus et aucun club ne peut rivaliser en France. Même Lyon et Lens, avec environ 35 000 supporters, n'arrivent pas à la cheville des Marseillais. Et les Parisiens, avec leurs 25 000 supporters, font peine à voir... Cet engouement populaire pourrait être une source de motivation supplémentaire pour Marseille, plus grand club français de tous les temps et pour qui s'imposer en Ligue 1 est une mission, une question d'honneur. Sous peine de décevoir des centaines de milliers de fans.
Autre donnée à prendre en compte, le classement de l'an dernier. A la mi-saison, l'OM occupait la deuxième place du championnat, mais à 8 points du leader bordelais ! Rien de bien préoccupant, donc, sur la Canebière. Comme dit le célèbre dicton : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Et ne pas laisser de points en route. Les Marseillais peuvent donc aborder cette seconde partie de saison sereinement, mais toutefois ne pas tarder à se réveiller, et cela commence par une victoire en Coupe de France ce soir face à Evian Thonon-Gaillard, surprenant leader de Ligue 2.

Article réalisé par Etienne Escuer
Images : L'Express/20minutes/L'Equipe/Eurosport/Overblog/Footmercato