Depuis ces dernières semaines et l’acquisition, à l’instar de l’actuel président de l’UEFA Michel Platini (1983, 1984, 1985), d’un troisième ballon d’Or consécutif par le non moins grandiose Lionel Messi, le prodige argentin rejoint désormais la catégorie des géants de l’histoire du football. Le phénomène du FC Barcelone, nous n’avons plus besoin de vous le présenter. Toutefois, combien d’entre vous connaissent véritablement la carrière de Michel Platini, élu par France Football meilleur joueur français du XXème siècle ?
Identité : Michel Platini, né le 21 Juin 1955 à Joeuf en Lorraine.
Platini, le nancéen
En 1972, à défaut d’être retenu par le FC Metz, club de son cœur, Michel Platini rejoint l’AS Nancy Lorraine durant le mois de septembre. Dès son premier match, il démarre en trombe et inscrit un triplé avec l’équipe réserve face à Wittelsheim en D3. Toutefois, la suite est plus mitigée. Embarrassé par plusieurs blessures pendant deux saisons, il n’arrive pas à s’imposer comme prévu. En 1974, le club redescend en D2. La saison suivante, l’ASNL se promène et remonte aussitôt en première division. Platini y inscrit notamment dix-sept buts et marque le championnat de son empreinte. Premier club à instaurer l’utilisation de mannequins en mousse pour s’entrainer aux coup francs, le numéro dix devient un spécialiste avéré de l’exercice. Resté au club jusqu’en 1979, il y inscrit la bagatelle de 125 buts en 214 matchs. C’est alors le début d’une longue carrière couronnée de nombreux succès qui marqueront l’histoire du football européen.
Saint-Etienne, souvenirs mitigés
Lors de l’année 1979-1980, Platini évolue à Saint-Etienne, club qui revoit dès lors ses ambitions à la hausse avec l’arrivée du jeune meneur de jeu. Bien que champion avec les Verts en 1981, Michel Platini ne vit pas un bonheur absolu en terre stéphanoise. Alors qu’ils espéraient atteindre les sommets européens, les joueurs de Saint-Etienne ne réitéreront jamais les performances de leurs illustres aînés de 1976. De même, il perd deux finales de Coupe de France successivement en 1981 et 1982 face au Sporting Club de Bastia et au Paris Saint-Germain. Durant ses trois années dans le Forez, Platini joue 145 matchs et réussit à trouver quatre-vingt-deux fois le chemin des filets.
« Le Roi Michel »
En 1982, Michel Platini s’engage pour cinq saisons avec la Juventus. Entouré de six champions du Monde italiens, le lorrain, gêné par une pubalgie, est décrié par une presse spécialisée des plus sévères. Cependant, grâce au soutien de l’actionnaire principal de la Vieille Dame, Platini est conforté au sein du club durant le mercato hivernal.
En 1983, il devient un acteur majeur de l’épopée turinoise en Coupe d’Europe, menant son équipe jusqu’en finale de la compétition face au club allemand d’Hambourg (défaite 1-0). C’est d’ailleurs cette année là que le natif de Joeuf reçut son premier ballon d’or.
La suite, elle se passe de commentaires. Le véritable déclic arrive en 1984 pour Michel. Accumulant les titres, il remporte alors son premier Scudetto, la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe ainsi que la Supercoupe de l’UEFA. Lors de la saison suivante, il gagne, en compagnie de Paolo Rossi, la plus prestigieuse des compétitions européennes, la Coupe d’Europe des Clubs Champions. De plus, le succès de la Juventus ne s’arrête pas là. Leur succès s’étend à l’échelle mondiale lorsque le club décroche dans la foulée une victoire en finale de la Coupe Intercontinentale contre l’Argentinos Juniors. Entre 1983 et 1985, Michel Platini remporte notamment ses trois ballons d’or et se retrouve chaque saison à la tête du classement des buteurs. Avec la Juventus, il comptabilise 104 buts en 224 matchs. Lors de son passage en Italie, Platini a bâti la carrière exceptionnelle qui fut sienne. Pour son entraineur Giovanni Trapattoni, il est un « génie, un homme né pour le football ». Les italiens vont encore plus loin et le qualifient de « Roi Michel ».
« Platoche » et les Bleus
En équipe de France, Michel Platini confirme et exacerbe tout le bien que l’on pense de lui à l’époque. En 1982, il emmène ses coéquipiers à bout de bras en demi-finale de la Coupe du Monde face à la RFA (défaite aux penalties, 3-3 à la 120ème). Ce match exceptionnel sera marqué par la non-sanction du gardien allemand Harald Schumacher, auteur d’un véritable attentat sur Patrick Battiston, latéral de formation mais qui évolua au milieu de terrain pour l’occasion. Lors de l’année 1984, il ouvre le score sur coup franc en finale de l’euro organisé par la France face à l’équipe d’Espagne. Le « carré magique », composé de Platini, Giresse, Genghini et Tigana est alors au sommet de son art. Le numéro dix tricolore finira par la même occasion meilleur buteur de la compétition avec un total de neuf réalisations. En 1986, la Coupe du Monde a lieu au Mexique. Les bleus restent depuis l’année précédente sur une victoire en Coupe Intercontinentale des Nations face au détenteur de la Copa America, l’Uruguay, qui s’incline 2-0 à Paris. Durant le mondial mexicain, l’Équipe de France arrive à atteindre les demi-finales, encore face à la RFA, comme si le rendez-vous avait été déjà pris quatre ans plus tôt. Leur revanche, Platini et ses coéquipiers ne l’auront pas. La RFA s’impose 2-0 sans grande difficulté et relègue l’Équipe de France à la troisième place du podium. Ce que l’on retiendra de Michel Platini, c’est avant tout ses soixante-douze sélections en équipe de France A et son capitanat qu’il porta fièrement à cinquante reprises entre 1979 et 1987. Il fut un acteur majeur de ces quatre années prospères pour l’équipe nationale, les « Quatre Glorieuses ». De plus, il demeure toujours à l’heure actuelle le deuxième meilleur buteur des bleus avec un total de quarante-et-un buts.
Auteur d’une carrière exceptionnelle dont les plus jeunes ignorent probablement les détails, Michel Platini n’en restera pas moins un joueur qui aura marqué l’histoire du football français. Si certains restent obnubilés par les anciens exploits de notre Zidane national ou de certains joueurs actuels d’exceptions comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, n’en doutez absolument pas, Platini était de la trempe de ceux-là, celle des génies du ballon rond. Sa carrière, le brillant numéro dix la résume en quelques mots, symbolisant à eux-seuls l’Homme et le joueur qu’il aspirait à être : « J'ai joué à Nancy car c'est le club de ma ville, à Saint-Étienne car c'est le meilleur club de France, et à la Juventus car c'est le meilleur club du monde ». Michel Platini, 16 mai 1987.
Article réalisé par Raphaël Copin
Crédit photo : DR