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Terribles accidents en série, le sport est bléssé
Publié par Nicolas Gréno
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9 Janvier 2010, 11:00am
En l'espace de deux jours, les sept et huit janvier, deux drames se sont malheureusement produits dans le monde du sport. Deux tragédies que l'on aurait bien évité en ce début d'année 2010, pourtant lancé dans les meilleurs auspices. Deux accidents pour un homme décédé et trois sportifs dans un état jugé plutôt préoccupant. La planète sportive est sous le choc, bousculée par ces événements troublants. Les épreuves que sont le Dakar et la Coupe d'Afrique des Nations ont basculé, rattrapé par le danger.
Luca Manca se trouve entre la vie et la mort
Au Dakar, Luca Manca a très lourdement chuté, dans le dixième kilomètre de la sixième étape, disputée entre Antofagasta et Iquique. Le motard Italien a subitement vu sa vie basculer vers neuf heures en ce beau jeudi ensoleillé. Sur une double bosse, Manca "a dû prendre la première trop vite, faire un saut et atterrir sur la bosse d'après" selon David Castera, directeur de la course. Tout de suite rapatrié par hélicoptère à l'hôpital Del Cobre de Calama, les docteurs lui ont diagnostiqué une contusion cérébrale. Son pronostic vital est engagé. D'après le médecin du rallye, la situation dans laquelle est Manca est grave "mais c'est beaucoup trop tôt pour être très pessimiste ou très optimiste. Je me garde de tout pronostic. On peut avoir une fin très tragique". Pour l'heure, l'état de Luca Manca, âgé de 29 ans, est "particulièrement stable". Interrogée au bivouac, à Iquique, le Docteur Florence Pommerie a déclaré "qu'il n'y a pas d'intervention neurochirurgicale à réaliser. Le cerveau s'est cogné et il a gonflé, comme lorsqu'on se fait un bleu. Il ne faut pas opérer, surtout pas toucher mais contrôler la tension crânienne. Un oedème cérébral qui reste longtemps et qui va abîmer le pronostic fonctionnel et intellectuel ou un oedème qui ne reste pas très longtemps et qui régresse bien, sans séquelle". La course vient de perdre un grand seigneur et un grand espoir du rallye (deuxième de l'épreuve des Pharaons), lui qui avait dépanné Marc Coma, le tenant du titre, laissant sa place de quatrième au général de côté. Grand geste de fair-play. Rien que pour cela, il mérite encore de vivre ce gars-là !
Horrible et cruel attentat envers les Togolais A trois jours du lancement de la CAN 2010, le bus de la sélection togolaise a été mitraillé par des rebelles à la frontière entre le Congo et l'Angola. Dans cette fusillade, le chauffeur du bus y a perdu la vie et deux joueurs de la formation des Eperviers se trouvent dans un état grave (Kodjovi Obilalé gardien du GSI Pontivy et Serge Akakpo défenseur du FC Vaslui). "Un a pris une balle dans le dos, un autre dans les reins et sont dans un hôpital à Cabinda" a annoncé Thomas Dossevi. Le joueur de Nantes qui s'est confié à la chaîne Infosport a déclaré qu'ils venaient de passer la frontière et remplis les formalités. Encadrés par la police, "tout était clean. Il y a eu un mitraillage puissant. Tout le monde s'est jeté sous les sièges. La police a riposté". Le Togolais poursuit sur RMC : "C’est de la folie. On s’est fait mitrailler comme des chiens. Ils étaient cagoulés, armés jusqu’aux dents. On est resté 20 minutes sous les sièges du bus".Willy Dogbatsé, président du Comité de mobilisation des fonds pour l'équipe nationale togolaise, a ajouté que sept autres membres de l'encadrement sportif, administratif et médical de la délégation étaient blessés.
Un ministre angolais (ancien dirigeant séparatiste du Cabinda) a qualifié d'"acte terroriste" cette attaque, revendiquée par un bras armé des Forces de libération de l'Etat de Cabinda (FLEC) qui visait "les forces armées angolaises, qui escortaient la sélection nationale du Togo". L'équipe nationale remet alors en cause sa participation à la Coupe d'Afrique des Nations 2010 et appelle d'autres formations à boycotter la compétition. Mais selon la Confédération africaine, la CAN, en Angola, ne sera pas annulée. "On ne réfléchit pas encore aux recours possibles, mais c'est vrai que personne n'a envie de jouer. On n'en est pas capable. On est tous choqués. On veut rentrer à la maison. Je pense surtout à mes amis qui sont blessés. On espère qu'ils vont s'en sortir" réagit, choqué, Thomas Dossevi.
TÉMOIGNAGE Emmanuel Adebayor, capitaine du Togo "Ils ont tué notre chauffeur, il n'y avait personne pour conduire le bus. C'est comme si nous étions en train de rêver. Je suis choqué. Je suis l'un de ceux qui ont porté les blessés jusqu'à l'hôpital, c'est là que j'ai vraiment réalisé ce qui se passait. Tout le monde criait, appelait sa mère, pleurait au téléphone, prononçait ses derniers mots en pensant qu'on allait mourir. On répète qu'en Afrique, nous devons changer notre image, que nous voulons être respectés et malheureusement, cela ne se produit pas. On a la chance d'organiser l'un des plus grands tournois au monde qui est la Coupe du monde, et pouvez-vous imaginer ce qui va se passer maintenant ? J'ai honte et pour moi... c'est injuste. En tant que capitaine de l'équipe, je peux dire que si lasécurité n'est pas assurée, alors nous partirons peut-être. C'est du football et l'une des plus grandes compétitions en Afrique mais je ne pense pas que les gens soient prêts à donner leur vie. Je vais parler avec mon équipe et on prendra une décision qui est bonne pour nos carrières, nos vies et nos familles. Beaucoup de joueurs veulent partir. Ils ont vu la mort et veulent retrouver leurs familles".
* images : DDPI/AP/RFI/panoramic par Nicolas Gréno