Sur le Tour d’Espagne, on entend parler que de lui. Même la Sierra Nevada, montée de légende n’a pas suscité autant d’intérêt. La Vuelta s’est peut-être en partie jouée aujourd’hui, là où les pourcentages de l’Alto de l’Angliru ont fait du mal à certains. Le repas devait être trop copieux, malgré tout un espagnol a apprécié la spécialité de son pays…
Un col indigeste ?
142 kilomètres aujourd’hui, étape courte mais difficulté majeure. Les quinze derniers km n’étaient pas de tout repos. Pour s’attaquer à l’Angliru, il fallait en vouloir. Ce col des Asturies est un sacré morceau, considéré comme l’une des ascensions les plus sévères au monde. En haut de l’Angliru, nous ne sommes qu’à 1570m d’altitude mais les pentes qui l’accompagnent demandent d’avoir l’estomac bien accroché. Une pente moyenne de 10,1%, rien que ça, sur 12,5km.
Et heureusement, nous ne sommes plus à l’époque où ce n’était qu’un chemin. L’Alto de l’Angliru bitumé depuis douze ans est un terrain de jeu parfait pour les purs grimpeurs du peloton surtout les sept derniers kilomètres où l’on peut créer des écarts considérables par rapport aux moins grimpeurs du lot de survivants. Des pentes à plus de 20%, quelques replats mais des pourcentages rudes jusqu’à la ligne. Un terrain parfait pour un spectacle renversant.
Un spectacle pas forcément du gout des coureurs qui vivent pour beaucoup un enfer sur les parties les plus complexes, devant même mettre pied à terre, lors de certaines éditions, tellement les forces manquent. Trois espagnols se sont illustrés sur cette montée, Jimenez, Heras et Contador. Simoni est pour l’instant le seul italien à avoir inscrit son nom à l’Angliru. Si l’on remarque bien, ces quatre vainqueurs ne sont pas de piètres grimpeurs, bien au contraire, ce sont ou c’étaient de sacrés gaillards en montagne. Lors de la dernière arrivée en 2008, Contador s’était imposé devant Valverde et Rodriguez. Ce dernier présent sur la Vuelta 2011, connait donc ce lieu désormais mythique et si redouté qu’il a déjà vaillamment affronté.
A qui la cerise sur le gâteau ?
Certains n’ont pas savouré de la même façon la montée du jour. Certains en tête, d’autres loins derrière. Carlos Sastre affamé d’une belle victoire n’a pas tardé à attaquer. Derrière, la tempête slovaque, Peter Sagan roule pour Nibali. Barredo aussi passe à l’offensive encore et toujours. En vain. Les pentes pointent le bout de leur nez, les grimpeurs aussi. Anton, doué sur ce terrain laisse Sastre sur place. Les espagnols ne sont des grimpeurs pour rien, devant leur public, ils n’allaient pas faire pâle figure. Cobo qui veut poser le pied sur le podium s’est montré aussi. L’appétit vient-elle en attaquant ?
Certains ont eu les yeux plus gros que le ventre. A cinq kilomètres de la ligne, ils ne sont guère plus que six à pouvoir espérer avaler l’Angliru en premier. Cobo a fait son numéro sur une montée bondée, dans le brouillard et sans voir personne revenir sur lui… Un nouvel espagnol s’impose et en prime, vu que Wiggins a lâché du terrain sur les pentes à 23%, l’espagnol endosse le maillot rouge de leader. Un bon coup pour la Geox, la mal-aimée. Sacrée cerise sur le gâteau pour Cobo qui devrait garder un bon souvenir de l’Angliru. D’autres comme Nibali, Fuglsang ou Van den Broeck vont avoir plus de mal à digérer le festin du jour…
Les dix premiers de l'étape
1. Juan-José Cobo (Esp, Geox-TMC) les 142,2 km en 4h01'56"
2. Wouter Poels (Hol, Vacansoleil-DCM) à 48"
3. Denis Menchov (Rus, Geox-TMC) à m.t.
4. Christopher Froome (Grb, Team Sky) à m.t.
5. Bradley Wiggins (Grb, Team Sky) à 1'21"
6. Igor Anton (Esp, Euskaltel-Euskadi) à 1'21"
7. Joaquim Rodriguez (Esp, Team Katusha) à 1'35"
8. Maxime Monfort (Bel, Team Leopard-Trek) à m.t.
9. Bauke Mollema (Hol, Rabobank) à m.t.
10. Sergey Lagutin (Ouz, Vacansoleil-DCM) à m.t.
Article réalisé par Emilie Drouet I Images : Graham Watson/AFP