L'équipe Euskaltel-Euskadi est en train d'écrire une belle page de son histoire. Après avoir remporté leurs deux premières victoires sur les routes du Giro, les Naranjas ont également gagné une victoire sur le Tour, et une autre sur la Vuelta. La première fois que les Basques s'imposent sur les trois Grands Tours. Outre ces succès majeurs, nous avons vu l'éclosion de plusieurs espoirs. Les frères Izagirre, Mikel Landa, ou encore Jonathan Castroviejo ont démontré tout leur talent cette saison. A l'approche de la fin de l'année, les dirigeants, les coureurs, et les supporters espèrent voire encore quelques victoires. C'est pour cela que Culture Sport a décidé de poser ses questions à Alvaro Gonzalez de Galdeano, directeur sportif chez Euskaltel.
Culture Sport : Tout d’abord, vers quel âge avez-vous débuté le cyclisme, et dans quel club ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : J’ai commencé le cyclisme à treize ans dans le club Arabarrak de Salvatierra (Agurain en basque), dans la province d’Alava.
Culture Sport : En douze années de professionnalisme, en tant que coureur, vous avez connu cinq équipes. Vous aviez besoin de changer souvent d’encadrement, ou ce n’était pas tout le temps votre choix ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Ce sont des circonstances de carrière, le plan sportif prime dans chaque équipe où tu passes.
Culture Sport : Quel est le meilleur souvenir de coureur cycliste que vous gardez ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je crois que c’est lorsque j’ai participé au Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 et ma victoire sur l’étape de Gênes au Tour d’Italie 2000.
Culture Sport : Vous avez pris votre retraite en 2004. Mais vous n’êtes devenu directeur sportif qu’en 2007. Vous êtes quand même resté dans le cyclisme pendant ces trois années ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : J’ai travaillé chez Campagnolo en Espagne, puis dans une entreprise de construction.
Culture Sport : D’ailleurs, quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez décidé de devenir directeur sportif ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Cela m’a toujours plu et, même si je savais que ce n’était pas facile, cette idée a mûri dans ma tête.
Culture Sport : Pourquoi chez Orbea ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je travaillais au sein de l’école de cyclisme de la Fondation Euskadi. Miguel Madariaga m’a donné la possibilité de m’occuper de l’équipe Orbea et je n’ai pas hésité.
Culture Sport : Vous êtes resté deux ans dans cette équipe. Quel est le coureur qui vous a le plus impressionné durant cette période ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je crois que ce qui m’a impressionné le plus est l’union et l’esprit d’équipe qui y règne. Mais pour ne citer qu'un coureur, Romain Sicard aura laissé son empreinte lors de son passage chez Orbea.
Culture Sport : En 2010, vous retrouvez votre frère chez Euskaltel. Comment ça s’est passé ? C’est vous qui avez demandé, ou c’est Miguel Madariaga qui vous l’a proposé ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Les deux m’ont donné la possibilité de passer chez Euskaltel.
Culture Sport : Quelles différences y’a-t-il entre diriger chez Orbea et chez Euskaltel ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est complètement différent. La pression est beaucoup plus forte dans l’équipe « naranja ».
Culture Sport : Vous avez encadré des coureurs chez Orbea que vous retrouvez aujourd’hui chez Euskaltel. C’est un plus pour les manager maintenant ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je pense que ce phénomène est le résultat du succès du projet pyramidal qui existe au sein de la Fondation. L’avantage est commun à tous.
Culture Sport : Un mot sur cette année, quel est le bilan pour l’instant ? Plutôt très bon avec les victoires d’étapes sur le Giro, la Vuelta et le Tour non ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Comme l’a dit Miguel Madariaga, c’est une année historique. Tout le monde le dit, l’équipe s’améliore d’année en année.
Culture Sport : Quels sont les objectifs de fin de saison ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : On va affronter la fin de cette saison avec beaucoup d’envie. L’objectif est tout simplement de gagner et d’enrichir le palmarès de l’équipe.
Culture Sport : Pendant la Vuelta, on a tous vu qu'Igor Anton n’était pas au mieux. Avez-vous des explications sur cette "contre-performance" ? Certains parlent de la pression, il a du mal à la gérer ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Les choses ne se déroulent pas forcément comme tu le veux ou comme tu l’as rêvé. Igor a la capacité de s’améliorer d’année en année. Il n’est jamais monté sur le podium d’un Grand Tour et cette année il le visait. Ce qui est sûr, c’est que chaque année il n’oublie pas de lever les bras, et c'est important.
Culture Sport : Pensiez-vous que Mikel Nieve pouvait faire dans les 10 ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : J’espérais qu’il réussisse, et il l'a fait. Il sait souffrir sur un vélo.
Culture Sport : Nieve a été propulsé leader sur le Giro 2011 après la défaillance d’Anton, et sur les Vuelta 2010 et 2011. Va-t-il être un vrai leader l’année prochaine ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est un coureur de l’équipe qui voit très clairement ce que nous attendons de lui, et il sait le rôle qu’il a au sein d’Euskaltel.
Culture Sport : Fin septembre, connaissez-vous déjà les programmes d’Anton, de Sanchez, et de Nieve pour 2012 ? Peut-on les voir chacun sur un Grand Tour (Sanchez au Giro, Anton au Tour, Nieve sur la Vuelta par exemple) ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Il est vrai que c’est un rêve. Mais c'est difficile de savoir si cela peut marcher à 100%.
Culture Sport : Un autre coureur qui pourrait être leader, Mikel Astarloza. Il est revenu en Août, il a fait un très bon Tour de Burgos. Va-t-il renouer avec un Grand Tour en 2012 ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Bien sûr.
Culture Sport : On a vu cette année et l’année dernière que Gorka Izagirre est très fort. Va-t-il avoir plus de responsabilité l’année prochaine ? Et Mikel Landa ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est mon frère Igor qui gère tout cela. Mais il est vrai que Gorka nous surprend chaque année. Concernant Mikel Landa, il est un coureur qui se fait petit à petit sa place au sein de l’UCI World Tour.
Culture Sport : Pour finir avec la saison qui arrive, quels seront les objectifs ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : S’améliorer encore et encore.
Culture Sport : Votre licence World Tour est valable jusqu'à quand ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : La licence World Tour se renouvelle chaque saison.
Culture Sport : Nous avons appris que Ricardo Garcia et Victor Cabedo rejoindront Euskaltel en 2012. Pouvez-vous nous décrire ces coureurs ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Ricardo est un coureur qui s’entraîne depuis longtemps dans l’équipe. C’est un grand travailleur.
Cabedo est un coureur qui a gagné sa place dans l’équipe Orbea.
Culture Sport : On sait que vous prenez que des coureurs d’Orbea, mais ne pensez-vous pas qu’il serait intéressant d’aller voir chez Caja Rujal par exemple ? Il y a notamment Igor Romero qui était chez Orbea il y a quelques années, ou Garikoitz Bravo.
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est Igor qui s’occupe du recrutement, moi je n'y touche pas.
Culture Sport : Y’aura-t-il d’autres départs ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je ne sais pas.
Culture Sport : La fuite des coureurs est permanente (Haimar Zubeldia, Markel Irizar, Beñat Intxausti, Koldo Fernandez ...). L'industrie du tourisme d'Iparralde (ndlr, Pays Basque Français) ne serait-elle pas intéressée par un co-sponsoring qui donnerait de l'air à l'équipe ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est une terre inconnue mais à découvrir oui.
Culture Sport : Fernandez partant, il n’y aura plus de sprinter. C’est un choix ou il n’y a pas de jeune sprinter susceptible de venir chez Euskaltel ? Jon Aberasturi par exemple aurait pu prétendre à remplacer Koldo, même s’il est encore jeune.
Alvaro Gonzalez de Galdeano : En effet, c’est un coureur d’avenir.
Culture Sport : Comme nous sommes Français, nous voulons des nouvelles de Romain Sicard. Il a repris la compétition il y a quelques semaines. Comment va-t-il physiquement ? Quel programme va-t-il suivre maintenant ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Il va de mieux en mieux, il faut juste être patient. Romain va surtout se reposer à présent.
Culture Sport : Va-t-il participer à un grand Tour l’année prochaine ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Je ne sais pas.
Culture Sport : Questions un peu plus personnelles, comment l’avez-vous rencontré pour l’engager chez Orbea ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Miguel Madariaga a demandé un suivi des coureurs en Iparralde et nous avons eu des conversations avec une personne commune. Et à partir de là, nous avons conclu un contrat.
Culture Sport : Quel est le meilleur moment passé avec lui ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Son passage chez Orbea a été une grande expérience pour toute l’équipe.
Culture Sport : Quelles sont ses qualités humaines et sportives ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Il est constant, sait ce qu’il veut et est sûr de lui.
Culture Sport : Un mot sur Pierre Cazaux, comment le décririez-vous en tant que coureur ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : C’est un travailleur dévoué pour ses leaders.
Culture Sport : Et pour finir, que peut-on vous souhaitez pour les années futures ?
Alvaro Gonzalez de Galdeano : Continuer à évoluer !
Nous remercions chaleureusement Alvaro Gonzalez de Galdeano pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Propos recueillis et Article réalisé par Maxence Châble I Traduis par Patrice Aguer I Image : crédits photos : orbea.com ; capture-the-peloton.com ; angelosautographs.com ; ibanmayoblog.blogspot.com