Nous changeons d'équipe pour cette interview. Après être restés quelque temps à l'Artzak d'Anglet, nous allons aujourd'hui chez les Spiders de Rouen. Culture Sport a contacté un des joueurs les plus expérimentés du championnat de France, en la personne de Benoît Saunier. Il est à l'origine des Spiders, et fait donc partie des anciens du club.
Le joueur de 34 ans a gentillement accepté notre interview, alors que Rouen évoluera en Nationale 1 la prochaine saison, après s'être fait reléguée au terme d'une saison passionnante.
Du côté de notre Question d'un co-équipier, c'est Yann Maillet qui nous permet de continuer cette rubrique. Yann Maillet, qui nous avait déjà aidé pour les interviews de Raphael Facchini et Jeff Ladonne, connaît très bien Benoît Saunier, puisqu'il est lui aussi à l'origine de la création des Spiders.
Culture Sport : Benoit, à quel âge as-tu découvert le hockey ?
Benoît Saunier : J’ai commencé le hockey sur glace à l’âge de 5 ans à Rouen, où j’ai joué jusqu’à l’âge de 17 ans. Par la suite, je me suis mis au Roller Hockey où l’on jouait sur un parking avec une bande de copains.
Culture Sport : Pourquoi avoir décidé de faire du Roller Hockey plutôt que du Hockey sur glace ?
Benoît Saunier : Je n’ai pas vraiment choisi l’un ou l’autre. Pour moi le Hockey sur glace c’était fini, être junior à Rouen exige un très bon niveau et il y avait aussi un manque de temps et d’implication pour continuer. Donc le Roller Hockey était une très bonne alternative surtout qu’au début c’était juste pour m’amuser avec les copains, mais la compétition à vite pris le dessus.
Culture Sport : Par quels clubs es-tu passé jusqu'aujourd'hui ?
Benoît Saunier : Le club de tous les débuts c’était les Spiders de Mesnil Esnard, puis le ralliement avec la ville de Bonsecours et par la suite le regroupement à Rouen, entre deux j’ai joué une saison à Lyon lorsque j’étais là-bas pour mes études. Puis je suis rentré à Rouen en 2003.
Culture Sport : Parlons un peu du championnat. Rouen était en Elite. Dernière journée, match contre Villeneuve, à la lutte pour le maintien, comme vous. Et là, défaite 3 à 7. Rouen est donc reléguée en Nationale 1. As-tu une explication concernant cette descente ?
Benoît Saunier : C’est tout un ensemble de choses qui font que l’on descende cette année, d’abord je pense que l’on aurait du prendre des décisions plus tôt dans la saison, on a laissé les choses s’aggraver. Je ne jette pas la pierre à qui que ce soit, que ce soit à la direction du club ou bien même à Greg Fage qui a essayé. Mais ça n’a tout simplement pas pris avec le groupe, ce sont de tout façon des décisions pas simples à prendre. Je pense que maintenant dans le championnat Elite il faut un coach en dehors du terrain, quelqu'un qui a une vision extérieure afin de régler tous les petits détails qui ne vont pas. Dès que Yohan Labreux a repris le groupe, en tant que simple entraîneur et non joueur, on a pu voir que les résultats sont venus petit à petit. Maintenant, c’est vrai qu’il nous a manqué un peu de chance mais aussi beaucoup de rigueur en fin de match, on perd quand même une vingtaine de points dans les 2/3 dernières minutes, c’est vraiment frustrant de perdre des matchs alors que nous menions ... Surtout contre de grosses équipes comme Anglet, Rethel, Amiens, Grenoble ... Sans oublier les matchs avec nos concurrents directs comme le match perdu à Toulouse aussi dans les dernières minutes et les matchs nuls à Nice et à Caen, puis face à Toulouse chez nous, c’est rageant.Toute l’équipe est très déçue parce que l’on a pu voir sur la deuxième phase du championnat que l’on avait un effectif pour se maintenir.
Culture Sport : Quel est maintenant votre objectif ? Remonter directement en Elite, ou ne surtout pas descendre en Nationale 2 ?
Benoît Saunier : Je pense que l’objectif numéro un est de remonter en Elite dès la saison prochaine. Un club comme Rouen se doit d’être en Elite, mais il va falloir batailler dur pour pouvoir atteindre cet objectif car on sait que maintenant le niveau N1 est très bon. Le principal problème de notre équipe est qu’elle repose sur des joueurs de plus de 30 ans (hormis Thomas Auvray) en fin de carrière. Il n’y a pas suffisamment de jeunes joueurs au club capables de jouer en Elite voire en Nationale 1 pour prendre la relève dès que les anciens vont raccrocher les patins, c’est un gros problème. En tout cas, je souhaite vivement que l’équipe retrouve des couleurs rapidement, ne serait-ce que pour la direction du club, les supporters et plus particulièrement pour toute la famille Labreux qui s’investit énormément.
Culture Sport : Que penses-tu du niveau du championnat cette saison ?
Benoît Saunier : Il est de plus en plus élevé, on a pu voir que toutes les équipes pouvaient se faire accrocher, maintenant chaque saison va se jouer à peu de choses, que ce soit pour le maintien ou pour le titre. De plus, l’arrivée de très bons joueurs étrangers dans notre championnat fait que le niveau augmente et montre bien que le championnat Français a un bon niveau. Ceci dit, je pense qu’il va falloir faire un règlement rapidement pour la venue des étrangers en fin de saison, je trouve que ça fausse le championnat. Les faire venir pour jouer toute une saison ne me déplait pas, au contraire, mais les faire venir pour faire 3 matchs … Je n’en veux pas spécialement aux équipes concernées puisque de toute façon elles n’ont pas enfreint le règlement...
Culture Sport : Les Play-off lancées, qui est ton favori ?
Benoît Saunier : Anglet. Pour moi c’est l’équipe la plus homogène, avec de très bons joueurs, quand elle est lancée, je pense que personne ne peut l’arrêter (ndlr, l'interview a été réalisée avant la finale de la Coupe de France, où Rethel a battu Anglet). Mais j’ai une petite préférence pour Rethel, j’aimerai qu’il gagne pour une vieille personne, mais néanmoins ami, qui joue là bas : Orlando Cudicio. Et puis pour Tony, comme ça il aura enfin son nom dans L’Equipe !
Culture Sport : Tu es l'un des joueurs les plus expérimentés en France. As-tu remarqué de jeunes talents dans des matches que tu as pu voir ?
Benoît Saunier : Je n’ai pas trop fait attention, mais il y a de très bons jeunes comme Kevin Chazalon à Anglet et bien d’autres qui patinent de plus en plus vite. Le problème réside en ce qu'ils sont pratiquement tous beaucoup plus jeunes que moi, à part Orlando bien sûr qui est très vieux et quelques coéquipiers et amis comme Xavier Raby, Gabriel Madonna ou Antoine Duperron qui ont pas mal d’arthrose vu leur âge avancé.
Culture Sport : Justement, est-ce que les plus grandes équipes envoient des recruteurs en repérage dans des équipes plus modestes, ou à des matches cadets pour trouver les futures cracks ?
Benoît Saunier : Je ne sais pas si cela se pratique, je pense tout simplement que les très bons jeunes font parler d’eux très rapidement, ça va très vite.
Culture Sport : Voici nos questions plus personnelles. Pratiques-tu d'autres sports ? Quelle est ta (ton autre) passion dans la vie ?
Benoît Saunier : La plus part du temps quand je fais d’autres sports, c’est avec Orlando et c’est toujours dans l’extrême. Par exemple deux heures de Squatch, quatre heures de Tennis, 100 kilomètres de vélo ... Et je vous passe la musculation (Au fait Orlando, si tu pouvais venir rechercher ton banc de muscu ça m’arrangerait). Ah oui, un parcours de golf 18 trous sans savoir jouer. Ça dure toujours très longtemps parce qu’il n’est pas très bon, surtout avec une raquette. D’ailleurs si quelqu’un pouvait lui trouver un bon professeur ça arrangerait tous ses adversaires. Sinon je n’ai pas vraiment d’autre passion hormis de voir grandir mon fils et de m’amuser avec lui.
Culture Sport : Songes-tu à la retraite sportive ? Si oui, resteras-tu dans le staff d'une équipe ?
Benoît Saunier : Oui, d’ailleurs il y a de très grande chance que ce soit pour cette année, je vais dire à 90% pour laisser un petit espoir à Tom qui a misé une petite piécette sur le fait que je continue la saison prochaine. A sa décharge, c’est vrai que ça fait plusieurs années que j’en parle, mais à chaque fois je continue. Ce n’est pas évident de prendre cette décision, le Hockey, ça fait partie de ma vie. C’est très difficile de se dire que c’est terminé. Mais bon cette fois-ci je pense que c’est la bonne. Sinon pour ce qui est d’intégrer le staff d’une équipe je ne pense pas, ce n’est pas dans mon tempérament de diriger un groupe de joueurs.
Culture Sport : Qui est le joueur avec lequel tu t'entends le mieux ? Orlando peut-être ?
Benoît Saunier : Orlando, c’est avant tout un très bon ami en dehors du Hockey, je citerai aussi Thomas Auvray avec qui j’ai joué le plus longtemps dans ma carrière en défense, on s’entend très bien, sur et en dehors du terrain.
Culture Sport : As-tu été sélectionné en équipe de France ?
Benoît Saunier : J’ai fait 2 stages avec l’équipe de France, il y a déjà pas mal d’années maintenant, ce sont de très bon souvenirs.
Culture Sport : T'es-tu déjà battu lors d'une rencontre sportive ?
Benoît Saunier : Battu est un grand mot ! Disons que j’ai déjà eu de petits accrochages pendant des matches, mais ça n’a jamais été très violent heureusement.
Culture Sport : Tu es sélectionneur de l'équipe de France de Roller Hockey. Un face-à-face très important approche. Quels joueurs alignes-tu ?
Benoît Saunier : Jérome Salley, Hugo Rebuffet, Karl Gabillet, Renaud Crigner, Geoffroy Tijou, Julien Thomas, Edouard Clisson, Paul Fayault, Hugo Notturno, Jean François Ladonne, Jeremy Lapresa, Cyril Duchassin, Orlando Cudicio et Thomas Auvray parce qu’il a fait une très bonne saison. Mais je ne vais pas trop lui faire de compliments parce qu’il va avoir le boulard mon capitaine aux 33 points.
Culture Sport : Grâce à Yann Maillet, nous avons réussi à réunir des informations précises sur la création* de l'équipe Rouennaise. Peux-tu à ton tour nous dire qui est à l'origine de cette création ? Entre quels noms d'équipe hésitiez-vous ? Où avez-vous choisi le nom des Spiders ? Et évidemment, en quelle année tout ça s'est passé ?
Benoît Saunier : Je pense que Yann se rappelle de beaucoup plus de choses que moi. Effectivement Yann fait partie des gars à l’origine des Spiders à Mesnil Esnard avec quelques copains et mon frère. Nous jouions régulièrement ensemble et un jour on a décidé de franchir le pas en créant un club afin de participer au premier championnat en 1995. On avait commencé peut-être un an avant en faisant le tournoi Rollerblade. Après les choses ont évolué, on s’est rallié avec le club de Bonsecours et enfin le club est parti sur Rouen où nous avons pu avoir plus de moyens et surtout une salle. Pour ce qui est du nom des Spiders, je ne me rappelle pas des noms avec lesquels nous hésitions, je pense que c’était un choix unanime. Où cette décision a été prise ? Je pense que c’est chez Yann puisque c’était le point de ralliement, notre vestiaire. Quand on y pense c’était la bonne époque et quand on voit où en est le Roller Hockey actuellement, c’est incroyable.
(ndlr, en vérité, le premier championnat auquel ils ont participé est en 1996. Ils hésitaient avec les Snakes et les Dragon Boys. Et la décision a été prise chez Yann Maillet effectivement, dans la cuisine.)
Culture Sport : Passons à notre questionnaire avec deux choix.
Football ou rugby ?
Benoît Saunier : Rugby.
Culture Sport : Montagne et neige blanche ou mer et sable chaud ?
Benoît Saunier : J’adore le ski donc je vais dire montagne, mais l’été une bonne plage de sable chaud c’est pas mal quand même.
Culture Sport : Slapshoot ou tir balayé ?
Benoît Saunier : Balayé.
Culture Sport : Et, P.S. ou U.M.P. ?
Benoît Saunier : U.M.P..
Les questions de Yann Maillet :
Yann Maillet : Que s'est-il passé dans ta carrière pour que tu apprennes à la boucler et ne plus être la grande gueule que tu étais quand on était jeunes ?
Benoît Saunier : Le fait de vieillir, d’être plus mature, c’est normal non ? T’as vraiment des questions de merde toi, attention tu vas finir chez Voici si tu continues.
Yann Maillet : A l'entrainement, tu continues de porter le maillot rouge et jaune des débuts ou tu l'as encadré et accroché au dessus de la cheminée ?
Benoît Saunier : Je n’ai pas encore de cheminée, donc il est au fond d’un placard, si tu insistes je te le dédicacerai.
Yann Maillet : Louis fera du Hockey sur glace ou du Roller Hockey ?
Benoît Saunier : Déjà il jouera au Hockey s’il en a envie, et je pense que commencer au Hockey sur glace c’est encore la meilleure formation. Après peut-être qu’il fera du Roller tout comme papa.
*Yann nous a dit que vous êtes à l'origine de l'équipe, mais que les Spiders ont véritablement explosés après, à Besencours, puis à Rouen.
Nous remercions encore Benoît Saunier pour sa gentillesse, et Yann Maillet pour nous avoir suppléé dans cette interview.
Propos recueillis et Article réalisé par Maxence Châble I Images : crédit photos : Black Ghost