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Bilan cyclisme 2011 #7 : Juillet, l’apothéose

Publié par Thomas Guérin sur 17 Décembre 2011, 12:00pm

Catégories : #CYCLISME

Juillet, le paroxysme de la saison cycliste ! Nous y voici au départ de ce Tour de France si attendu, cette course qui tient une place si particulière dans le sport français et même mondial. Parce que c'est l'épreuve phare de la saison cycliste, parce que le Tour de France est intimement lié à toutes sortes de mythes, d’exploits, de défaillances, de cols et de champions, parce qu'il réveille en nous souvenirs d'enfance et de vacances.

 

Et Dieu sait si nous étions impatients, amoureux de la petite reine que nous sommes, de voir les protagonistes de la Grande Boucle en découdre sur les routes de juillet. Qui serait le premier maillot jaune du Tour au Mont des Alouettes ? Quel serait le dénouement d’une première semaine ponctuée d’arrivées pour hommes forts ? Le double tenant du titre Alberto Contador réussirait-t-il le doublé Tour d’Italie-Tour de France ? Andy Schleck serait-il à la hauteur des espoirs placés en lui après sa deuxième place en 2010 ? Un Français pouvait-il finir dans le top 10 ? Nombreuses étaient les interrogations à la veille du grand départ en Vendée…

Retour aujourd’hui sur un Tour tout simplement exceptionnel et qui restera à jamais dans la mémoire collective.

 

tour-2011.jpg

 

Une première semaine spectaculaire sur fond d’hécatombe

 

Quel début de Tour ! On attendait beaucoup de cette première étape en ligne du Tour 2011, et on ne s’était pas trompé. Deux noms et deux images resteront. Philippe Gilbert, triomphant, bras levés sur la ligne d'arrivée. Et Alberto Contador, tête baissé, quatre vingt secondes plus tard, sur cette même ligne. Autant la première était attendue, tant le tout récent champion de Belgique faisait figure de superfavori pour ce premier rendez-vous au Mont des Alouettes, autant personne n'imaginait voir Alberto Contador distancé –car pris dans une cassure- dès le premier jour de course. Un premier tournant dans ce Tour de France, mais un gage de spectacle pour les jours à venir. Un scénario qui s’annonçait donc d’emblée très imprévisible. Finalement, on ne peut que tirer un coup de chapeau à Christian Prudhomme d’avoir su bousculer la tradition du prologue. Des départs du Tour comme celui là, on en redemande !

 

gilbert-tour.jpg

 

Les étapes suivantes furent un peu plus calmes. L’armada Garmin-Cervélo remporta sans coup férir le chrono par équipes, en propulsant le champion du monde Thor Hushovd à la première place du général. Le lendemain, Tyler Farrar leva les bras à Redon. Un W de la victoire en hommage à son ami Wouter Weylandt, décédé sur les routes du Giro en mai. Au Mûr de Bretagne, Contador se dévoila mais s’inclina dans un sprint en petit comité derrière Cadel Evans, déjà lui ! Cavendish se rattrapa d’un début de Tour timide en s’octroyant deux étapes au Cap-Fréhel et à Châteauroux. Emmené sur un plateau par son coéquipier gallois Geraint Thomas, le Norvégien Edvald Boasson Hagen remporta le sprint difficile de la Basilique de Lisieux. Il ne savait alors pas qu’il récidiverait deux semaines plus tard sur un terrain beaucoup plus montagneux du côté de Pinerolo en Italie, preuve s’il en est de la polyvalence du Norvégien de 24 ans.

 

La course perdait cependant déjà une partie de ses favoris sur chutes : Chris Horner, Janez Brajkovic, Bradley Wiggins et beaucoup d’autres coureurs jetaient l’éponge après avoir goûté au bitume. Arriva alors ce week end dans le Massif Central. Le Portugais Rui Costa s’imposa à Superbesse, alors que Thor Hushovd conserva avec panache sa tunique jaune. Luis Léon Sanchez pris, le lendemain, la mesure de ses compagnons d’échappée dans le chaos à Saint-Flour. Thomas Voeckler y récupéra le maillot jaune, mais l’étape fut marquée par une très lourde chute dans la descente du Pas-de-Peyrol. Jürgen Van den Broeck et Alexandre Vinokourov y abandonnèrent leurs espoirs. Andreas Klöden également, quelques jours plus tard, suite à cette même chute. Pire encore, une voiture de télévision renversa lourdement Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland. Héroïques, ils reprirent la route le lendemain, malgré une fissure au coude pour le premier et 33 points de suture pour le second. Une véritable hécatombe qui redistribuait chaque jour les cartes entre les rescapés de cette première semaine un peu folle…

 

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Et Thomas nous refit une Voeckler

 

On en oubliait presque que Thomas Voeckler, comme en 2004, s’était emparé du maillot jaune à la suite d’une échappée au long cours à Saint-Flour, avec une fois encore une belle avance sur les cadors du Tour. Jusqu’où cette figure populaire du cyclisme français pouvait-elle espérer garder sa précieuse tunique ? Nul ne le savait vraiment, mais les observateurs les plus avisés s’accordaient pour dire que Voeckler rendrait logiquement les armes sur les hauteurs du Plateau de Beille lors de la deuxième arrivée en altitude de cette Grande Boucle.

Entre temps, l’Allemand André Greipel remporta au sprint à Carmaux son premier succès d’étape sur les routes de juillet, devant Mark Cavendish. Le Cav’ se rattrapa quant à lui le lendemain à Lavaur.

 

Arriva alors la première étape de montagne pyrénéenne qui emmenait les coureurs à Luz Ardiden via l’Hourquette d’Ancizan et le mythique Tourmalet. Une étape qui accoucha d’une souris. Samuel Sanchez triompha devant le public basque, mais la course des favoris fut décevante. Quasiment aucune attaque. Il n’en fallait pas plus pour permettre à Voeckler de s’accrocher aux meilleurs jusqu’au sommet, avec le précieux soutien d’un très bon Pierre Rolland. Les Schleck ont déçu à Luz Ardiden, Evans a suivi le mouvement, conformément à sa nature, et Contador s’est montré beaucoup moins saignant qu’à l’accoutumée en lâchant même de précieuses secondes dans les derniers hectomètres.

 

Le lendemain Thor Hushovd remporta l’étape de Lourdes, malgré la longue échappée du valeureux Jérémy Roy, condamné par le champion du monde à quelques encablures de la ligne d’arrivée. Mais c’est 24 heures plus tard, sur les pentes du plateau de Beille, que l’incroyable se produisit ! Alors que l’on s’attendait à voir Voeckler perdre beaucoup de temps, le Français termina dans le groupe des favoris, encore une fois décevant. Mieux encore, Voeckler répondit lui-même personnellement à toutes les offensives des frères Schleck, de Contador ou encore d’Ivan Basso. Au sommet, son maillot jaune était encore solidement attaché sur ses épaules, alors que les autres favoris se tenaient dans un mouchoir de poche.

 

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On se prit alors à rêver, ne sachant plus trop ce qui relevait du possible ou de l’impossible avec ce Thomas Voeckler là ! La « voecklermania » s’empara du public tandis que les coureurs remontaient vers les Alpes, où tout allait se jouer.

 

Après deux étapes de transition remportées par un Cavendish insatiable (qui remportera donc 5 étapes durant ce Tour avec en prime le maillot vert à Paris) et un Thor Hushovd retrouvé, Thomas Voeckler connut des premières alertes sérieuses lors des étapes arrivant à Gap puis Pinerolo. Sous les coups de boutoir du réveil d’Alberto Contador, la course se décanta. Andy Schleck et le maillot jaune perdirent du temps dans la descente vers Gap, alors qu’Evans poursuivait son bonhomme de chemin, sans bruit, en évitant méticuleusement toutes les embûches.

Se présentait déjà à l’horizon l’étape reine de ce Tour 2011, avec une arrivée inédite au sommet du Galibier après le franchissement de deux cols redoutables : le Col Agnel et le col de l’Izoard. Une étape qui allait rester dans les mémoires…

 

Evans, la persévérance enfin récompensée

 

La plus haute arrivée d'étape de l'histoire du Tour de France restera à jamais comme un grand moment de cyclisme. On le doit en grande partie au talent Andy Schleck, auteur d'une chevauchée fantastique digne des grands anciens. Mais quelle lutte à distance avec Cadel Evans ! L'Australien s'est véritablement mis minable dans le Galibier pour ne pas perdre le Tour. Contador a définitivement lâché prise et Thomas Voeckler au bout de l’effort a sauvé son  maillot jaune pour une poignée de secondes. Vingt jours en jaune pour l'Alsacien. Deux fois dix. Un vent de légende a soufflé sur cette étape épique qui l’ancrera indéniablement dans la mémoire du Tour. 

Et que dire du lendemain sur une étape nerveuse proposant un enchainement Télégraphe, Galibier et Alpe d’Huez. Alberto Contador y démontra sa classe et son panache en attaquant des les pentes du Télégraphe. Résistant quasiment jusqu’au bout, l’Espagnol céda face au démarrage d’un impressionnant Pierre Rolland qui remporta là un succès de prestige. Voeckler, très généreux dans l’effort toute la journée, peut-être trop d’ailleurs, abandonna son maillot jaune au profit d’Andy Schleck. Mais le cadet des Schleck restait sous la menace Evans. L’Australien avait toutes les cartes en main pour dépasser le Luxembourgeois lors du chrono final autour de Grenoble. Il ne se fit pas prier, reléguant Andy Schleck à plus de 2 min 30 alors qu’il n’accusait qu’un retard de 57 secondes le matin.

 

C’était historique. Un Australien allait remporter la Grande Boucle, à 34 ans. Le plus vieux vainqueur de la Grande Boucle après-guerre. Malheureux en 2007 et 2008, Cadel Evans aura su faire preuve d’une immense persévérance pour parvenir à son but ultime, au terme d’un Tour de France d’une intensité exceptionnelle. Souvent critiqué pour son manque de panache, Evans n’est pas le vainqueur le plus spectaculaire de l’histoire du Tour, mais humainement, il représente le vainqueur dont l’épreuve avait certainement besoin. Un vainqueur régulier et discret, mais ne serait-ce pas après tout un gage d’honnêteté et de crédibilité ?

Ainsi se referme le livre de la Grande Boucle. Assurément un des plus beaux Tours des vingt dernières années !  On s’en souviendra longtemps…

 

evans.jpgCadel Evans paradant sur les Champs Elysées, l’une des  images fortes que l’on gardera de cette Grande Boucle sublime et passionnante, à l’image de l’ensemble de la saison 2011…

 

A suivre demain : « Août, la jeunesse au pouvoir ».

 

 A voir également 

Introduction

#1/ Janvier

#2/ Février

#3/ Mars

#4/ Avril

#5/ Mai

#6/ Juin

 

Article réalisé par Thomas Guérin l Images : Reuters/Site officiel d’Omega Pharma-Lotto
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