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Christel Ferrier-Bruneau : "Le cyclisme féminin évolue positivement, ça progresse"

Publié par Nicolas Gréno sur 17 Septembre 2011, 19:00pm

Catégories : #Les interviews CS

http://a3.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc6/271000_2143047892180_1125703325_32531389_654837_n.jpgEn France, le cyclisme féminin n’est pas très populaire. Il ne faut pas se voiler la face. Chez Culture Sport, nous aimerions voir un Tour de France réalisé sur mesure pour les femmes : « ça serai vraiment génial !» s’écria Christel Ferrier-Bruneau, lors de notre entretien téléphonique. Avec la taille et la puissance d’ASO (Amaury Sport Organisation), il est difficile d’imaginer que ce soit impossible à organiser pour eux. Elle ne comprend pas et ne sais toujours pas pourquoi les dirigeants, les poids lourds du cyclisme tricolore, ne veulent pas suivre et booster le vélo féminin. Nous nous le demandons aussi. La championne de France en titre revient pour nous sur le prochain Mondial ainsi que sur l’affaire Longo. Interview très féminine.

 

Culture Sport : Comment définiriez-vous le parcours de ce Mondial 2011 à Copenhague ?

Christel Ferrier-Bruneau : Nous n’avons pas encore vu sur place donc c’est plus avec ce que l’on a entendu parler et puis sur les infos que l’on prend sur le site (de l’Union Cycliste Internationale, ndlr). C’est un circuit qui est assez roulant comparé à d’autres championnats du Monde que l’on a fait. Il y aura quand même deux faux plats montants qui font à peu près 4%, qui vont faire mal je pense. Ils vont user les organismes parce que l’on va faire quand même pas mal de tours. On fait 140 kilomètres. D’habitude c’est un peu plus 125/130 et là c’est vrai que ça va être assez important. Mais ça risque d’être pour les sprinteuses et pour des filles qui emmèneront du braquet.

 

Culture Sport : Vous pensez avoir de quoi jouer une place dans les dix premières, voire mieux, avec vos équipières ?

Christel Ferrier-Bruneau : Oui voilà c’est ce que l’on va essayer ! C’est vrai que sur un circuit comme celui là, c’est vraiment l’esprit collectif qui va jouer. Au niveau tactique, il va falloir être bien placé à l’avant, ça va pas mal frotter. Je pense qu’il y aura quand même pas mal d’attaques. Il va donc falloir essayer d’aller dans les échappées. C’est pour cela que le collectif va réellement jouer.

 

Culture Sport : Pensez-vous qu’une échappée peut aller au bout ?

Christel Ferrier-Bruneau : Si les nations sont bien représentées à l’avant, oui, ça peut aller au bout. Après, c’est vrai que c’est le peloton qui décidera d’arrêter de rouler. Mais bon, si chaque pays est représenté en tête de course, « ça laissera » partir. C’est pour cela que nous devrons être à l’avant. Après, si il n’y a que quelques formations à l’avant, il y aura toujours une nation qui décidera de rouler pour que par la suite, ça arrive au sprint.

 

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Culture Sport :
Avec l’absence de Jeannie Longo, c’est vous qui allez être la leader de cette équipe de France. Allez-vous passer à l’offensive, montrer le droit chemin ?

Christel Ferrier-Bruneau : Voilà, c’est vrai qu’après on n’a pas encore abordé tout cela. On en parlera un peu plus sur place. J’ai pu voir que j’étais en forme au Tour de l’Ardèche (troisième au général, ndlr), où j’étais la leader de l’équipe de France. Tout s’était bien passé.

 

Culture Sport : Pouvez-vous nous donner la composition du groupe France pour la course en ligne ?

Christel Ferrier-Bruneau : Tout à fait. Dans cette liste*, il y a Magdalena De Saint Jean, Aude Biannic, Audrey Cordon, Julie Krasniak mais aussi Mélodie Lesueur qui fait le contre-la-montre (27,8 km, ndlr) avec moi.

 

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Culture Sport :
Que pensez-vous du niveau du cyclisme féminin Français ?

Christel Ferrier-Bruneau : Je trouve que ça évolue positivement, ça commence à progresser. On a pu le voir avec Mélodie Lesueur qui est devenue championne d’Europe du contre-la-montre (Audrey Cordon cinquième, ndlr) et Amélie Rivat qui a fait quatrième lors de la course en ligne. C’est donc de bonne augure. Mais il manque encore un cran au niveau international, notamment lors des épreuves de Coupe du Monde. Après, pour être au même niveau que les autres nations, nous manquons de moyens nous entraîner. Le problème de la France, c’est que les filles doivent travailler à côté ou doivent étudier. Elles ne sont pas salariées, donc elles ne peuvent pas faire que du vélo. On ne peut, en conséquent, pas avoir les mêmes entraînements que les cyclistes qui habitent en Italie, en Hollande ou en Belgique, où elles sont dans de grosses équipes.

 

Culture Sport : En parlant de grosses équipes, cette année on a pu constater que la Garmin-Cervelo et la HTC-High Road étaient deux grandes cylindrées. Ne pensez-vous pas qu’une formation Française, dans le même style (avec Europcar, FDJ, Cofidis, Ag2r La Mondiale, Saur-Sojasun), puisse voir le jour ?

Christel Ferrier-Bruneau : Oui moi aussi, je pense que c’est possible. J’essaie d’en parler souvent. Maintenant, je sais que les féminines en France ne sont pas très reconnues. Cela ne les intéresse pas trop, c’est vrai. Je sais qu’ils n’ont pas envie de s’embêter là-dessus. Je trouve ça dommage, parce que nous ne demandons pas grand-chose. On demande juste une structure professionnelle et ça demande beaucoup moins d’argent que chez les hommes. C’est vrai que ça serait bien si la fédération pouvait un peu plus pousser les formations Françaises à avoir une équipe féminine comme la HTC ou la Garmin. On voit vraiment que cela permet aux filles de progresser et puis d’être dans le professionnalisme.

 

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Culture Sport :
A quand un retour du Tour de France féminin (comme il a pu exister dans les années quatre-vingt, quatre-vingt dix) ou la création d’une épreuve similaire au Giro Donne ?

Christel Ferrier-Bruneau : J’ai fais le Tour d’Italie féminin cette année. C’était vraiment impressionnant parce qu’il y avait une heure de retransmission le soir, il y avait du monde sur le bord des routes… La plupart des Italiens étaient au courant que l’épreuve se déroulait. C’est vrai que c’est dommage qu’en France on n’ait pas la même chose avec le Tour de France féminin comme ça avait été organisé il y a quelques années. J’ai l’impression (comme la création d’une grosse équipe Française) qu’ils ne sont pas motivés pour que les étapes des femmes soient courues avant celles des hommes. C’est un gros manque en France et ça pourrait justement redynamiser le cyclisme féminin Français, effectivement.

 

Culture Sport : Vous ne pensez pas que les dirigeants d’ASO, pour ne citer qu’eux, qui organisent le Tour du Qatar féminin, ne relanceront pas un Tour de France pour les femmes ?

Christel Ferrier-Bruneau : Personnellement j’aimerai bien. J’essaie d’en discuter à chaque fois, de pousser… Mais après le problème, c’est que l’on n’en entend pas trop parler. Avec le Tour du Qatar féminin, ça intéresse les gens et ils continuent de le faire chaque année (depuis 2009, ndlr). On a aussi la Flèche Wallonne (organisée par ASO), qui compte pour la Coupe du Monde où on court avant les hommes. Le public est présent, les gens sont contents.

 

Culture Sport : Comment envisagez-vous votre avenir ? Votre retraite interviendra après les Jeux Olympiques de Rio en 2016 ?

Christel Ferrier-Bruneau : Non, ma retraite sportive se fera bien avant les Jeux de Rio. Je pense voir comment tout cela se passe après les JO de Londres. Mais bon, c’est vrai qu’après nous ne sommes pas professionnelles. On ne peut pas faire du vélo longtemps. J’ai également envie d’avoir une famille, des enfants. Cette question se pose aussi.

 

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Culture Sport :
Venons-en à l’épineuse question de cet entretien. Pouvez-vous nous livrer vos impressions sur l’affaire Longo ?

Christel Ferrier-Bruneau : Elle a reçu trois avertissements avec ce suivi qui est réalisé par l’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage, ndlr). On doit dire chaque jour où on est. Ca fait maintenant cinq ans que je suis dans l’obligation de remplir, tous les jours, sur Internet, les lieux où je me trouve. Les contrôleurs peuvent venir à tous moments. Ils sont justement venus ce matin (interview réalisée le jeudi 15 septembre, ndlr) me contrôler (urine et sang). Je pense que tout athlète de haut niveau est obligé de se soumettre à ce programme, que je trouve bien, dans cette lutte contre le dopage. Une fois que l’on a été trois fois absente, il faut obligatoirement une sanction. Là elle n’est pas innocente puisqu’elle a eu trois avertissements. Sur ce point là, une sanction doit être donnée.

 

Culture Sport : Ne pensez-vous pas que cela va donner un nouveau coup de frein au cyclisme, pas très populaire en ce moment, et plus particulièrement au vélo féminin, qui est encore un peu plus dans l’anonymat ?

Christel Ferrier-Bruneau : C’est vrai qu’il y a tout un tapage médiatique en ce moment sur Jeannie. On montre le cyclisme féminin du doigt et ce n’est pas très bon. Ca nous donne une mauvaise image, ce n’est pas très positif. J’espère que l’on va se sortir de cette affaire.

 

Culture Sport : Vous abordez tout de même les Mondiaux avec une certaine envie non ?

Christel Ferrier-Bruneau : Oui c’est sûr ! Après, une fois que l’objectif arrive, on ne pense plus vraiment à cette histoire. On se consacre à la course, essayer de réaliser la meilleure performance possible. On a envie de montrer lors de ces championnats du Monde les couleurs de l’équipe de France, donc on oublie tout cela.

 

Culture Sport : Quelle est la favorite de cette édition 2011 à votre avis ? Marianne Vos ?

http://cdn2.media.cyclingnews.futurecdn.net//2011/07/01/2/07_01_2011_giro_01_stage1_323_600.jpgChristel Ferrier-Bruneau : Sur un tel circuit, c’est vrai que je vois bien Marianne Vos (Pays-Bas, en photo ci-contre) s’imposer (quatre fois deuxième de 2007 à 2010, ndlr). Elle sait bien sprinter et roule fort en ce moment. Après, il y a toujours Emma Johansson (Suède) qui est toujours bien placée ainsi que les Italiennes (trois titres en quatre ans, ndlr), qui sont à l’avant chaque année. De plus, elles sont championnes du Monde en titre (avec Giorgia Bronzini, ndlr) et possèdent un très beau collectif. Il faudra donc faire attention à elles comme les Allemandes avec Ina-Yoko Teutenberg, qui est très forte dans les sprints et qui sera sans doute là.

 

*Sur la liste officielle de l’UCI, Amélie Rivat et Aurore Verhoeven seraient également engagées pour la course en ligne samedi prochain.

 

Un grand merci à Christel Ferrier-Bruneau pour avoir répondu à nos questions. Merci aussi pour sa gentillesse et sa patience.

 

Article réalisé et propos recueillis par Nicolas Gréno l Images : AFP/CJ Farguharson/Facebook de Christel Ferrier-Bruneau

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