A l’image du Tour des Flandres, le parcours de la Flèche Wallonne a été également modifié. Certes, le mythique Mur de Huy reste bel et bien le juge de paix de l’épreuve hutoise, toutefois, le final comprenant la Côte d’Ereffe est supprimée. Place à une dernière boucle plus athlétique. Notre envoyé spécial a enfourché son vélo pour vous faire découvrir les trente derniers kilomètres. En route !
Il est neuf heures. La brume et son froid habituel stagnent sur le plateau condruzien. Mais cela ne me déstabilise pas. L’envie de découvrir le nouveau circuit de la Flèche Wallonne me motive particulièrement. Les organisateurs prétextent ce changement de parcours par une volonté de dynamiser la course. Il faut avouer que, depuis dix ans et le succès de Rik Verbrugghe dans une tenace échappée, le scénario est écrit à l’avance : des attaques fusent dans la dernière boucle, mais le peloton veille au grain et avale les baroudeurs dès les premières pentes du Mur de Huy. Seul le dernier kilomètre captive le public.
Christian Prud’homme souhaite donc plus de spectacle. L’idée d’Eddy Merckx de rapprocher le deuxième passage du Mur de Huy aura fait son temps. Rien ne peut bouleverser les plans du peloton. Mais ASO n’en démord pas. Les traceurs ont trouvé une nouvelle alternative : la rive gauche de la Meuse. Après une longue descente sur une route sinueuse, je me rends au pied du Mur d’Amay.
Cette difficulté avait été empruntée en 2010 par le Tour de Wallonie. Le peloton s’y était morcelé. J’entame la difficulté avec appréhension. Je profite de la route en léger faux plat descendant pour me lancer sur les premières pentes. Et, à ma grande surprise, je passe sans encombre les pourcentages les plus relevés. Le sommet se profile très rapidement. Nul doute que les professionnels escaladeront ce « mur » avec encore plus d’aisance. Je reste donc perplexe à ce premier obstacle. Peut-être que la pente irrégulière aidera les puncheurs à s’extraire ?
Quelques bornes et une petite descente plus tard, voici la côte de Villers-le-Bouillet qui me fait de l’œil. La route y est nettement moins large et en moins bon état. Les pourcentages sont plus relevés. Mais une fois de plus, avec la descente extrêmement large précédant l’ascension, ce passage ne devrait pas poser problème au peloton. Cette portion, sous forme de goulot, sera toutefois complexe pour tous ceux qui peinent à se placer correctement. On peut facilement perdre une cinquantaine de place en quelques mètres.
L’ascension de Villers-le-Bouillet n’est malheureusement pas très longue : un gros kilomètre. Ensuite, le peloton empruntera une longue chaussée rectiligne : le bourreau des attaquants. Après, une courte descente vers Huy, j’aborde le traditionnel sens giratoire situé au pied du Mur de Huy. Et en le contournant, j’observe une étrange barrière. Celle-ci entrave la route en direction de Modave, soit l’ancien parcours. En effet, des travaux d’égouttages empêchent de circuler sur cette chaussée. Ne serait-ce pas plutôt ceci qui aurait poussé Christian Prud’homme à dévier le peloton sur la rive voisine ? Car un constat s’impose : si l’ancien parcours ne favorisait pas les attaques, celui-ci ne l’est pas plus. Sans vouloir démotiver les futurs baroudeurs, leurs tentatives me semblent vaines. Le Mur de Huy et ses pentes vertigineuses resteront certainement le juge de paix de l’épreuve.
Après avoir tenté plusieurs parcours, les traceurs épuisent petit à petit toutes les alternatives possibles favorisant les attaques. Rien ne semble empêcher un peloton groupé de se présenter au pied du Mur. Rien ? Pas forcément. Les prévisions météorologiques ne sont pas très réjouissantes. Ce paramètre pourrait influencer la course. Sur une chaussée détrempée, l’organisation au sein du peloton est moins aisée. Les chutes peuvent ralentir le rythme, et laisser le champ libre à une échappée en découdre sur le Chemin des Chapelles…
Article réalisé par Julien Detroz
Crédit photo : AFP