Duo d'enfer en Jamaïque !

Publié par Rémi Le Tenier sur 21 Septembre 2011, 12:49pm

Catégories : #ATHLETISME

La météo est capricieuse à Bruxelles, festival de Cannes de l’athlétisme international. Le tonnerre puis la foudre. Pas un orage, non, mais deux bourrasques bien distinctes. Sur l’échelle boltienne, la tempête était de force 9. Invité majuscule de la finale de la Ligue de diamant, Bolt, la star de Kingston, bouclait son quart de piste en toute décontraction, vous savez, celle qu’il avait perdue à l’ombre du Stade de Daegu.

9 secondes 76 centièmes de travail pour empocher la meilleure performance mondiale de l’année (deux centièmes devant son compatriote devant Asafa Powell) et les 20.000 dollars de prime promis au vainqueur. Tout va bien dans le meilleur des mondes pour le triple champion Olympique (100m & 200m & 4x100m) qui finit la soirée sous les projecteurs du Mémorial Van Damme, feu stade du Heysel. C’est fini alors ? Ben non. Dans le coin opposé de la piste, au départ du 200m, une fusée verte démarre, lâche un à un ses voisins de palier, avale le floridien Walter Dix –vice champion du monde de la discipline, excusez du peu- et assomme un public ébahi. 19 secondes 26 centièmes, Yoann Blake établit la deuxième marque de tous les temps sur 200m, six secondes derrière son illustre compatriote… Usain Bolt ! Une étoile de plus est née dans le ciel du sprint jamaïcain.

Le vrai départ d’un athlète de 21 ans, si l’on peut qualifier de faux départ son récent titre de champion du monde du 100m… En effet, à l’aube d’un nouveau volet des championnats du monde d’athlétisme, pas grand chose ne pouvait laisser penser à la victoire de Blake qui n’avait alors réalisé « qu’une » moyenne de 9’93 secondes sur ses neufs 100m disputées cette saison. Si favori il était ce n’était pas non plus sur le 200m (20’36) mais pour le relais 4x100m où il faisait figure de quatrième larron avant les forfaits de ses compatriotes Powell et Mullings. Dans une finale du 100m amputée de ses principaux favoris, le faux-départ du roi Bolt lui offrait sur un plateau le titre du champion du monde du 100m. Ce dernier ne s’en laissait pas conter «Blake a encore beaucoup à apprendre de moi» et devenait plus tard champion du monde du 200m.

Coachés en commun par Glenn Mills, ces deux «amis» devront sans doute se séparer pour progresser en toute quiétude car si ce couple d’athlètes revendique leur amitié, il n’est pas non plus prévu que ceux-ci s’affrontent sur la piste (où Blake n’a jamais battu Bolt) avant les sélections Olympiques jamaïcaines en… mai prochain (!) où aucun des deux ne pourra faire faux bond. A neuf mois des J.O, la «drôle de guerre» ne fait que comencer…

Bolt « je ne vais plus le coacher »

Florilège de réactions-septembre 2011

Usain, vous avez réalisé un beau meeting de Bruxelles, quelles ont été vos sensations ?

En sachant que j’ai eu des hauts et des bas cette saison, j’ai aussi repris tard, je m’en sors plutôt pas mal et en pleine santé ! Arès ce que je voulais, c’était de rester invaincu sur une piste rapide. Etre numéro 1, ce n’est pas que j’en meure d’envie… D’ordinaire, l’après-championnat, c’est de l’amusement, là, j’étais plus déterminé.

Que s’est-il passé au 100m des championnats du monde (ndlr: faux-départ en finale) ?

J’étais un peu perdu. Toute la saison, j’ai lutté pour retrouver la forme et je suis arrivé à Daegu en me sentant bien pour la première fois. Je ne suis pas parvenu à réaliser ce qui fait mon identité : me détendre et profiter. Je ne dois pas l’oublier. Mais l’an prochain, vous verrez, je serai en meilleure forme !

Qu’avez-vous pensé du 200m de Yoann Blake à Bruxelles ? Le voyez vous à présent comme votre rival numéro un ?

Non, pas du tout. Il est bon mais il doit d’abord me battre quelques fois avant que je ne le voie comme mon principal rival. J’ai été surpris par son chrono mais je me vois toujours comme le meilleur. Il lui reste beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre mon niveau.

Vous voyez vous vous entraîner avec lui cette saison ?

Oui ! Il n’y a pas de problème. C’est un pote et on se motive entre nous. Maintenant, je ne donnerais jamais un conseil à un adversaire pour me battre… De plus, il vaut 19’2, je ne vais plus lui dire comment courir !

Article réalisé par : Rémi Le Tenier / Réactions : L’Equipe / Photos : Reuters & EQ