Grégor Beugnot : "Ce groupe paraît ambitieux"

 Alors que Chalon Sur Saône, équipe surprise de ce début de championnat, se déplaçait à Orléans, dans le cadre de la onzième journée de Pro A qui se disputait ce week-end, Culture Sport est allé à la rencontre de Grégor Beugnot, l'entraîneur chalonnais, véritable figure du basket français.

Culture Sport : Grégor, c'est les vacances, victorieux ce soir, logiquement qualifier pour la Semaine des As, que dire de plus ? C'est la situation rêvée pour cette fin d'année ?
Grégor Beugnot : Oui oui, même si sur la fin on peut avoir une meilleure gestion des évènements. Ce n’est pas évident pour un groupe aussi jeune, je veux dire dans la construction et aussi au niveau de l'âge de ne jamais lâcher, de faire des efforts, de ne jamais douter. On a un jeu certes, bien léché mais on a des problèmes récurrents sur les rebonds, sur certaines situations avec la pression, où on a encore trop de balles perdues. Mais, ce n'est pas pour ça que l'on doute et que l'on perd la confiance dans le collectif. Je pense que depuis le début de la saison c'est en évolution mais ces périodes là, on doit encore les diminuer pour avoir plus de stabilité et plus de sérénité. Même si ce soir, ils prennent 16 rebonds offensifs, il y en a déjà 4 qu'on échappe et qu'on redonne. Malgré tout, on fait le travail dans le premier quart temps même si Orléans a des opportunités, on reste présent. Le but c'était de toujours les mettre dans le doute pour pas qu'ils puissent se rassurer. Et même, aujourd'hui c'est symptomatique dans tous les matchs, l'équipe qui est malmenée chez elle, elle a toujours tendance à revenir, à faire des efforts, ce qui était le cas d'Orléans, quand ils sont repassés devant. Et, c'est à ce moment là que l'on a les bonnes articulations, c'est là que l'on défend bien. C'est très bien que l'on puisse se reconcentrer sur notre basique de jeu dans les moments les plus importants et que ce ne soit pas du hourra basket. Maintenant, c'est plus facile à dire qu'à faire, et vu la position d'Orléans, c'était évident que le match n'allait pas être facile. Et il n'a pas été facile. C'est tout à notre honneur de venir le gagner même si ça n'aurait jamais du se solder par 1 pt (voir résultats et statistiques sur la page BASKET) mais aujourd'hui, on aurait pu, nous, à un moment trembler et avoir le doute, ce qui n'a pas été le cas.

Culture Sport : Un petit mot sur Orléans, on sait que les relations entre les deux clubs sont relativement bonnes... 
Grégor Beugnot : Je pense qu'ils sont assez capables d'analyser leur situation et leur prestation. Je ne pense pas qu'ils joueront la descente. On était dans la même situation l'année dernière, on a loupé nos fins de matchs et le doute s'est installé. On perdu beaucoup de match qu'on avait pourtant en mains, sur la fin. Nous, la trêve nous avait fait le plus grand bien, j'espère que la trêve leur fera le plus grand bien. Le basket qu'ils pratiquent est cohérent, ils ont une belle équipe. Je pense qu'il n'y a que le traumatisme des défaites de fin de match qui les plombent, c'est tout. Il ne faut pas regarder sur l'ensemble des 32 premières minutes, où nous, on est très cohérent, il faut regarder sur l'ensemble du match, et on est pas facile à jouer. Il arrive un moment où il faut que l'équipe fasse beaucoup d'efforts et je pense qu'ils les ont fait.

Culture Sport : Maintenant c'est les vacances...
Grégor Beugnot : Oui, je suis bien content parce que les gars ont fait le boulot. Oui, c'est les vacances. On le sait, c'est jamais facile les déplacements où les joueurs partent avec les sacs pour prendre les avions directement le lendemain en partant d'Orléans pour aller directement à Paris. Aujourd'hui ils étaient très concentrés sur leur sujet et sur la volonté de gagner, et ça c'est très bien... 
Donc, satisfait, très satisfait... ! 


Culture Sport : Vous l'avez dit tout à l'heure, à la fin vous trouvez les bonnes articulations, c'est le mélange entre application aussi bien en attaque qu'en défense... ? 
Grégor Beugnot : Oui parce que JBAM fait un très bon travail défensif. Alade Aminu a pas été mal du tout. Les articulations avec Nicolas Lang ont été intéressantes. Les relations avec Bryant Smith ont été très performantes. Donc à chaque fois j'ai pu proposé des 5 différents par rapport à l'adaptabilité qu'avait Orléans sur certaines compositions. On est avec le 5 majeur quand Orléans a sa phase la plus importante dans le troisième quart temps. Ça veut dire que toutes les articulations ont été intéressantes. J'ai aussi mis les meilleurs tireurs de lancers francs sur le parquet à la fin sachant qu'Orléans allait être obligé d'arrêter le chrono. Si je diminuais en taille, Philippe Hervé était obligé de diminuer sa taille aussi. C'est donc pour ça que c'était bien pour nous dans l'articulation de tous les 5 que l'on a proposé. 

Culture Sport : L'agressivité offensive et défensive était l'un des maîtres mots ? 
Grégor Beugnot : Pas assez encore... Il y a trop d'erreurs. C'est bien d'avoir confiance parce qu'on fait 10/20 à 3pts. Mais Orléans était assez vite à 5 fautes collectives et il aurait fallu l'agresser encore plus. Et c'est là que l'on a manqué un peu de lucidité. C'est pour ça que c'est intéressant d'avoir des joueurs comme Schilb et Haynes qui eux peuvent tirer, agresser, parce que défensivement c'est très dur. On doit avoir plus d'articulations encore que ça. Défensivement aussi, sur certaines situations où on a oublié des petites choses. Maintenant c'est sur si on nous demande si on pensait rivaliser avec des équipes comme Orléans en début de championnat, on vous dirait non. Donc, il arrive un moment où les gars sont peut-être un peu stressé et se disent qu'il faut plus perdre les matchs. C'est aussi pour ça que je disais que c'est encore jeune. Si on continue de gagner ça va vite s'occulter et là ça donnera encore un peu plus de matière dans le jeu et on sera encore un peu plus performant et on se livrera plus défensivement sur certaines actions. On fait parfois des erreurs très bêtes et c'est là dessus qu'on doit faire preuve de plus de maturité. Mais ça va venir, on travaille, on les met en situation. C'est des joueurs intéressants, qu'ont envie de progresser et qui sont à l'écoute, il va arriver un moment où ça va payer. 

Culture Sport : Ils sont jeunes mais ils ont été cohérents... 
Grégor Beugnot : Oui, mais si on avait perdu le match, on aurait dit la même chose. Alors, on les gagne c'est bien mais si on avait perdu on se focaliserait exactement sur les mêmes choses. Pas sur la qualité qu'on a pendant 28 minutes mais c'est sur 10 petites minutes, qu'il reste. Et c'est sur celles là qu'il faut qu'on travaille. Il faut pas travailler sur ce qui est bien, aujourd'hui c'est de l'acquis. Il faut qu'on se donne un matelas de progression supplémentaire, parce que il y a des équipes qui vont évoluer aussi. Nous, on peut évoluer tant défensivement qu'offensivement. Ce soir, il y a 10pts de trop sur des erreurs, 10 pts c'est beaucoup. 10 pts, ça donne la possibilité de gagner beaucoup de matchs en déplacement. Comme ce groupe paraît ambitieux, il faut qu'on le soit nous aussi et qu'on les amène à être le plus performant possible, non ? 

En sortant de la salle de presse, Greg' Beugnot a souhaité de bonnes fêtes de fin d'année au parterre de journalistes présents à ce moment là... Un grand monsieur. Ca nous changerait presque de Jean-Denys Choulet...

Propos recueillis par Paul Barcelonne l Images : Le Figaro/Cyber Elan Chalon