A l’approche du Tour de France, comment ne pas parler de Laurent Jalabert. Actualité chargée pour l’ancien champion cycliste qui officiera dans quelques jours comme commentateur au côté de Thierry Adam pour France Télévisions. En promo dans les médias pour son nouveau livre « Le vélo par Laurent Jalabert », le sélectionneur de l’équipe de France se lance dans une nouvelle aventure, le textile. « Hors Catégorie », une marque au nom prédestiné et une nouvelle ligne à rajouter à l’histoire Jalabert.
Rouge, bleu, jaune, rose et vert, telles sont les couleurs du logo « Hors Catégorie », des couleurs qui ne sont pas sans rappeler les maillots mythiques des grandes épreuves cyclistes. En lançant sa marque de vêtements, Laurent Jalabert offre aux amateurs de cyclisme une collection de vêtements « pensé[e] pour eux ». Les non amateurs de sport devraient être séduits par des vêtements alliant « fashion », « bien-être » et « qualité ». Pour Culture Sport, Laurent Jalabert a accepté de répondre à nos questions. Au programme, sa marque, son livre et le prochain Tour de France.
Hors Catégorie en question
Culture Sport : Vous étiez coureur, vous êtes maintenant consultant et sélectionneur de l'équipe de France, vous vous lancez à présent dans un univers différent, le monde commercial, en sortant votre propre marque de vêtement, quels sont vos appréhensions à la veille de cette nouvelle étape ?
Laurent Jalabert : La peur de se tromper, d’abord. Quand tu te lances dans une nouvelle aventure, tu prends des risques, tu as toujours peur d’échouer, de ne pas y arriver. Après, il faut faire les choses avec sérieux, avec conviction. Quand on a cet état d’esprit, on pense positif. Dans le cas présent, je trouve que tout se déroule très bien depuis le départ. L’appréhension, c’est surtout de savoir si ce que l’on va proposer, va plaire au consommateur. C’est une aventure au quotidien, on a pensé à la cible, à ce qui pourrait satisfaire les passionnés de cyclisme. A partir de maintenant, on va pouvoir se rendre compte, si c’est quelque chose qui les séduit ou non. C’est l’heure de vérité !
Culture Sport : Pourquoi le nom « Hors Catégorie » ?
Laurent Jalabert : Hors Catégorie, quand on a trouvé ce nom-là, on a été séduit. Pour une marque de textile, ça fonctionnait bien, ça évoque quelque chose de différent et puis c’est évocateur du vélo, « hors catégorie », ça rappelle les cols un peu difficile et les objectifs compliqués à atteindre pour chacun.
Culture Sport : Votre label se nomme ‘Hors Catégorie’, si on regarde votre carrière, est-ce que l’on peut dire que vous étiez un coureur Hors Catégorie ?
Laurent Jalabert : J’ai toujours été qualifié comme un coureur polyvalent, j’ai débuté comme sprinteur, j’ai été champion du monde du Chrono, j’ai fini ma carrière meilleur grimpeur du tour, sans avoir été le meilleur dans toutes ces disciplines ou j’ai su m’imposer. J’ai réussi à différentes périodes de ma carrière à m’adapter à tous les terrains. Aujourd’hui, il est difficile de me classer dans une catégorie, le terme « Hors Catégorie » convient plutôt bien finalement, j’ai été polyvalent. C’est vrai aujourd’hui encore, j’ai intégré le monde des médias, avec un succès assez relatif. J’ai continué à pratiquer certains sports aussi, sur des terrains nouveaux, donc c’est vrai, je suis un peu atypique dans le paysage sportif.
Culture Sport : Le logo Hors Catégorie reprend les couleurs des maillots qui ont marqué votre carrière, s’il ne devait en rester qu’un, quel est celui qui vous a apporté les meilleurs souvenirs ?
Laurent Jalabert : Je garderai le jaune, c’est une couleur emblématique, ça symbolise la prise de pouvoir dans le milieu du cyclisme. Le maillot jaune, c’est le leadership et puis le jaune, ça a marqué 9 ans de ma carrière avec les maillots jaune de la Once. C’est avec cette couleur que j’ai acquis la plupart des autres maillots.
Culture Sport : Justement pour la gamme, vous pourrez vous inspirer des maillots notamment…
Laurent Jalabert : Des idées, il va y en à avoir à la pelle. En regardant tous mes maillots, toutes les courses auxquelles j’ai pu participer, les clins d’œil seront nombreux que ce soit dans les couleurs évoquant le cyclisme, les appellations, dans mon après-carrière avec le Triathlon et même les médias.
Culture Sport : Sur le Tour de France, une des plus belles vitrines au monde, y aura-t-il un dispositif mis en place pour faire connaitre Hors Catégorie ?
Laurent Jalabert : On peut très bien profiter de l’exposition qu’offre le Tour, en exploitant une marque mais aujourd’hui, je n’ai pas le budget pour le faire. Ça coute extrêmement cher. Par contre le Tour de France est un projecteur phénoménal, rien que de faire savoir que je lance une marque de vêtements, rien que de citer la marque, ce sera déjà énorme. Les gens peuvent être incités à aller chercher sur internet. J’ai aussi mon site Internet qui va être en promo sur le Tour parce que nous avons un véhicule-presse qui fera le parcours. Cette année, on a rajouté la marque « Hors Catégorie », son site et son logo.
Culture Sport : Vous serez le représentant de luxe de la marque, arborerez-vous vos propres vêtements sur le Tour ?
Laurent Jalabert : Par souci de loyauté, je porterais pour les directs, des chemises aux couleurs de France Télévisions, j’aurais certainement l’occasion d’en porter à d’autres moments. Sur RTL, on va mettre en place un jeu, la question la plus pertinente sera récompensée par un polo de la marque Hors Catégorie. RTL, c’est quand même la première radio de France, ça va être l’occasion de faire connaître la marque sur trois semaines. Comme on n’a pas de budget de communication, c’est un coup de projecteur qui n’est pas négligeable.
Triathlons et promotion pour Laurent Jalabert
Culture Sport : Vous courrez toujours pour le plaisir, vous pratiquez le triathlon et vous avez aussi participé aux 24 heures motonautiques de Rouen en 2009, est-ce que vous aimeriez ou vous envisagez de participer à d’autres aventures sportives ?
Laurent Jalabert : Il fut une époque où je souhaitais explorer d’autres disciplines, pour voir ou je me situais, et surtout par curiosité. J’avais pensé au Dakar à un moment, ça demande beaucoup de préparation et actuellement, c’est surtout le temps qui me manque. Je me rends compte que je me suis éloigné de la vitesse. Concernant les triathlons, je me suis inscrit à l’Ironman Cosumel au Mexique qui se déroulera fin novembre et en septembre, je m’envolerais à Las Vegas pour la finale de l’Half IronMan.
Culture Sport : Quelques mots sur « Le vélo par Laurent Jalabert »
Laurent Jalabert : C’est un beau livre qui s’inscrit dans une collection des Editions Hugo, il y a beaucoup de photos. C’est un livre qui raconte un peu mon histoire, j’ai choisi 50 mots, certains ont un rapport avec le vélo, d’autres moins. C’est un livre très personnel tout compte fait. Quand j’évoque Mazamet, c’est le début de mon histoire, pour les lecteurs, ce n’est qu’un village au milieu du Tarn. C’est là où tout a commencé.
Optique Tour de France
Laurent Jalabert évoque à présent le Tour de France avant de s'intéresser au mondial.
Culture Sport : Le Tour de France 2011 va bientôt s’élancer, il ne s’annonce pas de tout repos, pouvez-vous nous livrer ce dont vous pensez du programme proposé aux coureurs cette année ?
Laurent Jalabert : Je trouve que c’est un tour attractif, il me donne envie de le suivre, il y a des étapes inédites. La première semaine est différente des autres années, avec un prologue en moins, des premières étapes avec des arrivées compliquées. Il y a moins de contre la montre, au bout d’une semaine, on sera en moyenne montagne. Il sera attractif pour tous les types de coureurs, les sprinteurs auront des étapes pour eux, les grimpeurs aussi. Ils n’auront pas le temps de s’ennuyer. D’ailleurs, Philippe Gilbert revient cette année, en voyant le parcours, il sait qu’il peut jouer la gagne sur 3-4 étapes (le mur de Bretagne, Super Besse, le mont des alouettes), ce sont des arrivées qui peuvent lui convenir. Il y a le maillot jaune en jeu, ce tour sera attractif pour les coureurs et pour le public aussi.
Culture Sport : Est-ce un tour que vous auriez aimé courir ?
Laurent Jalabert : Par rapport à son tracé, oui. Après, c’est une question que je ne me pose plus depuis longtemps. C’est vrai qu’au début, je me demandais, si j’étais encore coureur, est-ce que c’est un tour qui m’aurait convenu si j’avais eu cette opportunité. C’est un parcours qui m’aurait convenu. Mais dans ma tête, je ne suis plus coureur depuis longtemps.
Culture Sport : Le Tour s’élance cette année de France, de Vendée précisément, que pensez-vous des départs à l’étranger ?
Laurent Jalabert : Je partage un peu l’avis de la majorité des français, j’aime bien le Tour de France en France. Une incursion à l’étranger, comme cette année en Italie, ça ne me dérange pas mais ça ne m’emballe pas beaucoup. Après un grand départ à l’étranger, comme l’an dernier, à Rotterdam, honnêtement, ce n’était pas une grande réussite. Au niveau des spectateurs, de l’enthousiasme, oui car les Pays-Bas, c’est un pays qui aime le vélo mais quand tu es un français accrédité sur le Tour, ce n’est pas la même ambiance. Je préfère le Tour en France.
Culture Sport : Considérez-vous que ces départs doivent être moins fréquents ?
Laurent Jalabert : Oui, mais le Tour de France est une épreuve tellement planétaire, c’est normal que cette épreuve soit convoitée, elle séduit de nombreux pays. Londres, c’était un beau départ, c’était majestueux. Ça m’a bien plus par rapport à Rotterdam.
Culture Sport : John Gadret a réalisé un excellent Giro, est-ce que vous le voyez établir de nouvelles performances sur le Tour 2011 ?
Laurent Jalabert : Il était déjà premier français l’an dernier sur le Tour (19ème), ce qui est sûr, c’est que sur trois semaines, il est bon. Ce qu’il vient de réaliser sur le Giro, c’est à mettre sur le compte, d’un parcours qui lui convenait davantage que le Tour de l’an dernier par exemple. Ça lui convenait et par ailleurs, il a pris une autre dimension, il a quand même rivalisé d’homme à homme avec les meilleurs, il n’a pas hésité à attaquer Contador, il a même gagné une étape en costaud donc je pense qu’au niveau mental, niveau confiance en lui, il doit avoir beaucoup progressé. Il aura donc peut-être l’occasion de progresser cette année sur le Tour. Après, le Tour, c’est différent, ça va vite du début à la fin. J’espère qu’il sera bien entouré, il peut y avoir des étapes piégeuses notamment à cause du vent.
Culture Sport : Sur le Tour, de qui peut venir la surprise chez les français ?
Laurent Jalabert : Jean-Christophe Péraud, c’est encore l’inconnu, il n’était pas très bien sur la Vuelta l’an dernier, il peut espérer faire quelque chose de bien au général sur le Tour. Je pense que la belle surprise peut venir de Coppel, c’est peut-être le mieux armé pour réaliser un bon classement général. Je pense qu’il sera bon.
Culture Sport : Cette année, comment allez-vous procéder pour faire votre sélection pour le mondial de Copenhague ?
Laurent Jalabert : Il faut avant tout avoir un dialogue avec les coureurs qui auront le bon profil pour le parcours qui sera proposé à Copenhague. C’est un parcours accessible, avec quelques bosses mais la difficulté, c’est surtout la distance, 282kms. Un sprinteur peut gagner. Pour moi, le profil idéal, c’est le coureur de classiques avec une bonne pointe de vitesse. Le Tour de France, c’est une épreuve où la débauche d’énergie est importante, les coureurs ne pensent pas encore à la fin de saison. Il faut voir surtout comment ils vont gérer l’après-Tour. Maintenant, je pars du principe, que tout le monde est sélectionnable, j’avais eu le tort, il y a deux ans, d’annoncer une présélection. Au moment de la Vuelta, on aura déjà plus d’indications. A ce moment-là, ma sélection sera faite. Il y a déjà eu des discussions avec Offredo, R. Feillu. Je pense que pour Feillu, c’est un bon sprint. Il a pris conscience l’an dernier, qu’il pouvait être tout près des meilleurs. Offredo, par exemple, il ne va pas courir le Tour de France, il veut se concentrer sur la fin de saison, c’est plutôt une bonne nouvelle … pour moi !
Pour plus d'informations sur la marque de Laurent Jalabert, rendez-vous sur le site officiel ou sur la page Facebook !
Merci à Laurent Jalabert d'avoir répondu à nos questions, l'équipe Culture Sport lui souhaite un bon Tour 2011 et beaucoup de succès pour sa marque "Hors Catégorie".
Article réalisé et propos recueillis par Emilie Drouet l Images : Site officiel Hors Catégorie