L’Argentine touche le fond

Publié par Martin Bourdin sur 17 Juillet 2011, 13:15pm

Catégories : #FOOTBALL

Défaite par l’Uruguay en quart de finale de la Copa America, l’Argentine sort la tête basse d’une compétition qu’elle organisait. Un échec de plus dans un football national qui semble traverser une crise inédite.

La relégation du mythique River Plate n’était donc qu’un avertissement. Un signal d’alarme tiré pour prévenir que le football argentin, malgré une génération que certaines qualifient de dorée, traverse une crise qui est peut-être plus profonde que ce que nous pouvions penser. Et, finalement, il a fallu que l’Argentine organise la Copa America pour que le monde se rende compte de cette situation. Si le dernier match du groupe, face à une équipe bis du Costa Rica, et le match contre l’Uruguay ont prouvé que l’Albiceleste pouvait produire du jeu, les deux premières rencontres de la compétition ont été catastrophiques.

Pourtant, Sergio Batista, le sélectionneur argentin depuis le renvoi de Maradona après le Mondial 2010, avait tenté de monter une équipe autour du meilleur joueur du monde : Leo Messi. Et avec Tevez, Aguero, Higuain, Di Maria, ou encore Pastore, l’armada offensive argentine était impressionnante. Seulement, pour faire une équipe, il faut aussi du talent au milieu et en défense. Or, c’est bien là que le bât blesse. Entre un Zanetti vieillissant, un Gabriel Milito qui ne joue pas souvent en club, un Nicolas Burdisso irrégulier et un Zabaleta volontaire mais limité, la défense albiceleste ne présente pas les plus grandes garanties. De même au milieu, si Mascherano, Gago ou Banega sont de très bons joueurs, ces trois joueurs possèdent les mêmes qualités.

Lors des deux premiers matchs, l’équipe de Batista manquait de liant entre l’attaque et la défense. Un défaut auquel Pastore, la nouvelle pépite de Palerme, aurait pu pallier, si Batista avait osé lui faire confiance. A la place, le sélectionneur a décidé de remodeler son attaque, en plaçant Messi, sorti sous les sifflets face à la Colombie en soutien d’Higuain, Di Maria et Aguero évoluant sur les ailes. Exit donc le protégé du public argentin, Carlos Tevez, pour faire de la place à Messi, les deux joueurs ayant des difficultés à évoluer ensemble. Et le résultat fut plutôt satisfaisant, puisque l’Albiceleste a réussi à faire exploser la défense Costa Ricaine (3-0).

Face à l’Uruguay aussi, les argentins, Leo Messi en tête, ont fait un excellent match. Et pourtant, cela n’a pas suffit. Un but d’Higuain, sur une passe magique du lutin barcelonais, a permis aux argentins de recoller au score après l’ouverture de Diego Perez. Mais l’expulsion du buteur uruguayen peu avant la mi-temps n’a rien changé : les argentins n’ont pas été capable de trouver une deuxième fois le chemin des filets. A leur décharge, ils sont tombés sur un gardien, Muslera, qui a repoussé toutes les (nombreuses) tentatives argentines. Et finalement, un tir au but manqué par Tevez a achevé d’enterrer tous les espoirs d’un peuple.

Un peuple amoureux de football mais qui s’impatiente à force de voir son équipe échouer dans toutes les compétitions. Depuis 1993, l’Albiceleste n’a plus gagné le moindre titre. Et ce n’est pas les deux finales disputées lors des Copas America 2004 et 2007 qui risquent d’assouvir les envies de reconnaissance. Cet échec risque d’avoir de lourdes conséquences sur l’avenir de la sélection argentine. Tout d’abord, Batista pourrait bien quitter la tête de la sélection tant le jeu proposé ne fut pas à la hauteur des attentes. Ensuite, cette élimination a montré qu’empiler les talents ne suffit pas à remporter des titres. Si on ne peut évidemment pas imaginer une Albiceleste sans Leo Messi, d’autres talents pourrait payer le prix cher, afin de créer une équipe cohérente.

Article réalisé par Martin Bourdin | Images : Reuters

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