C’est un véritable coup de massue. On a encore du mal à réaliser. La nouvelle est tombée dans le treize heures de France 2, mais nous ne voulons pas y croire. Il était encore là, il y a plus d’un mois, pour notre plus grand bonheur. Il commentait le Tour de France pour France Télévisions, avec son franc-parler. Malgré son cancer. Malgré sa voix malade (à cause d'une tumeur qui appuyait sur un nerf). Malgré la fatigue. Cela vous montre un peu le Monsieur qu’il était. Laurent Fignon s’est battu jusqu’à son dernier souffle. Comme il savait le faire sur un vélo, lui le coureur à l’immense palmarès. Triste fin pour un des meilleurs coureurs Français de l’Histoire. Fignon laisse une famille, des amis, des fans, des téléspectateurs orphelins. Le Tour 2011 aura une saveur particulière sans lui.
Dans la dernière édition de la Grande Boucle, son double vainqueur (1983, 1984), recevait des messages de soutien via des panneaux disposés un peu partout sur le territoire hexagonal. Pourtant on pensait qu’il allait mieux au fil des étapes. Mieux qu’à la fin de l’édition 2009. Laurent Fignon, avait demandé à reprendre sa place tous les jours. Mais il est tristement mort. Emporté à, seulement cinquante ans, d’un cancer. Une saloperie de cancer. Il y a un, Fignon avait annoncé dans son ouvrage "Nous étions jeunes et insouciants", qu'il souffrait d'un cancer avancé des voies digestives. Dans ce même livre il avait reconnu la prise d'amphétamines et de cortisone. D’après les médecins, cela n’a pas influé sur la maladie.
"Le professeur" courrait toujours avec ses petites lunettes aux verres ronds et ses petits bandeaux autour de la tête. Fignon a débuté sa carrière professionnelle en 1982, au sein de la formation Renault-Elf-Gitane, après une cinquantaine de victoires chez les amateurs. Dès sa deuxième année chez les grands, Laurent Fignon passe un cap et découvre la Grande Boucle. Son leader Bernard Hinault blessé et donc forfait, il remporte le Tour de France à l’âge de vingt-trois ans faisant de lui le plus jeune vainqueur d’après Guerre. L’année suivante, Hinault s’est enfuit dans l’équipe de La Vie Claire. Les deux hommes deviennent donc rivaux pour la première fois sur les routes du Tour. Mais ça n’empêchera pas le plus jeune de récidiver, avec le maillot de Champion de France sur les épaules. En 1985, Laurent Fignon ne peut défendre son titre et glaner une troisième couronne à cause d’une blessure au talon d’Achille. Il est obligé de se faire opérer. C’est le début d’une longue série de blessure, mais il signe chez Système U en 1986. Septième de la Grande Boucle en 1987, il abandonne un an plus tard après avoir déjà été distancé par son équipe lors d’un contre-la-montre.
1989 est l’année de la résurrection pour le champion tricolore qui s’offre dès le début de la saison un deuxième Milan-San Remo. Quelques mois plus tard, il s’adjuge le Giro, toujours sur les routes Italiennes. Avec ses très belles performances, il débarque sur le Tour de France plus motivé que jamais. Tout le monde s’attendait à un duel avec l’Espagnol Pedro Delgado. Mais le tenant du titre passe complètement à côté de son début de Tour. Le plus farouche rival de Fignon lors de cette 76ème édition est Greg LeMond. L’Américain ressuscite lui aussi de ces cendres après un grave accident de chasse deux ans plus tôt. Après plusieurs échanges de Maillot Jaune, LeMond remporte cette Grande Boucle incroyable. Lors du dernier chrono, tracé entre Versailles et Paris, Fignon s’incline pour seulement huit minuscules secondes. Huit secondes après s’être battu corps et armes pendant 3285 kilomètres. Sur les Champs-Élysées, Laurent s’effondre. Son équipe avait caché sa douleur à la selle. Fignon ne rejoindra jamais le Belge Thys et son compatriote Bobbet au palmarès de la plus grande course au Monde.
Lors des Championnats du Monde, disputés à domicile, à Chambéry, Laurent Fignon pensait devenir Champion du Monde. Mais Greg LeMond, encore lui, a mis fin à ses espoirs de Maillot Arc-en-ciel. Le Français ne grimpera même pas sur le podium, mais se consolera en terminant la saison numéro un mondial.
Fignon quitte la Grande Boucle 1990 par la petite porte. Il revient plus fort un an plus tard. Après une belle prestation dans les Pyrénées où il figure avec les meilleurs, le Français est un peu plus à la peine dans le massif Alpestre. Sixième à Paris, le Parisien quitte Castorama pour la formation Italienne Gatorade, où court le Champion du Monde Gianni Bugno. Lors du Tour 1992, Laurent glane sa dernière victoire d’étape. C’était à Mulhouse, au terme d’une longue échappée en solitaire dans les Vosges, après avoir gravi le Ballon d’Alsace. L’année 1993 est sa dernière en tant que coureur pro. Il quitte le peloton sur un dernier abandon dans la Grande Boucle. Une épreuve qu’il aimait tant. Celle qui l’a révélé.
Après sa carrière, il organise Paris-Nice en 2000 et 2001 avant de revendre les droits à ASO et monte son propre Centre, où il organise des stages cyclistes pour tous les niveaux, au pied des Pyrénées. Laurent Fignon devient surtout un consultant de choix. Un commentateur aimé par les téléspectateurs et reconnu par les spécialistes. Il rejoint d’abord Eurosport avant d’intégrer l’équipe des sports de France Télévisions en 2006. Fignon avait également une place à Europe 1.
Aujourd’hui, à la mi-journée, un grand Monsieur du sport s’est éteint à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Nous adressons nos plus sincères condoléances à tous les proches de Laurent Fignon.
Article réalisé par Nicolas Gréno l Image : AFP
Laurent Fignon, adieu Monsieur "le professeur"
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