Cela fait 26 ans que l’on se demande quasiment chaque année qui sera le successeur de Bernard Hinault. Mais cela fait également 14 ans qu’on attend qu’un français soit capable de remporter Paris-Nice et de prendre la relève de Laurent Jalabert, trois fois vainqueur de la course au soleil. Malgré quelques podiums ces dernières années (Chavanel en 2009, Casar et Jalabert en 2002), la tendance ne semble pas prête de s’inverser. A moins d’un miracle …
Chavanel et Péraud, les têtes d’affiche
Si la France ne dispose ni de grands grimpeurs ni de grands sprinteurs, elle n’a encore moins de grands rouleurs. La plupart des tricolores devraient donc perdre entre deux et trois minutes dans le contre-la-montre de 27 kilomètres entre Rognes et Aix-en-Provence et ainsi toute chance de victoire finale ou même de top 10. Seuls trois ou quatre français ont les moyens de limiter la casse, au premier rang desquels on retrouve Sylvain Chavanel et Jean-Christophe Péraud. Mais le premier semble sur la pente descendante depuis un an et demi, ses victoires dans le Tour de France étant un peu l’arbre qui cache la forêt. Il y a deux ans, le natif de Châtellerault sortait d’une belle deuxième place en Algarve et s’était montré à son avantage dans les semi-classiques belges. Cette année, il a été bien discret (seulement 12ème en Algarve) et semble tout simplement moins fort qu’en 2009 où il rivalisait avec les meilleurs sur des terrains différents. Egalement moins rapide en contre-la-montre (il n’a plus été champion de France de la spécialité depuis 2008), il doit compter sur une course de mouvement et quelques coups de trafalgar les premiers jours pour décrocher un bon classement général. La vraie chance française repose donc sur les épaules de Jean-Christophe Péraud qui à 34 ans semble sur la pente ascendante. Après avoir découvert le Pro-Tour avec succès en 2010 (4ème du Tour du Pays Basque, 8ème de Paris-Nice), il pourrait bien viser plus haut cette année comme l’atteste sa deuxième place sur le Tour Méditerranéen derrière un David Moncoutié intouchable dans son jardin du Mont Faron. Spécialiste de l’effort solitaire (il aimerait participer au CLM des JO 2012), le toulousain a tous les atouts pour figurer dans le top 5 de l’épreuve. De là à pouvoir l’emporter ? Pas certain. A un degré moindre, Damien Monnier sait à peu près tout faire mais quel est son niveau de forme ? De même, Romain Sicard a quelques atouts à faire valoir lors des épreuves chronométrées, mais a-t-il vraiment l’étoffe du grand coureur comme tout le monde l’a dit à ses débuts professionnels ?
Des victoires d’étapes
Le reste du peloton français semble donc condamné à devoir jouer les victoires d’étapes. Et dans la catégorie puncheur/baroudeur, la France n’a rien à envier à personne. Avec des coureurs comme Voeckler, Fédrigo, Casar, Rolland, Gautier, Riblon ou encore Romain Feillu, Anthony Ravard et William Bonnet pour les arrivées au sprint, il serait surprenant qu’une étape au moins ne revienne pas à nos représentants. Avec six victoires sur le dernier Tour de France, ils ont montré qu’ils avaient un certain savoir faire dans ce domaine. A défaut de maillot jaune, on se contentera bien de quelques bouquets…
Article réalisé par Fabien Dézé l Image : L'Equipe/AFP