Aces puissants, amorties de prestige, succession de coups droits dévastateurs saupoudrés de revers à faire saliver, le tout accompagné de passings millimétrés et d'une couverture de terrain de génie... Les amateurs de la petite balle jaune n’ont cette année encore pas été déçus du spectacle proposé. Culture Sport a ainsi sélectionné dix matchs, matchs qui sont particulièrement sortis du lot, de part leur score, leur déroulement et bien sur leur qualité. Dix match de prestige pour revivre une saison forte en émotions. Première partie.
10. Rafael Nadal bat John Isner : 6-4, 6-7(2), 6-7(2), 6-2, 6-4 (Roland Garros, premier tour, terre battue)
Tenant du titre, Nadal arrivait avec une confiance en berne Porte d’Auteuil, battu lors des deux finales précédentes sur terre battue par Djokovic. Son premier tour dans son jardin favori n’allait pas être de tout repos face au redoutable et immense (2m08) serveur qu’est Isner. De mémoire, Nadal n’était jamais apparu aussi fébrile sur le court central, hormis lors de son unique défaite dans le tournoi (en sept ans !), face à Soderling. Malmené en retour, bloqué dans ses attaques, mal à l’aise en fond de court, l’Espagnol subit ce jour là comme rarement sur l’ocre, allant jusqu’à se retrouver mené deux sets à un. Disputant son premier match en cinq sets à Paris, Rafa allait ensuite régler la mise pour empocher un 39e succès en quarante confrontations parisiennes, bien aidé par son physique en fin de match. Mais que ce fut dur. C’est par ailleurs la première fois que Nadal perd un set au premier tour dans le tournoi. Très belle résistance d’Isner qui aura flanché physiquement dans les deux dernières manches. Difficile cependant de briller sur la durée avec comme principale (et seule véritable) arme le service.
9. Novak Djokovic bat Andy Murray : 6-1, 3-6, 7-6(2) (Rome, demi-finale, terre battue)
« Je viens juste de voir la compilation des meilleurs coups joués avec précision et avec les tripes que je n'ai jamais vus. Merci à Andy Murray et à Novak Djokovic. Vous êtes tous les deux des champions. » Un tweet posté par Bob Bryan, numéro un mondial en double, juste après la rencontre, qui reflète à merveille l’envergure de l’affrontement. Un Djokovic inarrêtable face à un Murray au sommet de son art. Un score dévastateur dans le premier set qui ne reflète pas l’intensité du combat. Avant un réveil magistral de Murray, enfin performant sur ses mises en jeu, lors du deuxième set. Le public assistait bel et bien à un moment rare. Joueur invincible jusqu’alors, le Serbe a été poussé jusque dans ses derniers retranchements. Une défense de fer, des coups de raquette (et de gueule) malicieux usaient à petit feu le Djoker. Murray servit même pour le match à 5-4 lors du troisième set. En vain, la rencontre s’emballant encore plus. Une accélération finale du Serbe, bien que touché aux adducteurs, lui offrait la victoire finale, une 36e consécutive en 2011. Une victoire d’un grand champion. Mais deux champions étaient bel et bien sur le court. Plus de trois heures de bonheur.
8. Andy Murray bar Viktor Troicki : 4-6, 4-6, 6-3, 6-2, 7-5 (Roland Garros, huitième de finale, terre battue)
Match en un set ou match en cinq sets ? Murray et Troicki ont en effet vécu une situation particulièrement inédite, étant interrompus par la nuit à deux sets partout. Quatre manches auparavant folles où Troicki avait effectué un départ pied au plancher avant de voir le Britannique se réveiller et recoller au score de la plus belle des manières. Face à un Serbe peu affuté en défense mais très vivace sur le court, une série de frappes appuyées de la part de Murray, combinées à une plus forte concentration, lui ont ainsi permis de revenir dans la partie. Sans faire grande impression mais en montrant des qualités mentales impressionnantes, Murray finit par décrocher la victoire au bout du cinquième set. Un ultime set long de plus d’une heure, à l’image du match épique que les deux joueurs venaient de vivre. Une victoire décrochée au sang froid pour le Britannique, qui était souffrant de la cheville. Deux ans après, il retrouve les quarts de finale de l’épreuve, égalant ainsi sa meilleure performance parisienne.
7. Jo-Wilfried Tsonga bat Roger Federer : 3-6, 6-7(3), 6-4, 6-4, 6-4 (Wimbledon, quart de finale, gazon)
Le All England Tennis Club ne s’en est sans doute pas encore remis. Sextuple lauréat du tournoi et éternel favori sur gazon, Federer est tombé face à un adversaire que l’on attendait pas à un tel niveau. Jamais le Suisse n’avait perdu une rencontre en Grand Chelem en menant deux sets à rien, cela en dit long sur la performance du Français. Qui aurait cru pareille performance, l’aurait imaginé comme même concevable ? Bien peu de monde. De spectateur lors des deux premières manches, face à la maestria tennistique de Federer, il devient acteur lors des trois dernières manches. Sur une autre planète en début de match, le Suisse retombe ensuite sur terre, laissant au manceau l’initiative du jeu. Jouant plus juste, mettant une pression dantesque sur l’Helvète, retrouvant au meilleur moment son service (73% des points gagnés derrière sa première balle), Tsonga cogne, cogne et cogne, rappelant sa demi-finale également victorieuse de l’Open d’Australie 2008 face à Nadal. Un dernier jeu blanc l’enverra au septième ciel, après un marathon de plus de trois heures. Depuis 2003, c’est seulement la deuxième fois que Roger Federer n’atteint pas le dernier carré londonien. Un exploit majuscule pour Tsonga.
6. Ivan Dodig bat Rafael Nadal : 1-6, 7-6(5), 7-6(5) (Montréal, deuxième tour, dur)
Une rencontre qui s’annonçait à sens unique. En tête 6-1, 3-1 puis 6-1, 6-7(5) 5-3, Nadal a pourtant eu toutes les occasions possibles et inimaginables pour conclure aisément la partie. Par deux fois cependant, il lâcha prise, sans que l’on comprenne pourquoi, tant cela ne lui ressemble pas. L’Espagnol n’avait pas perdu d’entrée dans un Masters 1000 depuis trois ans, c’est désormais chose faite, au terme d’un match qu’il aurait du conclure bien plus rapidement. Mais Dodig n’est pas né de la dernière pluie et, laissant à de nombreuses reprises passer l’orage, il n’a cessé de s’accrocher pour, à la surprise générale, remporter le match. Très agressif et solide dans sa tête, il profita ainsi des nombreuses sautes de concentration du numéro deux mondial, que l’on a vu bien plus en jambes. La « plus belle victoire » de Dodig selon ses propres termes, décrochée par le 41e mondial au terme de 3h08 d’un combat intense. Une des plus folles remontées de l’année sans aucun doute, la plus inattendue certainement.
Article réalisé par Gwendal Le Priellec
Crédits photo et vidéos : AFP, Youtube