Aces puissants, amorties de prestige, succession de coups droits dévastateurs saupoudrés de revers à faire saliver, le tout accompagné de passings millimétrés et d'une couverture de terrain de génie... Les amateurs de la petite balle jaune n’ont cette année encore pas été déçus du spectacle proposé. Culture Sport a ainsi sélectionné dix matchs, matchs qui sont particulièrement sortis du lot, de part leur score, leur déroulement et bien sur leur qualité. Dix match de prestige pour revivre une saison forte en émotions. Seconde partie.
5. David Nalbandian bat Lleyton Hewitt : 3-6, 6-4, 3-6, 7-6(1), 9-7 (Open d’Australie, premier tour, dur)
Le remake de la finale de Wimbledon 2002, remportée par Hewitt, fut à la hauteur de l’évènement. 4h48 pour départager deux immenses champions. A l’inverse de Wimbledon, l’ex numéro un mondial a cette fois ci fini par céder. S’il y a des matchs qui ne méritent pas d’avoir de perdant, celui en fait partie, tant les deux joueurs ont développé un tennis fantastique. Au bout d’eux-mêmes, deux sportifs, deux hommes, se sont sublimés. Ce match valait infiniment mieux qu’un simple premier tour en Grand Chelem. La combattivité à toute épreuve d’Hewitt face aux coups de raquette de génie de Nalbandian, quoi de mieux pour rêver ? L’Australien pourra d’ailleurs s’en vouloir longtemps, ayant obtenu quatre balles de double break à 3-1 dans le quatrième set, puis deux balles de match dans le cinquième set à 6-5 service adverse. Nalbandian alliera ainsi physique et mental pour remporter le match au forceps. Joie intense d’un côté, détresse inouïe de l’autre. Hewitt est à nouveau défait dans son tournoi, devant un public plus qu’acquis à sa cause, lui l’enfant du pays. Jamais vainqueur en ses terres, il vient très certainement de laisser filer l’une des dernières occasions d’y briller. Mis à 29 ans chacun, talent, aisance, motivation, classe et intensité, tout était réuni. Messieurs, chapeau bas !
4. Novak Djokovic bat Roger Federer : 6-7(7), 4-6, 6-3, 6-2, 7-5 (US Open, demi-finale, dur)
Un an après, la même, mais en mieux. Remake de la demi-finale 2010, ce Djokovic-Federer allait cependant surpasser, et de loin, celui de l’an passé. Version 2010, le Djoker avait du sauver deux balles de match à 5-4 dans le cinquième set, avant de finalement s’imposer. Version 2011, le show en valait la chandelle. Revenant d’abord à deux sets partout après avoir été mené deux sets à rien, Djoko revient ensuite à hauteur de son adversaire dans la dernière manche, pourtant mené 5-3 (40-15), sauvant à nouveau deux balles de matchs. Le tout avant de coiffer sur le poteau le Suisse pour s’offrir une seconde finale consécutive à Flushing Meadows. C’est seulement la seconde fois dans toute la carrière du Suisse (après Wimbledon en juin) qu’il perd en cinq sets ayant mené par 2-0, cette fois ci face à un Djokovic qui cette année marche sur l’eau et déplace les montagnes. C’est au mental que le Serbe est allé cherché cette victoire, aidé par une confiance sans équivoque à l’heure actuelle sur le circuit. Plus frais physiquement que le Suisse sur la fin de match, qui reste cependant maître dans le jeu, Djokovic s’offre une victoire de prestige au terme de 3h51 de maestria tennistique. Le quintuple vainqueur de l’épreuve n’aura jamais été aussi près d’une énième finale. Mais il en est ressorti K-O. L’année est Serbe.
3. Rafael Nadal bat Juan Martin Del Potro : 1-6, 6-4, 6-1, 7-6(0) (Coupe Davis, finale, terre battue)
Que la Coupe Davis est belle. Nadal-Del Potro ou une partie grandiose pour clôturer 2011 de la plus belle des manières. Les 22 000 spectateurs Sévillans en ont ainsi eu plein les yeux pendant plus de quatre heures. Impressionnant d’entrée de jeu, mettant à mal comme jamais Nadal sur sa terre battue, à l’aide d’une force de frappe époustouflante et d’un coup droit particulièrement affuté, Del Potro n’a pu, malheureusement pour l’Argentine, tenir le rythme plus de deux sets. S’effondrant ensuite sur le plan physique, il n’a pu rivaliser avec le maître sur terre battue, pourtant bien malmené lors de ce match. Un quatrième set d’anthologie viendra clôturer un match ou il ne fallait pas être cardiaque. Deux débreaks concédés par Nadal, un Del Potro menant 5-3, avant de se faire rejoindre au score, Nadal breakant, menant 6-5 sur son service … avant de le perdre à nouveau, le tout débouchant sur un tie-break à sens unique pour l’Espagnol, le set fut bien rempli. Pour la première fois de sa carrière, Nadal offre le point décisif à son Espagne, lui permettant de conquérir un cinquième Saladier d’Argent depuis 2000. Un Del Potro impressionnant n’aura pu contrer un Nadal qui arrivait pourtant usé physiquement et mentalement à Séville. La terre battue, plus qu’un électrochoc, lui va à merveille. Maître est Nadal sur ocre. 2. Roger Federer bat Novak Djokovic : 7-6(5), 6-3, 3-6, 7-6(5) (Roland Garros, demi-finale, terre battue)
41 victoires consécutives, pas une de plus. Le grand Federer est de retour, le premier à mettre en échec Novak Djokovic cette année. Le tennis de ses meilleures années dans sa raquette, face à un Serbe débordant de confiance et de talent, auront été les ingrédients d’un match de folie. Il aura fallu attendre le 3 juin pour voir le Djoker tomber, et de quelle manière ! Djokovic a trouvé son maître en la personne de l’ancien numéro un mondial, qui fut éclaboussant de talent tout au long du match. La première manche fut à l’image du match, remplie de coups magiques, tous plus beaux à voir les uns que les autres. 1h10 de bonheur conclue au tie-break. Revenant dans la partie au terme d’effort impressionnants, l’issue du match n’en était que plus incertaine à deux manches à une en faveur du Suisse. Mais Federer, retrouvant toute sa superbe, a ensuite rappelé pourquoi ce fut bel et bien lui qui domina le circuit pendant 285 longues semaines. Djokovic n’égalera pas le record de victoires consécutives de McEnroe tandis que Federer retrouvera son meilleur ennemi Nadal en finale du tournoi. Cela valait bien un exploit, les images parlent d’elles-mêmes.
1. Novak Djokovic bat Rafael Nadal : 6-2, 6-4, 6-7(3), 6-1 (US Open, finale, dur)
Le match à ne pas louper en 2011. Finale du dernier Grand Chelem de l’année, la partie fut le condensé parfait de la saison tennistique. Un combat titanesque entre Djokovic et Nadal, numéros un et deux mondiaux, duquel sortit vainqueur, pour la sixième fois d’affilée, le Serbe. Djokovic, à nouveau, était plus fort. Il aura littéralement terrassé un Nadal toujours aussi courageux qui se sera battu jusqu’au dernier point. Mais cela n’aura pas suffi. Un courage remarquable, une abnégation héroïque, Rafa n’aura jamais lâché et toujours tenté de s’accrocher. En vain. En face, l’ouragan Djokovic ne lui aura laissé aucune chance. Incapable de produire le tennis pour faire chuter Djokovic, qui n’a jamais aussi bien joué sur dur, le sort était irrémédiablement scellé. Deux premières manches gérées de main de maître par le Djoker lui promettaient une victoire facile. Une réaction d’orgueil de champion de la part du Majorquin lors du troisième set relança le match. Dos au mur, poussé par cette haine de la défaite, jamais Nadal n’a semblé aussi déterminé sur un court, lançant ses dernières forces dans la bataille pour conquérir un troisième set et un tie-break d’une qualité à en couper le souffle. Vidé physiquement, il sombra ensuite, laissant Djokovic plier d’une main de fer le match. Petit Chelem Serbe pour Djokovic qui aura frôlé l’excellence dans le jeu. Un niveau de jeu quasi-excellent de Djokovic face à la résistance épique de Nadal, voila comment pourrait se résumer l’année passée. Mais 2011 est plus que jamais l’année du Djoker.
Article réalisé par Gwendal Le Priellec
Crédits photo et vidéos : AFP, Youtube