Le risque zéro n'existe pas dans les disciplines mécaniques. Ce serait une grossière erreur que de penser le contraire. Certes, les pilotes ne meurent plus par dizaines, et depuis la rafle organisée à Imola par la Faucheuse en 1994, plus aucun décès n'est réellement médiatisé. Mais une erreur est si vite arrivée. A grande vitesse, elle ne pardonne pas. En une fraction de seconde, la vie d'un pilote peut s'arrêter. Non rassasiée de ses précédentes conquêtes, la Faucheuse s'est trouvée une nouvelle cible : Robert Kubica. La vie du Polonais aurait pu s'arrêter au début du mois de Février de cette année 2011... Récit de la carrière d'un drôle de bonhomme.
Qui est Robert Kubica ?
Robert Kubica est un pilote de Formule 1. Il est né le 7 décembre 1984 à Cracovie, en Pologne. Kubica effectue ses débuts officiels en Grand Prix lors du l'épreuve en Hongrie en 2006, en remplacement de Jacques Villeneuve, chez BMW-Sauber. Il séduit les dirigeants de l'écurie et est préféré au Canadien pour le reste de la saison. Premier, et toujours seul pilote polonais à évoluer dans la discipline reine, il fait la fierté d'un pays où l'engouement populaire pour les sports mécaniques est assez restreint.
Ses statistiques
Lors de sa première saison, Kubica dispute six Grands Prix et termine deux fois dans les points, dont une fois sur le podium, en Italie. Il termine la saison avec 6 points au compteur.
L'année suivante, le Polonais termine 6ème du championnat, en inscrivant 39 points, mais sans jamais terminer sur le podium.
En 2008, il réalise sa meilleure saison, terminant 4ème du championnat. Kubica monte sept fois sur le podium et signe une victoire de prestige au Canada, un an après avoir connu un grave accident sur ce circuit.
Avec une monoplace peu performante en 2009, Kubica réalise une saison dans l'anonymat et se classe 14ème du championnat. BMW mettant fin à son activité en F1, il décide de partir pour Renault.
Le Polonais termine 8ème du championnat et réalise 3 podiums lors d'une saison où il s'affirme comme un véritable pilote d'avenir. La saison 2010 laisse entrevoir de belles chose pour 2011...
A ce jour, Robert Kubica totabilise 76 départs, 1 victoire, 1 pôle-position et 1 meilleur tour en course. Il est monté 12 fois sur le podium et a inscrit 273 points.
Kubica et le Canada : divine idylle
Le Canada occupe une place particulière dans la vie de Robert Kubica. Involontairement, certes. L'idylle commence en 2007, sur le circuit Gilles Villeneuve. Alors qu'il réalise une course quelconque, le Polonais tente de doubler la Toyota de Jarno Trulli. Un contact s'ensuit alors entre les deux voitures et la BMW de Kubica sort de la piste. Tout s'enchaine alors très rapidement. En quelques secondes, la monoplace décolle, s'écrase contre un mur avant de revenir sur la piste en effectuant plusieurs tonneaux. Elle finit par s'écraser une nouvelle fois contre un rail de sécurité. Le pire est alors envisagé, à la vue de la voiture, dont il ne reste que la coque. Les secours arrivent alors et parviennent à désincarcérer le Polonais de ce qu'il reste de sa voiture au bout de longues minutes. Direction l'hôpital pour Kubica. Le verdict tombe : Robert Kubica souffre... d'une entorse à la cheville ! Non traumatisé par son accident, le Polonais désire même participer au Grand Prix des États Unis la semaine suivante. Les médecins lui interdiront. Ce miracle sera même cité lors du processus de canonisation de Jean Paul II, dont Kubica gardait soigneusement une photo dans son casque...
Un an plus tard, Kubica retourne sur ce même circuit pour y disputer le Grand Prix du Canada 2008. L'accident vécu douze mois plus tôt ne perturbe pas plus que cela le Polonais, qui signe sa première et unique victoire en Formule 1... Paradoxal, vous me dites ? Non, Kubiceste...
Pourquoi Kubica est-il si médiatisé ces temps-ci ?
Robert Kubica a été victime d'un grave accident le 6 février dernier, alors qu'il s'adonnait à sa passion, le rallye. Il participait à une petite course italienne, nommée Ronde Di Andora, au cours de laquelle un des participants, Franco Ballerini, avait déjà trouvé la mort l'an dernier. Un rallye maudit, donc. Le Polonais aborde cette course tranquillement, à bord de sa Skoda Favia, louée pour l'occasion, malgré la réticence de Renault de voir participer sa poule aux œufs d'or à un rallye régional quelques semaines avant le début du championnat, et sur une marque concurrente, de plus.
Après 4,6 kilomètres de course, c'est le drame. Chaussée glissante ? Pneus pas assez en température ? Défaut de la route ? Peut-être l'un, peut-être tout. Le fait en est que le pilote Lotus-Renault perd le contrôle de sa voiture et percute un rail de sécurité qui s'encastre dans la Skoda. Dans toute la longueur de la Skoda. Fort heureusement, celui-ci traverse la voiture entre Kubica et son coéquipier et compatriote Jacub Gerber. Ce dernier s'en sort indemne, pas Kubica. Le rail en métal lui a abimé une bonne partie de ses membres droits. En regardant sa main droite partiellement sectionnée, le Polonais perd connaissance.
Les secours interviennent le plus rapidement possible et parviennent, au bout d'une heure, a désincarcérer le pilote, tant bien que mal, et à le transférer par hélicoptère vers l'hôpital le plus proche. Arrivé dans un état critique, les médecins de l'hôpital de Santa Corona réussissent à le stabiliser. Le diagnostic tombe : Kubica souffre de multiples fractures au fémur, à l'avant-bras et à la main droite. Après plusieurs longues opérations, l'état du Polonais s'améliore mais il devra rester encore plusieurs semaines à l'hôpital afin d'éviter d'éventuelles complications, avant de commencer une longue rééducation.
Kubica va-t-il s'en sortir et reprendre la F1 ?
A priori, Robert Kubica devrait s'en sortir. Ses blessures au fémur et à l'avant-bras ne devrait pas l'empêcher de retrouver l'usage de ses membres. Le cas le plus épineux reste celui de sa main. Un temps évoquée, l'amputation ne devrait pas avoir lieu. Cependant, difficile de dire si Kubica pourra reprendre la Formule 1 un jour. En grande partie sectionnée, les médecins ont réussi à revasculariser sa main droite mais le Polonais risque de perdre de la sensibilité et de la force dans cette partie du corps. Sans force dans sa main droite, impossible de reprendre le sport auto à haut niveau.
Malgré tout, ce n'est pas dans le tempérament de Robert Kubica de se laisser abattre à la moindre blessure. En 2003, il fut victime d'un accident de la route où ce même bras droit avait été salement amoché. Les médecins lui prédisaient qu'il ne reprendrait jamais le sport auto à haut niveau. 4 heures de rééducation par jour pendant 1 mois et l'annulaire du Polonais se remet à bouger. A force de courage et d'abnégation, Kubica réussit l'impossible. Pourra-t-il rééditer cet exploit ? A lui de nous le prouver. Les médecins parient sur un an de rééducation avant qu'il ne retrouve l'usage complet de sa main, Flavio Briatore le voit de retour en F1 dans 6 mois. Espérons que le fantasque Italien ait raison.
Qui pour remplacer Kubica durant sa convalescence ?
Plusieurs noms sont évoqués pour remplacer Robert Kubica pendant son absence. Peu crédibles, les pistes Hulkenberg et Liuzzi, tous les deux au chômage forcé, ont été rapidement abandonnées, tout comme l'idée de titulariser un jeune réserviste, comme Jan Jarouz, Fairuz Fauzy ou Ho-Pin Tung. Romain Grosjean, troisième pilote fut pré-senti mais son manque d'expérience (1/3 de saison en remplacement de Nelsinho Piquet) lui a couté cher, d'autant plus que s'il était aligné avec Vitaly Petrov, les deux compères culmineraient à 26 Grands Prix... Un peu plus expérimenté mais pas réellement meilleur, Bruno Senna, neveu du regretté Ayrton, a obtenu lui le droit de participer aux tests de pré-saison. Les temps réalisés par le Brésilien ne devraient cependant pas lui permettre d'espérer conduire une Lotus-Renault à Bahreïn le 13 mars prochain. La faute à qui ? Au revenant Nick Heidfeld. L'Allemand (encore un...) a hissé la Lotus-Renault en haut de la feuille de temps de la journée d'essais du 12 Février. Avec plus de 170 Grands Prix au compteur, nul doute qu'Éric Boullier devrait lui donner sa chance...
Culture Sport souhaite un prompt rétablissement à Robert Kubica, et espère revoir ce pilote réservé mais attachant et travailleur au volant d'une monoplace au plus vite.
Article réalisé par : Etienne Escuer l Images : kubica-overblog / toilef1 / thisislondon / renaultf1 / rtbf