Et de quatre ! Après l’Open d’Australie, Roland Garros et Wimbledon, l’US Open va cette semaine ouvrir ses portes. Suite à l’ouragan Irène qui s’abat sur l’est des Etats-Unis, le tournoi avait été retardé à mardi mais débutera bel et bien aujourd’hui, à 17 heures heure française. Deux semaines folles en perspective sur le dur américain pour le quatrième et dernier Grand Chelem de la saison. Dans quel niveau de forme se présentent les favoris, qui pour briller à Flushing Meadows, doit-on s’attendre à un chamboulement général ? Sur Culture Sport, l’US Open débute dès à présent ! Première partie de la présentation.
Présent sur le circuit depuis 1881, l’US Open, dernier tournoi du Grand Chelem annuel qui se joue depuis sa création fin août, est réputé pour son palmarès plus que prestigieux. En effet, 16 des 24 numéros un mondiaux masculins de l'histoire ont remporté au moins une fois les internationaux des Etats-Unis, ce qui est plus que tous les autres tournois du Grand Chelem. A voir si Djokovic, tout nouveau numéro 1 mondial, parviendra à faire de même. De plus, depuis que le tournoi a posé ses valises à Flushing Meadows, c'est-à-dire en 1978, tous les vainqueurs ont été ou sont devenus par la suite numéros un mondiaux, à l’exception de Del Potro, titré en 2009. De quoi donner des idées à certains.
Auparavant disputé sur gazon, puis pendant trois ans sur terre battue, le tournoi est désormais fidèle au dur, utilisé depuis 1978. Il se dispute désormais sur « Decoturf », un type de surface dure, ce qui en fait la surface la plus rapide des quatre tournois du Grand Chelem. La balle y est donc un peu plus rapide, favorables aux adeptes du service volée ou aux gros serveurs entre autres.
US Open / Internationaux des Etats-Unis
Créé en 1881 - Champions les plus titrés : William Larned, Richard Sears, William Tilden (7 titres mais avant le tennis moderne (Ere Open), soit avant 1968) ; Jimmy Connors, Pete Sampras, Roger Federer (5 titres depuis le début de l’Ere Open en 1968)
Grand Chelem
Dur - Victoire en trois sets gagnants
Prime au vainqueur : 2 000 points
Tenant du titre/Finaliste : NADAL/Djokovic (6-4, 5-7, 6-4, 6-2)
DES ENJEUX CRUCIAUX
Cette édition 2011 s’annonce d’ores et déjà passionnante, au vu des joueurs engagés et des surprises des dernières semaines. Ce n’est pas que les années précédentes manquaient d’intérêt, loin de là. Les enjeux de cette année sont vraiment à la hauteur de l’évènement et promettent une quinzaine spectaculaire d’une intensité rare.
Premier enjeu de taille : la place de numéro un mondial. Elle revient pour l’instant à Djokovic, qui va étrenner son tout nouveau statut lors de la quinzaine. Place qu’il conservera à l’issue du tournoi. Son avance actuelle est de plus de 2 000 points sur Nadal, tenant du titre, qui ne peut donc gagner aucun point, mais en perdre de précieux. Federer est encore trop loin au niveau comptable pour jouer la première place à court terme. Djokovic est donc assuré de ressortir numéro un mondial du tournoi, avec une avance qu’il pourrait, dans le meilleur des cas, consolider, ou dans le pire des cas, voire se réduire.
Autre enjeu d’importance, pour les tous meilleurs mondiaux : engranger des points en vu du Masters qui se tient en fin de saison. Le Masters de Londres réunit en effet les huit meilleurs joueurs mondiaux de l’année, meilleurs joueurs déterminés par le classement Race qui ne tient en compte que les points obtenus durant l’année en cours. Ainsi, pour le moment, seuls Djokovic et Nadal sont assurés d’y participer. Le Top 15 mondial est donc en quête de points.
Autre enjeu de taille : la course au titre. Flushing Meadows est un des jardins de Federer (5 titres au compteur) mais il semble cette année en retrait. Djokovic n’a jamais brillé ici mais sur la lancée de sa saison, une victoire de sa part n’est pas impossible, si la fatigue ne le terrasse pas. Quant à Nadal, il n’affiche pas le même niveau que l’an passé et conserver sa couronne apparait comme difficile. Mais de nombreux outsiders ont également leur mot à dire.
Premier Grand Chelem en tant que numéro un pour Djokovic
QU’ONT APPORTE LES TOURNOIS DE PREPARATION ?
Cinq tournois émaillent la préparation à Flushing Meadows, tournois ayant lieu aux Etats-Unis et au Canada. C’est donc une sorte de mini tournée nord Américaine qui permet aux joueurs de peaufiner leur préparation en vue du tournoi new-yorkais. Atlanta, Los Angeles, Washington, Montréal et Cincinnati étaient ainsi au programme.
Tournois de préparation et vainqueurs
Atlanta : ATP 250 Series : Fish
Los Angeles : ATP 250 Series : Gulbis
Washington : ATP 500 Series : Stepanek
Montréal : Masters 1000 : Djokovic
Cincinnati : Masters 1000 : Murray
Plusieurs enseignements sont à tirer de ces différents tournois. Le premier d’entre eux a permis a un local, Mardy Fish, de se faire remarquer. Brillant vainqueur à Atlanta, face il est vrai à une pâle opposition, il est toujours intéressant de parvenir à s’imposer à domicile, sur une surface qui convient au niveau du jeu. De nombreux joueurs américains y avaient d’ailleurs bien figuré, à l’image d’un Isner finaliste et d’un Harrison demi-finaliste. Parmi ces Fish et Isner, on pourrait ici retrouver deux probables outsiders lors de la quinzaine, capable d’aller chatouiller les meilleurs.
Los Angeles est à part. Gulbis y a été titré, revenant de plusieurs mois de galère. Mais il s’est depuis à nouveau éclipsé et ses performances alternent entre le bon et, plus souvent, le mauvais. A nouveau, Fish s’y était montré à son avantage, se hissant jusqu’en finale. Mais à l’image d’Atlanta, la concurrence n’était pas rude, les principaux joueurs du circuit étant encore en phase de reprise après Wimbledon.
Les choses sérieuses commencèrent avec Washington, qui présentait un plateau déjà plus garni. De nombreux outsiders au titre new-yorkais y participaient, à l’image d’un Monfils ou d’un Verdasco. Deux joueurs qui ont d’ailleurs faire parler la poudre, le premier rejoignant le dernier carré tandis que l’Espagnol, dont le dur est la surface qui convient le mieux à son jeu, se hissait en quarts. Le vainqueur était en revanche la surprise du chef, Stepanek revenant sur le devant de la scène. L’ex huitième de finaliste à l’US Open a donc retrouvé de bonnes sensations sur la surface et pourrait s’avérer être un adversaire coriace à affronter. Isner, demi-finaliste, s’y est à nouveau fait remarquer, tout comme Baghdatis qui apprécie particulièrement le dur. Pléiade d’outsiders, mais pas réellement de favori dans la course au titre new-yorkais.
Montréal et Cincinnati étaient donc les eux véritables plateformes d’essais. Et les gros y ont montré le bout de leur nez. Mais seulement le bout car de nombreuses déceptions étaient également au rendez-vous. Murray et Djokovic ont tous deux assuré, remportant chacun un titre. Le Serbe partira bien évidemment favori pour décrocher le Graal à Flushing Meadows, alors que Murray est un postulant très sérieux à la victoire finale. En plus d’un éventuelle baisse physique de Djokovic, il pourrait profiter de la méforme actuelle de Nadal, éliminé prématurément lors de ces deux tournois. Du pain sur la planche donc s’il veut conserver son titre. Mais Federer n’est pas non plus à la fête, lui aussi sorti bien plus tôt qu’il ne l’avait envisagé. Fish s’y est en revanche à nouveau montré très à son aise. Le numéro huit mondial pourrait ainsi être l’une des révélations de la quinzaine s’il montre un niveau de jeu identique. A signaler également les bonnes performances de Tsonga, dont le nouveau jeu se prête plutôt bien au dur et aux surfaces rapides, et de Berdych, deux joueurs pouvant normalement prétendre à une place dans le dernier carré à l’US Open.
Mardy Fish, très à l'aise lors des tournois de préparation
UN TOP 4 EN ROUTE VERS LE SACRE
Djokovic arrive en terres américaines avec le statut incontestable de favori. Le Serbe, qui n’a que 2 défaites au compteur pour 58 victoires, ne s’est jamais imposé à Flushing Meadows. Cependant, il s’est hissé jusqu’en finale à deux reprises, notamment l’an passé, battu par Nadal. Mais il s’y présente cette année en véritable épouvantail du circuit. Ayant quasiment tout remporté cette année sur dur (Open d’Australie, Dubaï, Indian Wells, Miami, et dernièrement Montréal), sa forme sur la surface est impressionnante. Lors des deux Masters 1000 de préparation, il est apparu, comme à l’accoutumée cette saison, sur de sa force, déroulant son jeu d’une fort belle manière, terrassant un à un ses adversaires. Seul Andy Murray lui a fait poser pied à terre, en finale à Cincinnati, mais le Serbe était diminué par une blessure à l’épaule. L’usure physique, voici bien ce que peut craindre Djokovic, qui enchaîne les matchs à un rythme impressionnant depuis le début de la saison. Il possède de plus l’avantage psychologique sur Nadal s’il veut triompher. Une voie presque royale, presque car Federer, un des deux joueurs à l’avoir battu cette année, est toujours à l’affut. Mais le Serbe, qui ne peut voir sa première place mondiale menacée à cours terme, possède toutes les cartes pour inscrire pour la première fois son nom au palmarès.
Une première couronne Américaine pour le Serbe ?
Nadal est-il quant à lui le même ? Ou est passé le Nadal si dévastateur de l’an passé, qui avait modifié son jeu et forcé sa nature (jeu plus porté vers l’avant, modifications au service, de nombreuses montées au filet) pour s’imposer à Flushing Meadows ? Le Nadal version 2010 semble avoir disparu en 2011, ou du moins ne réapparait-il que par intermittences. En effet, le Majorquin, usé par son enchaînement Roland Garros-Wimbledon, semble émoussé, fatigué, en cette fin de saison, et est donc moins tranchant et moins clairvoyant dans son jeu. Une usure physique, ceci est certain, mais également une usure mentale, largement due à ses cinq défaites consécutives contre Djokovic sur l’ensemble de la saison, toutes en finale. Et son parcours de préparation n’est pas l’idéal pour se mettre en confiance. Eliminé d’entrée à Montréal, il n’a pu se hisser qu’en quarts à Cincinnati, après un tournoi plus que poussif. L’Espagnol est donc, sans jeu de mot, dans le dur. Mais Nadal reste Nadal. En tenant du titre qu’il est, le Nadal surpuissant auquel nous sommes habitués pourrait resurgir, dos au mur. L’Ibère est connu pour ses qualités de combattant, lui qui n’abandonne jamais et se bat comme un diable sur chaque point. Il n’est donc pas prêt de lâcher son titre comme ça et l’on peut être sur qu’il mettra tout en œuvre pour le conserver. Les grands joueurs sont souvent présents lors des grandes occasions. A lui désormais de faire taire toutes les critiques sur le terrain.
Nadal parviendra-t-il à conserver son titre?
Federer est-il en retrait ? Les victoires à l’US Open, il connaît. Il possède déjà cinq trophées au compteur (remportés consécutivement), sa dernière victoire en terre new-yorkaise remontant à 2008. Seulement demi-finaliste l’an passé, nul doute que le Suisse espère faire mieux cette année. Mais Federer, à l’image de Nadal en cette fin de cette saison, apparaît lui aussi fatigué et usé. Comptant seulement trois victoires en cinq matchs de préparation, le Suisse n’est pas dans une forme optimale. Battu pas des outsiders dans la course au titre (Tsonga et Berdych), le Suisse a de quoi s’inquiéter mais pas non plus de qui paniquer. Simple baisse de régime ou méforme globale ? La première hypothèse semble la plus envisageable, tant le niveau du Suisse est constant et bon ces dernières années sur dur. Combattant hors pair, nul doute que l’on entendra encore parler de lui durant la quinzaine, lui qui espère toujours reconquérir cette place de numéro un mondial qui lui est si chère. Cela passera incontestablement par une sixième couronne made in US, pour son premier Grand Chelem en tant que trentenaire.
Federer peut-il briguer un sixième titre?
Murray peut-il jouer les troubles fêtes ? A en entendre certains, le Britannique paraît le mieux armé à l’approche de la quinzaine. En effet, il pourrait profiter des carences physiques du « Djoker », comme ce fut le cas lors de la finale de Cincinnati, tout en profitant de la méforme actuelle des Nadal et Federer. Encore faudrait-il pouvoir en profiter au bon moment et ne pas laisser trop de plumes face à de potentiels outsiders. Quoi qu’il en soit, Murray se positionne d’entrée comme un candidat crédible au titre, son titre à Cincinnati le prouvant. Son parcours sur dur cette année s’écrit pourtant en dents de scie. Alternant le haut et le bas, il s’inclinait en effet d’entrée à Montréal avant de recevoir le trophée à Cincinnati une semaine plus tard. La constance et la régularité ne semblent donc pas être au rendez-vous, deux choses qu’il se doit d’acquérir s’il compte aller loin lors de la quinzaine new-yorkaise. Restant sur de très bonnes bases à Cincinnati, développant un jeu bien en place, sur de ses coups, ayant également repris confiance mentalement après des victoires sur Fish et Djokovic, Murray se présente comme l’un des hommes forts à l’US Open. Mais parviendra-t-il à remporter son premier Grand Chelem ? Rien n’est moins sur, le Britannique étant souvent trop friable au moment de conclure (il a perdu ses trois finales en Grand Chelem). Charge à lui de nous faire mentir.
Murray en quête d'un premier titre du Grand Chelem
LES OUTSIDERS
Difficile de faire bonne figure et d’aller loin avec ces quatre monstres que sont Djokovic, Nadal, Federer et Murray. Et pourtant, plusieurs outsiders peuvent prétendre pour certains au tire, pour d’autres à des places d’honneur en demi-finale ou en quarts.
Mardy Fish apparaît comme l’outsider numéro un. En témoignent ses performances récentes très intéressantes sur dur. Devenu numéro un américain, devant Roddick (que l’on pouvait il y a quelques années encore citer comme grand favori à la victoire mais qui a depuis perdu de sa superbe) qui tenait la barre depuis de nombreuses années, Fish joue actuellement le meilleur tennis de sa carrière. Désormais huitième mondial alors qu’il végétait depuis quelques années dans le Top 50 mondial, il paraît plus que jamais sur de sa force. Et sa série de victoires à l’approche de l’US Open est impressionnante. Vainqueur à Atlanta, finaliste à Los Angeles et Montréal, demi-finaliste à Cincinnati, il a en effet de quoi inquiéter ses adversaires. Isner, Gulbis, Wawrinka, Tipsarevic, Davydenko, Gasquet et Nadal sont ces dernières semaines tombés sur sa route. Un nouvel épouvantail sur dur ? Il se pourrait bien, seulement l’Américain pourrait également être dans le rouge au niveau du physique, lui qui enchaîne les tournois depuis plus d’un mois. Il ne se hisse cependant pas encore au niveau des tous meilleurs, battu par Murray et Djokovic lors des derniers Masters 1000.
Le tandem Tsonga-Monfils pourrait également être à la fête au cours de la quinzaine. Le premier n’était pas présent l’an passé pour cause de blessures, tandis que Gaël s’était hissé jusqu’en quarts. Mais ces dernières semaines, tous deux ont montré de bonnes aptitudes sur dur, ce qui leur permet de postuler légitimement à une place en quarts de finale ou en demi, si ce n’est plus. Tsonga s’est notamment illustré à Montréal, se hissant dans le dernier carré après avoir triomphé de Federer et Almagro entre autres. Monfils a lui perdu une finale à Washington, suivie de deux quarts de finale lors des Masters 1000, ce qui lui vaut de conserver une bonne régularité. Les deux tricolores pourraient donc jouer les troubles fêtes. Tsonga doit pour cela garder son niveau de jeu actuel, porté plus que jamais vers l’avant, tandis que Monfils se devra de garder sa sérénité pour éviter de retomber dans ses travers.
Monfils pourrait avoir son mot à dire
Peut-on citer Soderling comme outsider ? La question se pose. Oui au niveau du palmarès et des précédentes performances à l’US Open, le Suédois restant sur deux quarts de finale consécutifs à Flushing Meadows. Non au niveau de son état de forme, le joueur n’ayant pris part à aucun tournoi depuis Bastad depuis juillet, et n’ayant donc disputé aucune partie sur la surface, la faute à une blessure. Un manque de préparation qui risque grandement de lui faire défaut.
Verdasco, au vu de ses dernières performances new-yorkaises, apparaît également comme un candidat crédible. Il reste en effet sur deux quarts de finale consécutifs sur le dur. Cependant, son niveau de jeu en 2011 apparaît comme plus effiloché, moins constant et puissant. Et ses performances sur la surface s’en ressentent donc fort logiquement. Il n’aura en effet disputé que cinq matchs sur le sur, lors des deux Masters 1000, où il fut sorti au deuxième tour puis en huitièmes de finale, face à des adversaires à sa portée (Tipsarevic et Nadal, sa bête noire, qui n’était pas dans un grand jour). Il a donc du pain sur la planche s’il veut à nouveau se hisser en quarts, voire mieux. La partie n’est pas gagné, mais si l’Espagnol retrouve l’équivalent de son niveau sur dur en 2008 (où il s’inclina en demi-finale de l’Open d’Australie face à Nadal lors d’un match mémorable), cela pourrait faire très mal à ses adversaires.
Wawrinka et Youzhny enfin sont entre deux eaux. Pas vraiment outsiders mais l’US Open demeure incontournable pour eux. Respectivement quart de finaliste et demi-finaliste l’an passé, ces deux joueurs viennent cette année défendre les points acquis l’an passé. Une défense qui sera loin d’être aisée, les deux joueurs réalisant de ternes performances cette année sur dur. Mais rien ne les empêche de réaliser pareil performance que la saison dernière et l’on peut donc s’attendre à les voir ressurgir d’un moment à l’autre.
Article réalisé par Gwendal Le Priellec | Images : Site Officiel de l'US Open