Les français en général n'aiment pas les gens qui dominent, et en particulier dans le sport. Les spectateurs sur le bord de la route du Tour ont détesté Lance Armstrong, celui-ci partit à la retraite, la nouvelle tête de turque est espagnole et elle se nomme Alberto Contador. Il gagne « trop » facilement, il ne semble jamais souffrir, sa vélocité terrasse ses adversaires et les cols mythiques. Mais le Tour 2011 changera complètement la donne… Il chute, il souffre, il perd avec le panache, ce que le public aime. Mais attardons nous un peu sur ce coureur dont l'histoire est si particulière.
Alberto commence le cyclisme à seize ans, il fait ses gammes six ans durant à un bon niveau sans être un champion, ses qualités de grimpeurs sont reconnues mais ses résultats ne sont pas encore au même niveau que ceux des meilleurs jeunes coureurs du pays. Cependant il a tapé dans l'œil d'un certain Manolo Saiz après être devenu champion d'Espagne du contre la montre dans la catégorie espoir, cette performance restera son principal fait d'arme chez les amateurs puisque dès 2002 il intègre la formation Once en qualité de stagiaire. En 2003 il devient néo professionnel dans cette même formation Once, il y côtoie des coureurs de renoms tels que David Arroyo, Joseba Beloki, Igor Gonzalez de Galdeano, Abraham Olano ou encore Joaquin Rodriguez. Sa route est lancée, pour sa première année chez les « grands » ses résultats sont très prometteurs quatrième du Tour de Castille et Leon et victoire du contre la montre du tour de Pologne. Oui mais voilà les routes sont piégeuses, en particulier celles du Tour des Asturies pour lui, la chute est lourde, fracture de la mâchoire et rupture d'anévrisme. Il est plongé trois semaines durant dans le coma, trois semaines, la durée d'un Grand Tour, son Grand Tour à lui. Il lui faudra deux mois pour remarcher. On se dit que sa carrière est terminée après ce drame, mais c'est sans connaître la force de caractère de celui qui deviendra « El Pistolero ». En décembre de cette année 2004 il remonte sur le vélo, et un mois plus tard il lève les bras pour l'ouverture de la saison 2005, sur une étape du Tour Down Under. Il enchaînera avec la victoire au classement général final de la Semaine Lombarde et en se classant troisième du Tour de Romandie et quatrième du Tour du Pays Basque. Le petit Alberto devient grand, cependant les ennuis ne sont pas finis, 2006 : l'année débute bien pour Alberto sous le maillot de la Liberty Seguros, il termine à la cinquième place du Tour de Romandie et à la seconde du Tour du Pays Basque, de plus il s'impose sur une étape du Tour de Suisse. Oui mais voilà la route n'est pas rectiligne et ce virage est des plus abruptes, ce virage se nomme Puerto et l'affaire qui en découle. Le directeur sportif de la formation Liberty Seguros et mentor d'Alberto Contador se fait arrêter, s'en suit une grosse affaire de dopage mettant en cause près de quarante coureurs cyclistes dont Alberto. Celui-ci refuse de se soumettre au prélèvement ADN et sera par la suite blanchi (faute de preuves ?). Une seconde fois Alberto doit relancer sa carrière, cette fois-ci, ce sera sous le paletot Discovery Channel de Johan Bruyneel, et les résultats ne tarderont pas.
En effet en cette année 2007 il remporte Paris-Nice en début de saison, lors du Tour de France il doit épauler Levi Leipheimer, et il fera bien mieux que ça, il est le seul à pouvoir suivre le Danois Michael Rasmussen. Au soir de la dix huitième étape, la Rabobank exclu son coureur pourtant leader du Tour de France pour une affaire de dopage. Alberto prend donc le départ du contre la montre de la dix neuvième étape en jaune, il le conservera pour remporter son premier Tour de France à vingt quatre ans, le podium se tient en trente secondes, Evans second et Lepheimer troisième. Il débute la saison 2008 sous le maillot Astana en raison de l'arrêt de la Discovery Channel, cependant ce choix s'avère ne pas être judicieux, le nom Astana restant associé au dopage (affaire Vinokourov-Kasheschkin), l'équipe ne pourra pas participer au Tour de France, mais « El Pistolero » ne baisse pas de régime et fera de cette saison un magnifique doublé Giro-Vuelta et entre dans la légende.
2009 et 2010 lui permettront de s'asseoir un peu plus dans la légende en remportant deux nouveaux Tour de France. Cependant une nouvelle affaire de dopage le rattrape, il est contrôlé positif au clenbutérol, cependant sa culpabilité n'est à ce jour toujours pas démontré et lui estime que cette substance proviendrait d'une viande qu'il a mangée. Les audiences vont de report en report, et en attendant le verdict il peut continuer à courir. En ce début d'année 2011, il rejoint Bjarne Riis avec pour objectif le doublé Giro-Tour, il écrase le Giro comme il sait le faire, impérial en montagne et impressionnant en chrono, sa marque de fabrique, ce Giro est éclaboussée de sa classe et il remporte a cette occasion son sixième grands tours. La suite vous vous en souvenez certainement, c'était il y a à peine un mois sur les routes du Tour de France, Il chute une première fois, puis une seconde, ensuite ce sera la montagne qui domptera Alberto, le public tellement habitué à voir le contraire retourne sa veste et oublie les sifflets proférer au Puy du Fou. « El Pistolero » ne pouvait pas perdre de cette façon alors lors de la dix neuvième étapes il prend les choses en mains et passe à l'offensive dès le début d'étape dans le télégraphe, et en remet une couche dans l'Alpe d'Huez, au final c'est Pierre Rolland qui s'impose devant Samuel Sanchez et Alberto, mais ce jour là Alberto a su perdre avec panache. Il terminera cinquième au final de ce tour de France, avec les honneurs et avec la promesse de revenir plus fort l'an prochain.
Article réalisé par Alexandre Cotte l Image :