La saison a repris ses droits sous le soleil australien dès la mi-janvier, nous l’avons vu hier. Retour en Europe désormais, du moins pour une partie de peloton professionnel. Le 29 janvier, le Grand Prix de la Marseillaise a donné le coup d’envoi de la saison sur le Vieux Continent par une belle victoire du Français Jérémy Roy. S’en sont suivies plusieurs épreuves sur le continent européen, à l’instar du Tour Méditerranéen, sur les routes de l’Hexagone, ou encore le Tour d’Algarve, sur les routes portugaises. Mais février, ce fut surtout le mois de deux courses moyen-orientales organisées par Amaury Sport Organisation : le Tour du Qatar et le Tour d’Oman. Deux courses dont la chaleur et l’exotisme attirent chaque année les spécialistes des classiques de printemps qui trouvent là un cadre privilégié pour peaufiner leur condition physique en vue des premières classiques du mois de mars. Milan San Remo est –déjà- en point de mire.
Février, ce fut également une triste affaire, celle de la fin du « Cobra ». Hospitalisé d’urgence le 8 février, dans un état critique, à la suite d’un grave problème rénal contracté soudainement, Riccardo Ricco a finalement avoué s’être autotransfusé du sang qu’il gardait dans son propre frigo. Un énième aveu de l’incurabilité du coureur transalpin, qui sortait pourtant d’une suspension de deux ans pour dopage. Le coureur de Vacansoleil a finalement eu la vie sauve, mais sa carrière s’arrête là… Ciao Ricco !
Mais revenons-en à l’aspect sportif. Retour donc sur ce mois de février 2011, véritable prélude de la saison des classiques à venir.
Entre Vieux Continent et Moyen-Orient
Au terme d’une course maitrisée avec brio, aussi bien lors de l’arrivée en altitude que lors du contre-la-montre final, le Hollandais Robert Gesink s’est adjugé le Tour d’Oman en démontrant son excellente condition physique et ses indéniables progrès dans l’exercice chronométré. De bon augure pour le coureur de la Rabobank dans l’optique des grands Tours où ils espéraient franchir un palier en 2011.
La mondialisation du cyclisme est en marche. C’est indéniable. En attestent les Tours du Qatar et d’Oman qui prennent chaque année davantage d’importance médiatique. Les pétrodollars ne sont pas étrangers à la dynamique actuelle de ces deux épreuves du Moyen-Orient, mais force est de constater qu’elles attirent aussi les coureurs en raison de leur intérêt sportif. Nombreux sont les coureurs à y trouver un terrain de jeu idéal pour se préparer en toute tranquillité vers leurs objectifs de la saison, qu’ils soient proches, dans l’optique des classiques, ou plus lointains, pour ceux qui se projettent vers les courses à étapes et les grands Tours.
D’autant plus que cette année les deux épreuves, qui s’enchainent immédiatement dans le calendrier, étaient assez complémentaires en proposant des parcours assez divers et variés. Le Tour d’Oman reste dévolu aux sprinters et chasseurs de courses d’un jour, sur des routes balayées par le sable et les rafales de vent venues du désert. A contrario, le Tour d’Oman allait crescendo, en proposant une arrivée en altitude pour le moins corsée et un chrono final peu évident à négocier.
Des profils diversifiés qui n’ont pas manqué d’attirer un plateau relevé de coureurs. Sur le Tour du Qatar, le prologue initial, très bref et nerveux, et revenu à Lars Boom, ancien champion du monde de cyclocross, habitué de ce genre d’effort. Il s’est tout de même payé le luxe de devancer des spécialistes de premier ordre, tels Fabian Cancellara et Bradley Wiggins. Les sprinters ont ensuite pris le relais. Tom Boonen, Heinrich Haussler (par deux fois), Mark Renshaw et Andrea Guardini ont levé les bras. Au petit jeu des bonifications et des cassures provoquées par le vent, c’est l’Australien de la HTC-Highroad Mark Renshaw qui s’est finalement octroyé le classement général de l’épreuve.
Dans la foulée se disputait le Tour d’Oman, toujours au Moyen-Orient donc. Les sprinters à l’instar de Theo Bos, de Matthew Goss et surtout de Mark Cavendish, victorieux pour la première fois en 2011, se sont illustrés en début d’épreuve. Cavendish, justement, bien malheureux jusque-là ! Un début de saison catastrophique même pour le coureur britannique. Peu affûté et même démotivé, selon certaines rumeurs, pour des questions de négociations de salaires au sein de sa formation HTC-Highroad, Cav’ est tombé deux fois. Une première fois sur le Tour Down Under et une deuxième fois sur le Tour du Qatar durant le prologue. Autant dire que cette victoire d’étape allait lui donner du baume au cœur à quelques semaines de Milan-San Remo, cette Primavera si chère à ses yeux et qu’il a remporté en 2009. Mais contrairement au tour qatari, la route s’est brusquement cabrée en Oman lors d’une arrivée en altitude inédite et spectaculaire à Jabar al Akhdhar au terme d’une ascension de 6 kilomètres à 10 % de moyenne avec deux kilomètres à 13 %. Il n’en fallait pas plus pour mettre sur orbite la fusée Robert Gesink. Le Néerlandais, auteur d’une montée remarquable, fit coup double : étape et maillot de leader, devant le Norvégien Edvald Boasson Hagen, qui nous rappelait qu’il savait digérer les pourcentages. Tout se joua donc lors du dernier chrono. On pensait que le Norvégien du Team Sky allait prendre la mesure de Gesink, mais c’était sans compter sur l’état de forme du Néerlandais qui remportait à la surprise générale ce dernier contre-la-montre et par conséquent le général.
Robert Gesink est ainsi apparu très en jambes sur les routes moyen-orientales. Peut-être trop tôt d’ailleurs. Nous n’étions qu’en février…
Week end d’ouverture en Belgique… sans Belge !
Au terme d’une course rendue très difficile par des conditions météo exécrables, c’est contre toute attente le Néerlandais Sebastian Langeveld qui a remporté le Het Nieuwsblad, à l’issue d’un sprint à deux remporté d’un boyau devant l’Espagnol Juan Antonio Flecha, un autre spécialiste des courses pavées.
Nous sommes encore au cœur de l’hiver en Europe. Les conditions climatiques sont délicates et perturbent même parfois le déroulement des courses. Il n’en demeure pas moins que depuis le Grand Prix de la Marseillaise, les épreuves se multiplient sur le Vieux Continent.
Côté courses à étapes, le Tour d’Algarve apparaissait comme un premier rendez-vous de choix pour les coureurs ayant privilégié l’Europe au Moyen-Orient. Une course qui voyait le retour à la compétition d’Alberto Contador. Fin janvier, l’Espagnol s’était vu proposé par la commission de discipline de sa fédération (la RFEC) une suspension d’un an à la suite de son contrôle positif au clenbutérol sur le Tour 2010. Mais après examen des nouveaux éléments apportés au dossier, cette même commission a fait machine arrière la veille de l’épreuve. Ré autorisé à courir, l’Espagnol a donc pu se frotter à des adversaires de rang et en particulier à Tony Martin. L’Allemand, impérial lors du chrono final, s’est adjugé l’épreuve. Contador a néanmoins terminé à une très honorable 4eme place pour sa course de reprise. En France, Thomas Voeckler, Romain Feillu (vainqueur de trois étapes d’affilée) et David Moncoutié, vainqueur au sommet du Mont Faron et 1er au général, se sont mis en évidence.
Mais le dernier week end de février rimait également avec reprise des classiques pavées. Se déroulait en effet outre-Quiévrain le fameux week end d’ouverture des classiques flandriennes avec deux épreuves : le Het Nieuwsblad le samedi et Kuurne-Bruxelles-Kuurne le dimanche. Deux occasions pour les cadors des classiques de se jauger. Dans des conditions difficiles, les grands favoris se sont plutôt regardés. Pas de Boonen, Gilbert, Cancellara, Boasson Hagen, Ballan ou Pozzato dans les bons coups, mais plutôt es outsiders expérimentés. Sebastian Langeveld, le Hollandais de la Rabobank, a ainsi décroché le Het Nieuwsblad avant que le lendemain le sprint à Kuurne ne revienne à Christopher Sutton de l’équipe Sky.
Mais ce qui a alors fait grand bruit dans la presse belge, c’est l’absence du moindre coureur Belge sur le podium de ces deux semi-classiques. La seule fausse note de l’année côté belge, tant leur domination aura été impressionnante durant l’ensemble des classiques de printemps. Nous y reviendrons…
Le printemps approche. Et qui dit printemps dit Course au soleil et Primavera ! La saison ne fait que débuter mais l’on se projette déjà vers les grandes courses printanières…
Prochain article demain : « Mars, premières grandes échéances ».
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Article réalisé par Thomas Guérin l Images : Reuters/Site officiel de Rabobank