Mars est un mois de renouveau lors de la saison cycliste. Les grandes classiques prennent leur envol avec la Primavera. Les derniers jours de l’hiver marquent également le retour au premier plan des premières grandes courses à étapes du calendrier, en particulier à travers Paris-Nice, une course toujours très riche en indications quant à la condition de ceux qui seront les protagonistes majeurs des Grands Tours et en particulier de la Grande Boucle. Entre courses à étapes et Primavera, retour sur le mois de mars 2011.
Courses au soleil et entre les deux Mers
Impressionnant de puissance lors du contre-la-montre de Paris-Nice, Tony Martin n’a laissé aucune chance à ses adversaires directs pour s’octroyer la Course au soleil, en devançant Andreas Klöden et Bradley Wiggins.
La saison des classiques a été lancée en Belgique le dernier week-end de février par le Het Niewsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Certaines courses à étapes ont également eu lieu comme le Tour de l’Algarve et bien évidemment les Tours du Qatar et d’Oman au Moyen-Orient. Mais le mois de mars marque véritablement le retour des courses à étapes en Europe avec en premier lieu la Course au soleil, Paris-Nice, course ô combien prestigieuse, gagnée naguère par les plus grands qui s’y sont souvent forgés les prémices d’un palmarès avant d’inscrire leur nom sur les grands Tours.
Sur un parcours comme souvent très varié par les organisateurs, la course a été une fois encore très animée, surtout lors des premières étapes. Il faut dire qu’en l’absence de prologue, le premier maillot jaune de leader était très prisé et avait aiguisé aussi bien l’appétit des sprinters les plus véloces que des attaquants. A ce petit jeu là, Thomas De Gendt, le Belge de l’équipe Vacansoleil-DMC a remporté en solitaire la première étape. Gregory Henderson (Sky), Matthew Goss (HTC-Highroad) et Thomas Voeckler (Europcar) lui ont succédé en remportant eux aussi une étape. Est alors survenu l’étape reine de ce Paris-Nice, entre massif du Pilat et Vivarais, avec comme difficultés majeures deux ascensions, le col de la Croix de Chaubouret et la terrible montée de Vernoux-en-Vivarais et ses longues rampes à plus de 10 %. La sélection s’est effectuée très logiquement par l’arrière et après qu’un petit groupe de coureurs s’est dégagé dans la fin de l’ascension, c’est finalement le vétéran Allemand Andreas Klöden, révélé sur ces mêmes routes du Paris-Nice en 2001, qui a devancé au sprint l’Espagnol Samuel Sanchez pourtant théoriquement bien plus rapide au sprint que le coureur de la Radioshack. Klöden récupérait alors le maillot de leader avant de le céder à Tony Martin lors du chrono du lendemain. L’Allemand allait le conserver jusqu’au bout au terme de deux dernières étapes assez décevantes de la part des autres favoris qui ne tentaient rien pour déstabiliser le train de la HTC-Highroad. Rémi Di Grégorio et Thomas Voeckler en profitaient pour remporter les deux derniers actes de ce Paris-Nice, alors que Andreas Klöden et Bradley Wiggins complétaient le podium final dominé assez largement par l’Allemand Tony Martin.
En remportant cette Course au soleil, Tony Martin pouvait alors se mettre à rêver légitimement au jaune, de juillet cette fois-ci … A terme en tout cas. Déjà 6eme du Tour de Suisse 2010, pourtant montagneux, le coureur d’HTC-Highroad pourra-t-il un jour espérer jouer les premiers rôles sur le Tour de France ? L’avenir nous le dira, mais ses progrès en montagne et son incroyable potentiel contre-la-montre peuvent lui laisser espérer réaliser de très belles choses sur les routes de juillet…
De l’autre côté des Alpes, alors que se terminait le Paris-Nice, se déroulait également Tirreno-Adriatico, la course des deux Mers, comme son nom le laisse suggérer. Cadel Evans, Michele Scarponi, Damiano Cunego, Vincenzo Nibali, Ivan Basso, Robert Gesink ou encore Philippe Gilbert et Giovanni Visconti avaient opté pour cette préparation avec les uns et les autres des objectifs différents. Préparer le Tour d’Italie pour certains, peaufiner la condition physique en vue de la Primavera pour d’autres. Moins montagneux que la Course au soleil, le Tirreno n’en ai pas moins une course très spectaculaire avec en particulier cette année deux arrivées en côte au terme d’ascensions brèves, mais extrêmement pentues avec des rampes supérieures à 15%. Michele Scarponi et Cadel Evans s’y sont exprimés en remportant chacun une étape. Philippe Gilbert s’est également octroyé une étape avant que Fabian Cancellara ne s’adjuge le chrono final et que Cadel Evans ne remporte le classement général final de ce Tirreno. L’Australien est ainsi apparu très régulier au cours de cette semaine italienne, de part et d’autre de la chaîne des Apennins. Une manière de rappeler à ses adversaires qu’il faudra compter sur lui sur les courses à étapes en 2011…
En Espagne, enfin, Alberto Contador s’est montré le plus fort sur le Tour de Murcie malgré la très belle résistance du jeune Français de l’équipe Saur-Sojasun Jérôme Coppel, deuxième derrière le Castillan à seulement 11 secondes. Le Français a impressionné dans l’étape de montagne mais également lors du contre-la-montre. Une confiance qui pourrait s’avérer utile pour la suite de sa saison du Français.
Un Milan-San Remo haletant
Un Australien vainqueur de la Primavera ! Inédit sur les routes de Milan-San Remo, au terme d’une course d’une rare intensité. Matthew Goss a parfaitement su gérer la fin de course en résistant tout d’abord aux offensives dans le Poggio, puis en mettant à profit ses qualités de sprinters dans les 200 derniers mètres.
Comme souvent, le mois de mars marque véritablement le retour en force des classiques. Après un week end d’ouverture en Belgique prometteur, place désormais à Milan-San Remo, la Primavera, cette classicima si prestigieuse et majestueuse, longue de près de 300 km. La plus longue des grandes classiques, la plus indécise également, souvent vivement disputée entre les sprinters et les attaquants qui trouvent dans le final un terrain propice aux offensives. La Cipressa et le Poggio, moins décisifs au cours des dernières années en raison du déplacement de la ligne d’arrivée de la Via Roma au Lungo Mare Italo Calvino, ce qui place le dernier capo (petit mont en bordure de mer) plus loin de l’arrivée, n’en restent pas moins des tremplins pour de nombreux puncheurs.
Comme chaque année, la liste des prétendants à la victoire à San Remo est longue. Certains ont opté pour Paris-Nice, d’autres, plus nombreux, pour le Tirreno-Adriatico. Difficile en tout cas de désigner d’emblée qui succèdera à Oscar Freire tant la course s’annonce ouverte. L’Espagnol est candidat à sa succession, de même que le champion du monde Thor Hushovd dont l’aptitude à franchir les bosses du final est un atout indéniable. Alessandro Petacchi, Tom Boonen, Peter Sagan ou encore les attaquants tels que Philippe Gilbert, Alessandro Ballan et Filippo Pozzato complète une liste non exhaustive.
Mais contrairement aux éditions précédentes où les hostilités n’étaient déclenchées que dans la Cipressa, à une trentaine de kilomètres de San Remo, la course se décantait rapidement dans la descente de la Mani suite à une chute d’Oscar Freire qui coupait le peloton en deux. Derrière, Hushovd, Cavendish étaient piégés alors qu’à l’avant un groupe d’une cinquantaine de coureurs prenait les devants. La plupart des favoris s’y trouvaient mais sans équipiers pour durcir la course dans le final. Un scénario idéal pour des coureurs comme Cancellara, Sagan, Gilbert, Pozzato ou le Français Offredo. Déjà à l’aise l’an passé, le jeune Français de la FdJ retentait un coup de loin , dans la descente de la Cipressa cette fois-ci, accompagné par un héroïque Steve Chainel, son coéquipier, et par le Belge Van Avermaet et l’Australien Stuart O’Grady. Les 4 comptaient encore une avance confortable au pied du Poggio, mais Nibali, sur plusieurs offensives condamnait un à un les échappés. Seul Van Avermaet basculait au sommet avec une poignée de secondes d’avance sur un petit groupe de poursuivants dont Gilbert, Nibali, Scarponi -le seul coureur piégé dans la descente de la Mani à être revenu sur la tête de course au prix d’un effort impressionnant dans la Cipressa- Pozzato, Ballan et surtout Matthew Goss. Le sprinter australien du Team HTC apparaissait alors comme l’épouvantail. Et il ne s’est pas fait prier… Van Avermaet avalé à deux bornes de la ligne, les attaques de Offredo et Gilbert avortées, il ne restait plus à Goss qu’à conclure au sprint devant un étonnant Cancellara et un Gilbert encore troisième, comme en 2008, de la Primavera.
Lauréat de Paris-Bruxelles en 2009 et du Grand Prix de Plouay 2010, Matthew Goss remporte là son premier monument au terme d’une courses haletante après un bras de fer intense entre le groupe de tête et le groupe des piégés, qui a finalement accouché d’une demi-surprise.
Une très belle Primavera en tous les cas qui laissait d’ores et déjà augurer une très belle campagne de classiques en avril…
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Article réalisé par Thomas Guérin l Photos : Team HTC-High Road