Les premiers seront les derniers dit le proverbe. Et en ce début de saison, deux formations illustrent parfaitement cette citation. D’un côté, il y a BMC, la dream team de la décennie… sur le papier. Car après deux mois de compétition, l’équipe de John Lelangue n’a toujours pas remporté la moindre course. Par contre, c’est une ambiance toute autre qui règne chez Vacansoleil. La formation batave est dans une spirale positive…
BMC dans la tourmente
Avant l’entame de la saison, tous étaient unanimes : avec un numéro un mondial, le dernier vainqueur du Tour de France, trois champions du monde, et une poignée de stars et de talents, la BMC fait peur à la concurrence. Or, la formation managée par John Lelangue peine à concrétiser. Comment le « FC Barcelone du cyclisme » peut-il rendre feuille blanche à l’examen des victoires ? Plusieurs hypothèses se présentent :
La cohabitation entre les grandes stars dans une même équipe a rarement fait bon ménage. Et BMC ne semble pas déroger à la règle. La preuve lors du Monte Paschi Strade Bianche : Alessandro Ballan, débarrassé de la présence de Gilbert à l’avant de la course, oblige Van Avermaet à se sacrifier. Or, le Belge semble intrinsèquement plus fort que le champion du monde 2008. Mais l’Italien, plus âgé et donc plus respecté, insiste. Mais lorsque Cancellara place son accélération, Ballan ne peut suivre son rythme, et Van Avermaet est épuisé par son travail fourni…
La deuxième cause de ce début de saison décevant est excusée par la malchance. L’infirmerie de la BMC ne sait plus où se donner. Van Avermaet se plaint du tendon d’Achille, tandis que Gilbert vient de déclarer les symptômes grippaux. Pas bon signe tout ça, quelques jours avant Milan - San Remo.
Et si ce manque de réussite était du à la mauvaise préparation hivernale ? Car avec les éloges des journalistes à propos de l’effectif de la BMC, les protégés de Lelangue se sont peut-être surestimés, dénigrant les kilomètres barbants d’entraînement. Le comportement inhabituel de Thör Hushovd sur le Nieuwsblad, ne pouvant suivre le rythme des meilleurs, illustre parfaitement cette hypothèse.
Toujours est-il que ces deux premiers mois en dedans ne sont pas bons pour la motivation des coureurs. Attention au cercle vicieux…
Vacansoleil au zénith
Par contre, au sein de la Vacansoleil, c’est la fête. Ce mois de mars est faste pour les coureurs d’Hilaire Van der Schueren. Le compteur des victoires s’est débloqué la semaine dernière avec le renouveau de Gustav Erik Larsson. Figurant auparavant parmi le gratin des rouleurs, le Suédois, quelque peu aidé par la météo, a renoué avec le succès sur Paris-Nice. La course au soleil a particulièrement souri à Vacansoleil qui s’est découvert un nouveau grimpeur. Propulsé outsider du prochain Tour de France, Lieuwe Westra a surpris son monde en s’imposant au sommet de la redoutable ascension de Mende avant de mener la vie dure à Bradley Wiggins dans l’ultime chrono. De son côté, Thomas De Gendt, rapidement écarté du maillot jaune, s’est consolé en s’adjugeant une étape « à la Merckx ». Le Belge s’est offert une promenade sur la célèbre avenue niçoise, avec une avance de… onze minutes sur le peloton ! La moisson de bouquets est parachevée par le maillot à pois du surprenant Veuchelen. En faisant les comptes, Van der Schueren recense 30 000 euros de primes sur Paris-Nice. L’équipe batave a fait très fort !
Et sur le Tirreno-Adriatico, direz-vous ? Là aussi, les Vacansoleil ont brillé en plaçant deux coureurs dans le top 10 final avec Poels et le guerrier Hoogerland. Mais pas seulement : Stijn Devolder, critiqué depuis quelques années, retrouve sa forme d’antan. Il redevient régulier et parvient à suivre les meilleurs dans les parcours vallonnés. De bonne augure pour les classiques pavées où Björn Leukemans, en condition ascendante, assumera un rôle de co-leader avec le double vainqueur du Tour des Flandres.
Ce début de saison en fanfare fait du bien à l’entourage de Van der Schueren. L’équipe batave, petit poucet du World Tour en 2011, souffrait de la comparaison avec le voisin Rabobank. Or, cette année, les rôles semblent s’être inversés… jusqu’à quand ?
Article réalisé par Julien Detroz
Crédit photo : Reuters