Guingamp, toute une histoire
En Avant de Guingamp. Un club, une histoire. C’est la fête en ce mois de juillet dans les côtes d’Armor. En effet, Guingamp, le club mythique du département, est remonté en Ligue 2 après une année de purgatoire en National. Ville miniature (à peine 7 600 habitants) pour club de renom. Longtemps porté et présidé par Noël Le Graët, aujourd’hui président de la FFF, le club connut son apogée au début des années 2000. En 2003, emmenée par le duo Malouda-Drogba (oui, vous ne rêvez pas), le club finit même 7ème de Ligue 1, à 6 points du titre de Champion de France. Viennent ensuite les années noires, les entraîneurs et joueurs se succèdant en cascade. L’étincelle sera de retour en 2009, la magie de la Coupe de France sans aucun doute. Le Mans, Sedan, Toulouse, et Rennes, l’ennemi juré, en finale, s’en souviennent encore. Un premier titre qui vaut une club une qualification européenne. Défait 8-2 par Hambourg en Coupe UEFA, c’est le début de la chute guingampaise, qui à la fin de la saison se terminera par un aller simple pour le National.
Une histoire tumultueuse, faite de hauts et de bas. Voila ce qui caractérise Guingamp. Equipe surprise pendant plusieurs saisons (de 2000 à 2004 puis en 2009), elle alterne aussi avec des périodes beaucoup moins fastes. Un club avec de fortes personnalités (Noël Le Graët entre autres) qui ne laisse pas indifférent. Un public très fervent également, désigné meilleur public de France en 2003 et couronné « écharpe d’or du public le plus sympa » en 2011. Guingamp, qui porte les mêmes couleurs que le Stade Rennais, est un des petits poucets bretons au niveau professionnel, mais sa popularité demeure très forte.
Guingamp, c'est aussi un public !
Vannes, les petits nouveaux
Le VOC, ou Vannes Olympique Club, est un petit nouveau en Bretagne. Né en 1998 suite à la fusion du Véloce Vannetais et du FC Vannes, le club ne cesse de grandir dans les années 2000. Le VOC n’a pas marqué l’histoire du football breton, mais est plutôt en train de la dessiner. Promu en National en 2004, le VOC devient champion de la catégorie en 2008. Le début de l’aventure pour les blanc et noir morbihannais.
La folle aventure médiatique va débuter en 2009. Pour la première saison de son histoire dans le monde du football professionnel, Vannes ne se contente pas de faire de la figuration. Avec 14 victoires décrochées, le club se classe 10ème. Mais plus que le championnat, c’est en Coupe de la Ligue que le club va se révéler aux yeux de la France entière. En effet, pour sa première participation dans l’épreuve, le VOC va sortir Auxerre, Valenciennes et Nice pour se hisser en finale au Stade de France ! Dépassé par l’enjeu, le VOC perdra 4-0 contre Bordeaux, mais sortira grandi de la compétition, avec les honneurs et les reconnaissances du monde du football.
En seulement 13 ans d’histoire, le VOC n’a pas tardé à s’installer dans le paysage du football breton, et même du football national. Le club, notamment grâce à l’épopée de 2009, s’est fait un nom, forgé une réputation. Vannes n’était pas une ville footballistique. Elle est tranquillement en train de le devenir. Devenu un club du ventre mou en Ligue 2, le VOC est descendu en National à l’issue de la saison dernière. Mais pourrait toutefois rester en Ligue 2 si Tours, qui connaît de graves problèmes financiers, était relégué. Un maintien qui permettrait en tout premier lieu au VOC de se stabiliser sur la durée en seconde division. Une stabilité prioritaire car elle permettrait notamment au club de se doter d’un centre de formation, indispensable au niveau professionnel. Le club prend également de l’importance au niveau national, réalisant de nombreux matchs, amicaux, contre des écuries de Ligue 1, Lorient, Marseille et Rennes entre autres.
Couleurs bretonnes également de mise pour le VOC
Des clubs locaux très populaires
Le football breton, ce ne sont pas seulement les grosses écuries de Ligue 1 ou de Ligue 2 ou les groupes professionnels. De nombreux clubs se distinguent également au niveau local, de par leur histoire, leur popularité, leur parcours. Inventaire de quels clubs parfois inconnus du grand public, mais extrêmement réputés au niveau local.
A ce titre, comment ne pas évoquer la GSI Pontivy, « terreur » locale que toutes les équipes ont peur d’affronter ? La Garde Saint-Ivry Pontivy, aujourd’hui classée en CFA, fut crée en 1909. Le club accéda notamment, lors de la saison 1999, au National, où il fut Vainqueur du tournoi de barrages d'accession au National. Véritable place forte morbihannaise, la GSI, club amateur, a également connu les joies de la Coupe de France, ce qui a contribué à renforcer la popularité du club. En effet, Pontivy s’est hissé jusqu’en huitième de finale de l’édition 2000, ne tombant que face à Monaco ! Elle s’est également qualifiée pour les 16ème de finale des éditions 1996 (face à Marseille) et 2007 (face à Montceau), ainsi qu’en 32ème de finale en 1993 (contre Guingamp) et 1994 (contre Auxerre). Un spécialiste en la matière donc. Avec d’anciens joueurs tels que Sylvain Didot (ex-Toulousain), Revel (entraîneur des gardiens au Stade Rennais), Jérôme Lebouc (Laval), Stéphane Auvray (ex-Vannes), Eli Kroupi (ex-Lorient), la GSI s’est fait un nom dans le domaine amateur et demeure un club d’exception dans le milieu. Objectif des verts et blancs aujourd’hui : un nouveau parcours de rêve en Coupe de France ainsi qu’une accession en National. Il faudra pour cela faire à nouveau trembler le monde amateur.
Autre club de prestige en Bretagne, l’Union Sportive Montagnarde. Vous ne rêvez pas, la Montagnarde en Bretagne, c’est du sérieux. L' Union Sportive Montagnarde Inzinzac Lochrist est une équipe de football Morbihannaise. Très réputé au niveau local, le club évolue désormais en CFA 2. Mais ce n’est pas dans cette catégorie que la Montagnarde se distingue. Véritable institution au sein du football morbihannais, le club a connu (et connaitra, espérons pour lui) ses heures de gloires lors principalement des matchs de Coupe de France. En effet, son parcours en Coupe, pour un club amateur, est tout bonnement remarquable. De puis 1980, la Montagnarde s’est en effet hissée 8 fois en 32ème de finale de la compétition, tombant face à des clubs de prestige (Montpellier…) Mieux encore, à quatre reprises, le club se qualifia pour les 16ème de finale, faisant tomber des clubs comme Angers ou Caen. En 2005 par exemple, la Montagnarde ne céda qu’en 16ème de finale face à Sedan. La Montagnarde pouvait-elle mieux faire ? La réponse est oui ! Par deux fois, le club parvient en effet à atteindre les huitièmes de finale de la prestigieuse Coupe de France. En 1999 tout d’abord, perdant face à Rouen en prolongations, puis en 2002 où le club perdu de peu (0-1) face à Monaco ! Un parcours étonnant pour un club qui ne payait pas de mine. De plus, en 2002, époque où le club évoluait en Division d’Honneur (6ème division), La Montagnarde est devenue la seule équipe de cette division dans l’Histoire à avoir participé à un 8ème de finale de Coupe de France. Chapeau bas ! On comprend mieux pourquoi certains clubs sont réputés et craints à ce niveau. Autre fait d’arme notable, le club a formé 17 joueurs professionnels, impressionnant quand on sait que la ville compte à peine 6 000 âmes. Une belle aventure pour un club qui a encore d’autres pages de son histoire à écrire.
Concarneau a quant à lui une histoire beaucoup moins prestigieuse que ses deux collègues évoqués précédemment. Actuellement en CFA, le club a toujours végété dans les divisions inférieures du football amateur. 1ère révélation pour le club en 2003, sacré champion de CFA 2. Mais le véritable évènement aura lieu en janvier 2009. Les habitants de Concarneau s’en souviennent encore. Jour de gloire pour l’US Concarnoise, qui ce 24 janvier 2009 reçoit l’Olympique Lyonnais pour le compte des 32ème de finale de la Coupe de France. Impuissant face à l’enjeu, Concarneau en ressortira défait (0-6) mais avec les honneurs et au prix d’une belle résistante (seulement 0-2 à la 63ème minute). Moment de gloire dans une histoire somme toute coutumière. Un moment de bonheur pour les joueurs et supporters, la magie de la Coupe. En 2011, le club trouve un nouveau souffle et est à nouveau promu en CFA. Le début d’une nouvelle histoire ?
Plabennec également a une histoire spécifique. Liée à la Bretagne et à la Coupe, comme ses collègues. Fondé en 1934, le Stade Plabennecois connaît une existence paisible, hormis quelques coups d’éclat, notamment en Coupe de France. Depuis 1990, « Plab’ » s’est ainsi offert trois 32ème de finale (défaits par Bordeaux, Le Mans et Amiens) ainsi qu’un 16ème de finale (également défait pr Amiens). L’exploit du club est récent et est à l’origine de sa médiatisation plus importante ces dernières saisons. En effet, en 2010, pour sa 1ère saison en National, Plabennec élimine successivement Nice et Nancy, deux clubs de Ligue 1, pour atteindre les 8ème de finale de l’épreuve, huitièmes perdus 0-4 face à Auxerre. Des performances à la pelle pour les rouge et blanc de Plabennec, un des fiefs du football finistérien. Un ville parmi tant d’autres folle du ballon rond.
Doit-on ici parler de Carquefou, basé en Loire Atlantique? Breton ou pas ? A chacun de se faire sa propre opinion. Le but de cet article n’est pas de s’immiscer dans ce débat. Il faut néanmoins remarquer que les performances du petit club de Carquefou, évoluant en CFA, sont suivies par bon nombre de personnes en Bretagne. L’US Jeanne d’Arc Carquefou, club qui ne fut jamais professionnel, a une histoire fusionnelle avec la Bretagne, mais aussi avec la France, de par à nouveau son parcours en Coupe de France. Redoutable club amateur dans sa division, il l’est encore plus lors des grands évènements. 1994, 1997, 1998 et 2003. Par quatre fois, l’ogre local, petit poucet et voisin du grand Nantes, disputa les 32ème de finale …. pour 4 défaites. 2008 est l’année du palier et des exploits. Carquefou n’en finit en effet pas de monter et finit par chuter, face au PSG, en quarts de finale ! Gueugnon, Nancy et Marseille n’auront pas résisté. Un exploit inédit pour un club de cette envergure, devenue l’emblème des clubs amateurs cette année là. La Bretagne n’est pas une terre de football pour rien au vu des performances de ses clubs à un niveau national. Ainsi, la Coupe de France sert de vitrine au football breton, à l’instar des autres régions. Mais le football breton à de la ressource et prend de l’importance pour réussir de tels exploit, répétés qui plus est.
La GSI Pontivy, un des ténors locaux
Nantes, l’ouverture ?
Eternel problème. Doit-on parler de Nantes en évoquant le football breton ? Il le faut bien, à un moment ou à un autre. Le FC Nantes est un club mythique en France, déjà huit fois champion de France et triple vainqueur de la Coupe de France, excusez du peu ! Comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, sa rivalité avec le Stade Rennais est ancestrale, et cette rivalité contribue également à ancrer le club vers la Bretagne. Les termes de derbys sont également souvent utilisés pour des rencontres entre Nantes et Brest, Lorient et Guingamp, preuve que Nantes n’est pas qu’en Loire Atlantique. Nantes, un des meilleurs palmarès de France, des record à la pelle, un centre de formation prestigieux, un jeu à la nantaise qui en a fait pâlir plus d’un, n’a de ce point de vue rien à envier à ses voisins bretons. Du seul point de vue du palmarès, Le FCN écrase tout simplement ses adversaires. Mais le Nantes d’aujourd’hui n’est plus le Nantes de la Grande époque. Relégué en Ligue 2, le club navigue de crise en crise depuis plusieurs années. La faute à de trop nombreux départs, une instabilité meurtrière, un centre de formation sur le déclin et beaucoup moins performant, l’abandon d’une culture aussi, culture qui avait forgé le jeu à la nantaise et qui avait forgé le mythe du FC Nantes. Nantes, en 2011, n’est pas mort, mais a perdu de sa splendeur, ce qui ne peut que contribuer à relancer la rivalité avec ses voisins bretons. Au même titre que Carquefou, nombreux sont les liens avec la Bretagne. Nantes représente néanmoins l’ouverture, mais de par son palmarès, il submerge ses voisins bretons.
Nantes, l'ouverture?
L’Equipe de Bretagne de football
Pour conclure sur la Bretagne footballistique, quoi de mieux que de parler de l’Equipe de Bretagne de football ? L’équipe de Bretagne, sous la direction de la BFA (Bretagne Football Association), n’est pas considérée comme une équipe nationale. Elle regroupe en effet de nombreux joueurs professionnels natifs ou originaires de Bretagne. Les « diables noirs » entendent ainsi par cette initiative promouvoir l’organisation de matchs de rang international, notamment un « Tournoi Interceltique » qui serait organisé avec l’Ecosse, l’Irlande et le Pays de Galles. A noter à ce titre que le football en Bretagne est administré par la FFF, la ligue de Bretagne de football et la Ligue Atlantique de football, regroupant la Loire Atlantique !
Les matchs de l’équipe de Bretagne ne sont pas considérés comme des matchs officiels, mais organisés par un club professionnel affilié à la FFF. Les joueurs sélectionnables doivent respecter les critères suivants :
· Etre né dans les départements 22, 29, 35, 56 et 44 ; ou
· Avoir une ascendance parentale ou grand-parentale provenant de ces mêmes départements ; ou
· S’être installé dans l'un de ces mêmes départements avant l'âge de trois ans
Le maillot utilisé est bien entendu aux couleurs traditionnelles de la Bretagne, soit noir soit blanc, portant sur le cœur un logo avec une hermine noire stylisée sur fond blanc représentant un ballon lui même stylisé. Depuis 1922, l’Equipe de Bretagne a effectué 12 matchs, hors tournois divers, contre des formations nationales ou régionales. Elle s’est ainsi fait le scalp notamment des Etats-Unis (victoire 6-2 en 1988), du Luxembourg à deux reprises, du Congo (victoire 3-1 en 2008), du Togo (victoire 2-1 en 2010). Son dernier match en date, le 2 juin 2011, s’est soldé par une défaite 1 à 0 face à la Guinée Equatoriale. A noter que le prochain match en date devrait se dérouler le 26 mai 2012 à Nantes face à la République d’Eire.
Une popularité croissante, des matchs de plus en plus nombreux, face à des équipes nationales de prestige, il n’en faut pas plus à l’Equipe de football de Bretagne pour prendre de l’ampleur. Actuellement coachée par Michel Audrain, de nombreux joueurs renommés sont sélectionnables dans l’équipe et/ou ont déjà porté le maillot noir et blanc. Christian Gourcuff (entraîneur de Lorient), David Bouard (Vannes), Julien Féret (Rennes), Nicolas Haquin (Clermont), Tony Heurtebis (Nantes), Paul Le Guen (sélectionneur d’Oman), les frères Lachuer (ex-Auxerre et Brest), Arnaud Le Lan (Lorient), Jérôme Lebouc (Vannes), Christophe Revel (entraîneur des gardiens de Rennes), Steve Savidan (ex-Caen), ont ainsi joué, entre autres, dans l’équipe bretonne. Une équipe qui ne demande plus qu’à grandir et à se stabiliser en tant que sélection, le but étant d’engranger le plus de matchs possibles et d’engranger de l’expérience de haut niveau. C’est de plus une fierté pour la plupart des joueurs de participer à ce genre de rencontre, ce qui permet de contribuer à augmenter la représentativité de la région.
L'Equipe de Bretagne, ici en 1998
Le football breton est donc un ensemble complexe, alliage de clubs amateurs, professionnels, d’histoires et de parcours fous, le tout avec un public toujours plus présent. La Bretagne est belle. Vive le football !
Abondance, variété et distinction
Article réalisé par Gwendal Le Priellec | Images : AFP