Euskaltel-Euskadi, une saison 2011 historique (1/2)

La saison 2010 fût la meilleure d'Euskaltel-Euskadi depuis sa création, en 1994. Enfin la meilleure, sûrement. La plus prolifique, c'est certain. Avec 17 victoires (dont une après déclassement d'Alejandro Valverde) au moment de faire les comptes, l'année passée a été historique pour les Basques.

L'objectif de l'exercice 2011 était donc de réaliser au moins aussi bien. Avec le départ de Beñat Intxausti, grand espoir du cyclisme basque, espagnol, et mondial, la tâche ne s'annoncait pas aisée. D'autant plus que du côté des arrivées, il n'y a pas eu grand mouvement. Pierre Cazaux a rejoint l'équipe, mais avant tout pour être équipier. Mikel Landa, perçu par beaucoup comme le successeur d'Iban Mayo ou de Roberto Laiseka, a également installé ses affaires chez Euskaltel. Tout comme ce dernier, Ion Izagirre est passé d'Orbea à Euskaltel durant l'hiver. Les deux arrivants de "l'équipe réserve" d'Euskaltel sont là d'abord pour apprendre, et par conséquent, on ne comptait pas sur eux pour apporter masse de succès. Ce n'est donc pas avec les transferts qu'Igor Gonzalez de Galdeano voulait remplir l'objectif.

On se reposerait alors sur les cadres de l'équipe que sont Samuel Sanchez, Igor Anton, et Koldo Fernandez. Le sprinteur avait pour but de faire le début de saison, malheureusement, il est une nouvelle fois victime d'une chute durant un sprint. Les plans de l'équipe sont à revoir.

Pour pallier l'absence de Koldo, les dirigeants décident de faire sauter Peio Bilbao dans le grand bain. A peine deux mois après sont arrivée à Orbea, le jeune Bilbao doit désormais porter un maillot orange (il sera victime d'une chute à l'entrainement, et d'une fracture du coude gauche, juste avant le Cirtérium International prévu comme sa première course). 

Les trois premiers mois de l'année ne voient pas un seul Euskaltel lever les bras. Il faut attendre l'approche du Tour du Pays Basque, le premier grand objectif, et le Grand Prix Miguel Idurain pour assister à la première victoire des Naranjas. Et comme un symbole, c'est le chef de file de l'équipe Samuel Sanchez qui apporte ce bouquet. La saison est enfin lancée. Et cinq jours plus tard, le champion olympique récidive. Cette fois-ci, sur une course World Tour, sur leur course, l'Itzulia.

Même pas trois semaines après, c'est au tour du jeune Jonathan Castroviejo de s'illustrer, dans un tout autre registre que son leader. Castro remporte le prologue du Tour de Romandie, épreuve World Tour également. Il devance le jeune Taylor Phinney, vainqueur du prologue de l'Eneco Tour 2011 quelques mois plus tard, pour quelques centièmes de seconde. Ceci symbolise sa première victoire en tant que professionnel. Un succès qui fait office de déclic pour le petit rouleur Basque, puisque deux semaines après ce chrono victorieux, le jour du départ du Giro, Castroviejo assume son rôle de favori … lors du prologue de la Vuelta a la Comunidad de Madrid. En effet, il remporte ce contre-la-montre.

Deux semaines de Giro se passent sans victoire pour Euskaltel.

On arrive alors à la quatorzième étape, tant attendue, avec l'arrivée au Zoncolan, en passant par le Crostis. Ce dernier, jugé trop dangereux pour plusieurs directeurs sportifs, est rayé du parcours. L'étape est ainsi raccourcie de 30 kilomètres. Les supporters basque attendaient beaucoup de cette étape, et comptaient sur Igor Anton, un peu juste en forme la veille au Grossglockner.

A 6 kilomètres de la ligne, Fuji place une attaque sèche. Contador, qui écrasait ce Giro, va le chercher en compagnie de Scarponi. Mais Anton redémarre après avoir roulé deux kilomètres sans se soucier des deux autres. Il est donc seul en tête à quatre kilomètres de l'arrivée. Les écarts se stabilisent. Tous les fans des Oranges se mettent à y croire. Sous la flamme rouge, Igor Anton possède 30 secondes sur ses poursuivants. Bien que Contador attaque derrière, il est trop tard pour El Pistolero !

Fuji apporte la cinquième victoire de l'année à Euskaltel, et rentre dans l'histoire de son équipe et du Giro comme le premier coureur Orange à s'imposer sur une étape du Giro, mais aussi en tant que premier Espagnol à gagner au sommet du Zoncolan. 

Quinzième étape, le lendemain de la superbe victoire d'Anton. Etape reine de ce Tour d'Italie. 229 kilomètres avec 5 cols à franchir. Une grande échappée prend forme, avec notamment Sella, Garzelli, Hoogerland, Popovych, Di Luca, Bakelandts, et Mikel Nieve. En haut du troisième col, Garzelli passe seul devant Nieve. Au pied de l'avant derniere difficulté, l'Italien compte une minute et vingt secondes d'avance sur Mikel Nieve. En haut de cette montée, l'écart n'est plus que de 35 secondes. Une petite portion de plat avant la dernière côte permet au Basque de revenir sur Garzelli. Le peloton ne reviendra pas, et les supporters d'Euskaltel rêvent du doublé. Nieve prend rapidement plusieurs mètres d'avance sur son concurrent dans l'ultime ascension. Au fil des kilomètres, il prend seconde par seconde. Mikel Nieve, déjà vainqueur de l'étape reine de la Vueta 2010, récidive sur le Giro 2011. Cela fait six victoires pour Euskaltel.

Le même jour, Igor Anton essuie une belle défaillance, qui l'élimine de la course au podium. Au final, Nieve se classe onzième après avoir été malade la dernière semaine. Anton termine dix-huitième.

Le mois de Juin se déroule sans succès, Samuel Sanchez préparant son Tour de France.

Et le Tour, nous y voilà !

Première étape de montagne dans les Pyrénées. Arrivée à Luz-Ardiden, un endroit mythique pour Euskaltel. Pourquoi ? Car Roberto Laiseka remporte la première victoire des Oranges sur le Tour, en 2001, pour leur première participation.

Trois gros cols à passer. Au bas de la descente de l'avant dernier un groupe avec Philippe Gilbert, Jelle Vanendert, et Samuel Sanchez se détache. Dans la montée, Samu et Vanendert partent. Ils reprennent Roy et Thomas qui étaient dans l'échappée du jour. Au sprint, Samu bat facilement le Belge, et remporte ainsi sa première victoire sur le Tour ! Dix ans après celle de Laiseka. Septième victoire de l'année.

Au général, Sanchez achève l’épreuve Française à la sixième place, avec des pois rouges sur le dos.

Nous voilà en Août, sur le Tour de Burgos. L'équipe alignée parait surpuissante : Samu Sanchez, Igor Anton, Mikel Nieve, Peio Bilbao, Mikel Landa, Iñaki Isasi, Juanjo Oroz, et le revenant Mikel Astarloza. La première étape est comme celle de l'année précédente, où Samu s'était imposé. On croirait un copié/collé cette année !

Sanchez, très bien placé au pied, suit Joaquin Rodriguez qui attaque plusieurs fois. Au sprint, avec un braqué impressionnant, Samu Sanchez devance Purito de quelques centimètres. La huitième victoire est là. 

Ultime étape et étape reine de ce Tour de Burgos. Toute l'équipe bosse durant la journée. Dans le dernier col, Nieve passe le relais à Landa qui a dans sa roue le champion olympique. Landa assure un tempo très soutenu, à un tel point qu'à deux kilomètres de l'arrivée, Samuel Sanchez lâche prise et dit à son très jeune équipier d'attaquer. Chose aussitôt faite par Mikel Landa. Il se fait tout de même reprendre par Cobo et Rodriguez à 600 mètres de la ligne. Rodriguez lâche, et Juan José Cobo baisse de rythme. Landa donne tout ce qu'il lui reste et devance le coureur de Geox de plusieurs longueurs. A 21 ans, Landa apporte la neuvième victoire à Euskaltel-Euskadi, et sa première chez les professionnels, pour son début parmi eux.

On a vu lors de ce Tour qu’Igor Anton et Mikel Nieve sont en forme. Bonne nouvelle en vue de la Vuelta.

Article réalisé par Maxence Châble I Images : crédits photos : Ciclismo a fondo ; Reuters/Pascal Rossignol