Igor Anton (Euskaltel-Euskadi) s’est révélé sur les routes de son tour national en remportant une belle étape lors de l’édition 2006. A 23 ans ce Basque pur souche termina quinzième du général final. Un bon début. Un après, il s’impose dans une étape du relevé Tour de Romandie. Il y a deux ans, toujours en Suisse Anton monte sur le podium du tour Helvétique avec une étape dans la poche. Cette année, Igor semble prendre une autre dimension. Vainqueur de la 3ème étape du Tour de Castille et Léon, 2ème du général, il poursuit sa belle moisson de résultats dans les classiques. 2ème de la Klasika Primavera, 4ème de la Flèche Wallonne, 7ème de Liège-Bastogne-Liège, il est actuellement un des meilleurs cyclistes Espagnols.
Culture Sport : Igor, à quel âge as-tu débuté le vélo?
Igor Anton : J'ai commencé la compétition à l'âge de dix ans. Mais je pratiquais le cyclisme depuis déjà cinq années... Je me souviens d’avoir toujours été sur un vélo.
Culture Sport : À quel âge as-tu reçu ta célèbre "moto" Fuji?
Igor Anton : Mon premier vélo de course fut un Fuji, on me l'a offert en 1993. Regardez, ce nom reste jusque chez les professionnels aujourd’hui (ndlr : Fuji est le fournisseur officiel des cycles de la formation Pro Tour Footon-Servetto) !
Culture Sport : Comment as-tu vécu ta saison 2009 mi-figues mi-raisins ?
Igor Anton : Pour moi, 2009 ne fut pas un échec... Surtout parce que j'ai gagné la Subida a Urkiola. C’est une de mes courses favorites et ce depuis mon enfance. De plus elle se court au Pays Basque. Ensuite, j'ai réussi à aller jusqu'à Paris dans le Tour de France. J'ai souffert mais en aidant l'équipe. Mais en général je n'ai pas réussi à être à cent pour cent de mes possibilités à cause de la chute dont j’ai été victime en 2008. On apprend de tout mais aussi des années difficiles.
Culture Sport : Espérais-tu cette victoire ?
Igor Anton : J'ai gagné à Urkiola grâce au rythme que m'avais procuré la Grande Boucle mais également parce que la semaine précédente je ne me suis pas relâché. J'ai continué à m'entraîner tranquillement avec un jour plus dur derrière voiture pour ne pas perdre le tonus musculaire. Chaque nuit je dormais plus de dix heures.
Culture Sport : Cette année tu as gagné une étape du Tour de Castille et Léon. As-tu retrouvé ton niveau d’il y a deux ans ?
Igor Anton : Chaque année est différente, comparer la saison 2008 à celle de 2010 l'est aussi. Je récupère mon meilleur niveau petit à petit, mais ça m'a coûté de gros entraînements et des sacrifices. Maintenant je verrais avec mon expérience, car c'est ma sixième année dans le monde cycliste professionnel. J'aimerais penser que j'ai un niveau égal voire supérieur.
Culture Sport : Tu es au maximum de ta forme ou tu peux être encore plus fort ?
Igor Anton : En ce moment je suis au maximum… Mais je crois qu'en septembre je serais encore mieux et mon objectif est de gagner le Tour d'Espagne. Mais c'est difficile d'évaluer exactement la forme du moment.
Culture Sport : À la Flèche Wallonne tu as fais quatrième juste derrière Alberto Contador. Où te situes-tu par rapport à lui ?
Igor Anton : Ce jour là j'ai dynamité la course. C'est moi qui ai produit le rythme et Contador m'a suivi... J'ai essayé de le décrocher et j'ai par la suite payé mes efforts. Nous avons perdu la course à cent cinquante mètres de l'arrivée quand Cadel Evans et Purito (Joaquin Rodriguez) nous ont dépassé. Maintenant je connais bien cette pente pour l'an prochain.
Culture Sport : Penses-tu revenir en Belgique pour gagner une des deux Ardennaises ?
Igor Anton : Oui, mais je devrais arriver avec les mêmes jambes pour cela (rires). La Flèche est une bonne course pour moi. Liège est supérieure, il y a plus d'ingrédients, la tactique. C'est deux cent soixante kilomètres où il faut beaucoup de force notamment pour le sprint. Liège est sûrement la plus grande course d'un jour au niveau mondial.
Culture Sport : Vas-tu te consacrer aux Classiques Ardennaises après tes bonnes performances ?
Igor Anton : Je veux revenir et améliorer mes résultats de cette année. Les deux épreuves m'ont vraiment enchanté.
Culture Sport : Quelles sont tes impressions du Mur de Huy ? Quel développement as-tu utilisé ? Es-tu déçu d'être passé si près de la victoire ou est-ce une satisfaction de terminer quatrième ?
Igor Anton : Huy c'est un mur (rires). C'est trompeur parce que quand tu crois que tu l’as dominé, c'est que ça se durcit; cent mètres paraissent un kilomètre. A la télévision on ne se rend pas bien compte de la pente. Se classer quatrième une première est une satisfaction car les coureurs qui me précèdent sont de grands noms du cyclisme mondial.
Culture Sport : Quelles classiques rêves-tu de gagner dans ta carrière ?
Igor Anton : J'ai toujours rêvé de gagner le Tour de Lombardie, et j'ajoute Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne.
Culture Sport : Quels étaient tes objectifs au Tour de Romandie ?
Igor Anton : Une place au général était difficile à réaliser sans une arrivée en côte et avec deux chronos. Mais la déception a été de ne pas gagner le dernier jour. Seul Valverde m'a passé dans les 100 derniers mètres. C'est une réelle déception car ce jour là c'est moi qui grimper le mieux. Si l'arrivée avait été au sommet, cela aurait été différent.
Culture Sport : En 2010 vas-tu courir le Tour de France, le Tour d'Espagne ou les deux ?
Igor Anton : Pour cette saison je me concentre à cent pour cent à la Vuelta.
Culture Sport : Que penses-tu de l'étape qui arrive au Tourmalet ? Si tu participes au Tour en juillet prochain, vas-tu tenter quelque chose ?
Igor Anton : Malheureusement je ne vais pas y être. Mais c'est un col mythique où se déplacent beaucoup de supporters. Des gens de partout viennent au Tourmalet, surtout du Pays Basque avec leurs fameux t-shirt oranges.
Culture Sport : S’imposer au Tour d’Espagne, est-ce dans tes cordes ?
Igor Anton : Pour penser remporter un jour la Vuelta, je devrais rester très proche de mes adversaires pour me retrouver aux avants postes de la course. Cette année je vais voir jusqu'où je peux aller !
Merci à Igor Anton pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Propos recueillis par Maxence Châble l Traduction réalisée par Patrice Aguer l Images : Site officiel d'Euskaltel-Euskadi