Gros plan sur ce derby de Manchester qu’on peut déjà qualifié d’historique. Certains y voient déjà une passation de pouvoir, à confirmer.
« Easy ! Easy !» c’est ce que scandaient les fans de Manchester City, incrédules, quelques secondes après que Mark Atkinson ait mis fin au cent soixante et unième derby de Manchester. Quelques minutes plus tard, Sir Alex Ferguson parlait devant la presse de « pire résultat de sa vie ». Il est vrai que le score est pour le moins éloquent : 6-1. Cela faisait quatre-vingt un ans que Manchester United n’avait pas pris six buts à domicile en championnat, cinquante six ans qu’il n’avait pas connu défaite aussi large à domicile en championnat. Mais au-delà de ces statistiques c’est le spectacle de ces dernières minutes surréalistes, où Manchester City paraissait pouvoir marquer sur chaque attaque sans rencontrer une quelconque résistance de la part des Reds Devils qui restera dans les mémoires. Car ces dernières années, Manchester United était l’équipe qui remportait ces titres au mental, renversant des situations largement compromises, faisant craquer nombre de ses adversaires dans les ultimes minutes de la rencontre et capables de défendre corps et âme un résultat chèrement acquis et de « tuer » l’adversaire sur chacun de ses temps forts.
Mais hier ce sont bien les Reds Devils qui ont dominé l’entame d’un match, une domination stérile qui a débouché sur l’ouverture du score de…City. A la vingt-deuxième minute, Mario Balotelli conclue d’un superbe intérieur du pied une action remarquablement menée par David Silva et James Milner sur le côté gauche. Un score qui n’évoluera pas jusqu’à la mi-temps, une mi-temps équilibrée mais très loin de l’intensité qu’on pouvait attendre d’un derby. Ce n’est en fait qu’en deuxième mi-temps que Manchester City posera son empreinte sur le match bien aidé par Jonny Evans exclut dès la quarante-septième minute pour avoir retenu Mario Balotelli qui filait au but. Dès lors les Cityziens vont monopoliser le ballon, et doublé la mise à la soixantième minute. On reprend les mêmes acteurs que sur le premier but : Silva fait le décalage, Milner centre et Balotelli marque. 2-0 puis 3-0 à la suite d’une action d’école conclue par Aguero.
Manchester United aura bien eu une réaction par l’intermédiaire de Darren Fletcher qui réduit la marque à la quatre-vingt-unième minute d’une belle frappe consécutive à un une-deux avec Javier Hernandez. Mais là où un autre Manchester United aurait inexorablement semé le doute dans l’esprit de son adversaire, ces Reds Devils là vont totalement perdre pied permettant à David Silva puis Edin Dzeko (deux fois) de tromper David De Gea. 6-1 et le score aurait pu être encore plus lourd sans les deux face à face manqués par ce même Dzeko.
Une tendance déjà aperçue la semaine passé contre Liverpool lorsqu’à un partout, les mancuniens avaient concédés trois occasions franches dans les cinq dernières minutes. Car si après cinq matches et autant de victoire, le projet de Sir Alex Ferguson de rajeunir son équipe pour donner plus de vitesse au jeu avait été porté aux nues, le soufflet semble cette fois ci retombé. Cette équipe plus joueuse semble aussi plus fébrile défensivement et plus faible mentalement. Attention tout de même à ne pas aller trop vite en besogne, on se souvient qu’il y a quinze ans quasiment jour pour jour, le vingt octobre 1996, les Reds Devils avait été concéder une gifle 5-0 à St James Park contre Newcastle avant d’être sacré champions quelques mois plus tard. « L’abandon » vu durant les dernières minutes dimanche pourra cependant donner des cheveux blancs à Sir Alex Ferguson.
Une attitude qui contraste avec celle de joueurs de Chelsea quelque heures plus tard sur la pelouse des Queens Park Rangers, car rapidement mené au score sur un penalty de Helguson et réduit à neuf à la suite des expulsions successives de Bosingwa puis Drogba les Blues auront continué de pousser et amené le danger jusqu’aux derniers instants sur la cage de Paddy Kenny. En vain. Au classement Manchester City compte désormais cinq points d’avance sur Manchester United et six sur Chelsea.
Article réalisé par Erwan Verger l Image : AFP