Alors que la saison sur terre battue bat son plein et que l'on se rapproche chaque jour un petit peu plus de Roland Garros, apothéose de la saison tennistique, Culture Sport vous propose de revenir en arrière. Histoire de rendre hommage à un des plus grand vainqueur des internationaux.
10 ans sont passés depuis la dernière victoire de Gustavo Kuerten. Triple vainqueur du tournoi, le brésilien a mis un terme à sa carrière dans son tournoi, celui de son coeur, celui qui l' a révélé, quelques années plus tôt, Roland Garros, le 25 Mai 2008. Une page de l'histoire du tennis se tournait alors. Retour sur la carrière de Guga.
1997 : Les prémices d'un règne
Gustavo Kuerten est né au Brésil le 10 Septembre 1976. Il commence à jouer au tennis dès l'âge de 6 ans. Fait ses gammes sur les terres battues de l'est brésilien, en bord d'Atlantique, à l'abri des regards. En 1995, c'est la consécration pour le clan Kuerten, Gustavo passe professionnel. En 1997, Guga se montre sur le circuit, se crée une réputation. Il atteint la 66ème place mondiale juste avant Roland Garros. Alors qu'il n'avait jamais atteint les quarts de finale dans un tournoi ATP, le brésilien se hisse jusqu'en finale, après avoir battu des références. Le protègé de Larri Passos s'impose contre Sergi Brugera 6/3-6/4-6/2. Avec cette victoire, la première d'un brésilien en grand Chelem, Kuerten entre dans le top 10. En 1998, Kuerten se fait discret sur le circuit, remporte deux titres, dans un quasi-anonymat. C'est en 1999, que Guga va connaître son premier échec. Vainqueur à Monte Carlo, après une finale expéditive contre Marcelo Rios, et Rome, à la suite d'une finale épique contre Patrick Rafter, Gustavo Kuerten arrive Porte d'Auteuil avec le costume de grandissime favori. L'ukrainien Andrei Medvedev lui fait obstacle en quart de finale. Guga ne veut pas en rester là...
2000 : Envie de revanche et première place mondiale
En 2000, le brésilien revient aux Internationaux de France, confiant, revigoré par ses victoires à Santiago ou à Hambourg. Kuerten se rapproche de la première place mondiale. Solide, facile, le natif de Florianopolis, passe les premiers tours sans encombre et vient à bout de Magnus Norman en finale. Devant un court Philippe Chatrier, plein à craquer, Guga domine son adversaire 6/2-6/3-2/6-7/6. Le voilà rassuré. Cependant, la lutte pour la première place fait rage, avec le russe Marat Safin. Moins à l'aise sur surface rapide, Kuerten réussit l'exploit de sortir André Agassi et Pete Sampras à Lisbonne, au Masters (tournoi de fin de saison qui réunit les 8 meilleurs joueurs mondiaux). Masters qu'il remportera finalement. Dans le même temps, le Tsar Safin s'incline, et cède le fauteuil de numéro 1 mondial au brésilien.
2001 : L'apothéose
Après sa victoire au Masters, en terres lusitaniennes, Kuerten est au sommet de son art. Vainqueur à Buenos Aires, Acapulco et Monte Carlo, Guga est alors le meilleur joueur du monde sur terre battue. Dans la foulée de ces victoires, le brésilien s'impose pour la troisième fois de sa carrière à Roland Garros. Un succès en 8èmes de finale sur le déroutant Michael Russel 3/6-4/6-7/6-6/3-6/1 et un coeur dessiné à l'aide de sa raquette sur la terre ocre du central, plus tard, et voilà Kuerten vainqueur de Alex Corretja 6/7-7/5-6/2-6/0. L'histoire d'amour en Guga et le public français perdure. Le brésilien entre au panthéon du tennis, triple vainqueur des internationaux de France. Comme Ivan Lendl ou Mats Wilander.
En 2002, Kuerten se fait encore très discret. Une seule victoire, comme référence, sur Guillermo Coria, alors valeur montante du tennis mondial, à Salvador, chez lui, au Brésil. Il ajoutera deux autres titres à son palmarès, déjà long comme le bras, en remportant les tournois d'Auckland et de Saint Petersbourg, en 2003.
2004 : Année noire et blessures récurrentes
Après ces dernières victoires peu significatives, Gustavo Kuerten va connaître, en 2004, une année « noire ». Une blessure à la hanche l'éloigne des terrains. Mais le brésilien a du cran et s'accroche. A Roland Garros, il ne s'incline qu'en quart de finale contre un irréprochable David Nalbandian. Cette année là, Kuerten a tout de même éliminé Roger Federer, au troisième tour, 6/4-6/4-6/4. Pour lui, c'est la fin d'un cycle et il décide de se séparer de son entraineur de toujours, son mentor, Larri Passos.
Deux interventions chirurgicales plus tard, le brésilien souffre moins de la hanche et revient sur le circuit après une victoire lors du tournoi exhibition de Copacabana, à Rio de Janeiro. En 2005, Guga a dégringolé à la 294ème place mondiale, mais souhaite réintégrer le top50. Histoire de faire encore plaisir à ses fans.
2006 : La fin approche, malheureusement...
L'exil aux Etats-Unis début 2006, ne changera rien. Sa hanche n'est pas solidifiée. En février, Guga annonce qu'il mettra un terme, à sa carrière si son opération « reconquête » n'aboutit pas. Sa 300ème place au classement ATP, l'oblige alors à renoncer à sa participation à Roland Garros. Mais le brésilien veut continuer, coute que coute. Il engage le préparateur physique qui a remis sur pied Ronaldo, après son opération au genou. Après deux longues années de séparation, il renoue les liens avec Larri Passos, qui accepte de le reprendre en charge. En Novembre, l'essai est peu concluant, le brésilien tente un improbable retour à la compétition, mais s'incline au 1er tour du Challenger d'Asuncion.
En 2007, Kuerten ne dépasse plus le troisième tour des tournois sur lesquels il est engagé. La traversée du désert, l'affecte, forcément. Mais Guga tient à partir la tête haute. En Janvier 2008, il fait ses adieux à ses fans lors de l'Open du Brésil après une défaite face à Carlos Berlocq, au premier tour. Sébastien Grosjean, alors en pleine bourre, mettra un terme à sa tournée américaine, à Miami en Mars.
Quelques mois plus tard, Guga est invité à participer aux internationaux de France, pour la dernière fois de sa vie. Le 25 Mai 2008, Paul-Henri Mathieu met fin à la carrière de Kuerten, défaite 6/3-6/4-6/2. Le public parisien lui rend un hommage poignant. Standing ovation et trophée de terre battue à l'appui.
Après 20 titres en simple, dont 3 titres en Grand Chelem, et 8 titres en double, Gustavo Kuerten a quitté le circuit mondial avec les honneurs, la reconnaissance de ses pairs, aussi. Son sourire et ses cris au moindre contact de sa raquette avec la balle resteront gravés à tout jamais dans la mémoire collective.
Depuis 2008, Guga met en oeuvre des actions caritatives. Ses dons ont notamment permis d'aider près de 10 000 personnes au Brésil. Gustavo Kuerten est également très impliqué dans la vie des associations de son pays. Il aide son frère, handicapé mental. Le brésilien a part ailleurs reçu le prix « Youth and Citizenship », des mains des représentants de l'UNESCO. Un grand monsieur.
Article réalisé par Paul Barcelonne / Images : Sport24