GP de Chine : Hamilton prodigieux, Webber fabuleux, merci messieurs !

Outre Hamilton, le spectacle aura été le grand vainqueur de ce Grand Prix, riche en émotions. Avec ou sans l'aide des nouveaux « gadgets » que sont le KERS (Kinetic Energy Recovery System, Système de Récupération de l'Énergie Cinétique en français) et le DRS (Drag Reduction System, Aileron Arrière Ajustable en français), les pilotes nous ont offerts un Grand Prix d'anthologie. On en redemande !

Le Big Three ( Red Bull – McLaren – Ferrari )

C'est donc Lewis Hamilton qui aura eu l'honneur de mettre fin à l'hégémonie austro-allemande de Red Bull et Vettel. Un exploit. Sebastian Vettel aura trouvé, sans mauvais jeu de mots, sa bête noire. Celui qui l'empêchera peut-être de remporter un second titre de champion du monde consécutif. En tout cas, la guerre est déclarée entre les deux énergumènes, qui se retrouveront peut-être dans l'écurie autrichienne l'an prochain. Mais nous n'en sommes pas encore là, revenons à nos moutons.

Avant le départ, rien n'était gagné pour le Britannique, qui avait délibérément « raté » sa qualif', histoire de chouchouter ses pneus. Jusqu'au départ du tour de chauffe, les mécaniciens de McLaren étaient affairés sur la voiture du natif de Tewin. La carrosserie fut même montée dans les derniers instants. Malgré tout, l'Anglais prit le départ, fort heureusement, en troisième position. Auteur d'un bon départ, et aidé par le KERS, Hamilton s'est offert Vettel au départ pour boucler le premier tour derrière son coéquipier et compatriote Jenson Button, qu'il doublera au 36ème tour, sur une hésitation du champion du monde 2009. La course ne fut pas simple pour Hamilton, pourtant. Tout à tour dans la peau du dépassant et du dépassé, son ultime dépassement sur Vettel à 4 tours de la fin lui offre la 15ème victoire de sa carrière.

Button, lui, échoue au pied du podium, à cause d'un Webber survolté qui lui chipe la troisième place dans les derniers tours. Mais l'Anglais était trop distrait pour s'imposer une deuxième fois consécutive sur le circuit de Shanghai : il a voulu effectuer son premier pit stop chez Red Bull ! Vettel, qui le suivait, en a bien sûr profité. Baby Schumi s'incline donc pour la première fois de la saison et a trouvé ses nouveaux ennemis : Hamilton et les pneus. Ces derniers se sont totalement effondrés à la fin de la course, privant l'Allemand d'un troisième victoire cette saison.

Si Vettel n'a pas connu une journée heureuse, son coéquipier, Mark Webber, s'est fait plaisir : parti 18ème après une bévue de son équipe lors des qualifications, l'Australien a terminé sur le podium ! Dans les derniers tours, personne n'a pu résister à Webber, intenable, et pourtant sans KERS ! Le point levé au drapeau à damier, le grand Mark renoue enfin avec le podium. Chez Ferrari, on s'est, semble-t-il, résigné. Felipe Massa termine sixième, juste devant Fernando Alonso. Si le Brésilien a réalisé une course propre, l'Ibère devrait être sous le coup d'une inspection par la FIA. La cause ? Usage illégal de DRS sur Michael Schumacher. Alonso pourrait être sanctionné, surtout qu'il termine la course 4 dixièmes devant l'Allemand. Affaire à suivre. Mais du coté de Maranello, on va commencer à se poser des questions. Il serait temps.

Les outsiders ( Mercedes – Renault )

Les jours se suivent et ne ressemblent pas pour les outsiders. Lors des deux derniers Grands Prix, c'était champagne chez Renault et soupe à la grimace chez Mercedes. Cette fois, ce fut l'inverse : le motoriste allemand place ses deux voitures dans les points, tandis que la marque au losange peine à placer Petrov dans les dix premiers. Rosberg conclut la tournée asiatique à la cinquième place tandis que le vétéran Schumi termine lui huitième. La performance de l'écurie de Ross Brawn relève du miracle, tant les Mercedes ont souffert tout au long du week-end, sauf pour la course ! Chez Lotus Renault, en revanche, le week-end fut noir, comme la voiture. Les pilotes ont connu des pépins mécaniques du vendredi au dimanche. La Vmax exceptionnelle de l'équipe anglaise (les Lotus-Renault ont la vitesse de pointe la plus élevée du plateau) n'aura pas joué son rôle dans la grande ligne droite (1,5 km) de Shanghai. En lot de consolation, Petrov ramène les deux points de la neuvième place. Heidfeld termine lui douzième, après sa mauvaise qualif' et quelques frictions durant le Grand Prix. Week-end à oublier pour l'écurie d'Éric Boullier.

Le club des Quatre ( Sauber – Williams – Force India – Toro Rosso )

Sauber a-t-il bluffé en Australie ? C'est la question que l'on est en droit de se poser aujourd'hui. L'écurie de Peter Sauber nous déçoit un peu, tant les espoirs soulevés par les places prometteuses (mais provisoires) de Melbourne étaient grands. En Chine, Kobayashi termine de justesse dans les points, à la dixième place, et son coéquipier Perez pointe à un tour de Vettel, en quinzième place. Le Mexicain ne serait-il en fait qu'un pilote payant ? A voir en Turquie. Chez Williams, on peut pousser un « ouf » de soulagement : les voitures ont terminé la course ! Terminer dans les points aurait été trop demandé, Barrichello termine treizième. Mais termine la course, comme Maldonado. Le Vénézuélien est cependant loin (18ème). Du côté de l'écurie indienne Force India, le néophyte Di Resta tient la dragée haute à Sutil. L'Écossais au nom à consonance italienne termine à la plus mauvaise place, celle qui n'offre aucun point, quand celui de devant en prend un, c'est à dire la onzième place. Sutil, lui, conclut cette étape chinoise à une peu glorieuse quinzième place. La petite sœur de Red Bull, Toro Rosso, a vu ses espoirs de points s'évanouir quand Alguersuari, parti septième, a perdu sa roue arrière droite au neuvième tour. C'est d'ailleurs le seul abandon de la course ! Buemi s'intercale entre une Williams et une Force India, en quatorzième place.

La queue de peloton ( Team Lotus – Hispania – Virgin )

Fait assez rare pour être souligné, toutes les monoplaces des petites écuries auront vu le drapeau à damier. Si les deux Hispania de Liuzzi et Karthikeyan briguent les deux dernières places, si Timo Glock s'accapare l'antépénultième place, derrière son coéquipier d'Ambrosio, lui même derrière la Lotus de Trulli, le Finlandais Heikki Kovaleinen, sur l'autre Lotus, signe la grosse performance du jour : seizième, devant une Sauber et une Williams, battues à la régulière ! Enfin...

Les Tops

Lewis Hamilton : Le Britannique s'impose pour la première fois depuis Spa l'an dernier. De plus, il brise l'hégémonie de Vettel et relance de ce fait le championnat. What else ?

Mark Webber : Le vieux Mark, parti 18ème, termine sur le podium. Pourtant, l'Australien n'a une fois de plus pas pu faire usage de son KERS. Qu'en aurait-il été s'il l'avait eu à disposition ?

Mercedes : Reparti bredouille d'Australie et de Malaisie, Nico Rosberg inscrit ses premiers points de la saison. Et 10 d'un coup ! Schumi inscrit lui 4 points. C'est mieux que rien.

L'abandon : Seul Alguersuari n'aura pas vu le drapeau à damier. Toutes les autres voitures ont terminé la course. Jolie performance de fiabilité de la part des écuries.

Le spectacle : Amateurs de F1, vous avez été servis ! Pas un tour sans voir un pilote tenter d'en dépasser un autre. Le réalisateur ne savait plus où donner de la tête. Même ma collègue Emilie Drouet a regardé le Grand Prix. C'est dire à quel point il fut passionnant !

Les Flops

Sebastian Vettel : D'accord, Sebastian Vettel termine deuxième. Mais quand on voit la main-mise qu'il avait sur le championnat, on l'imaginait mal de pas terminer sur la plus haute marche du podium cette saison !

Lotus Renault : L'écurie anglaise réalise là une sacrée contre-performance en inscrivant seulement 2 petits points. Du coup, Ferrari prend le large et Mercedes revient...

Williams : Aucune voiture dans les points encore une fois. Comme Hispania, Virgin et Team Lotus. Oui, on est d'accord, ça craint.

Les combinaisons McLaren : Tiens, Button et Hamilton sont passés chez Ferrari ? Ah non, c'est juste l'équipementier Hugo Boss qui décide d'habiller les deux anglais d'un rouge flamboyant lors des qualifications. Bizarre, vous avez dit ?

L'acte manqué de Button : On l'a compris, Red Bull est la meilleure écurie du plateau. Et Button aimerait bien rejoindre l'équipe autrichienne. Il a tout essayé, l'ami Jenson. Même de s'arrêter au stand Red Bull lors de son premier ravitaillement. Raté.

Les classements

Vettel fait toujours cavalier seul, avec 68 points. Suivent Hamilton (47) et Button (38). Webber est quatrième (37). Les deux pilotes Ferrari, Alonso (26) et Massa (24), devancent les deux pilotes Lotus-Renault, Petrov (17) et Heidfeld (15). Vient ensuite Rosberg (10).

Red Bull prend le large (105 points). Seules les McLaren tiennent la cadence (85). Ferrari est déjà loin (50), tout comme Lotus-Renault (32) et Mercedes (16).

Article réalisé par : Etienne Escuer, suppléé par Emilie Drouet l Images : planetef1.com / toilef1.com