Notre « Gazette du BOPB » était quelque peu en sommeil depuis le retour triomphant des cinq finalistes (Damien Traille, Imanol Harinordoquy, Dimitri Yachvili, Raphael Lakafia et Fabien Barcella) de la Coupe du Monde, sur la côte Basque. La situation du club au classement du championnat de France n’a pas tellement évolué. Biarritz se retrouve encore et toujours enlisé dans les derniers de la classe. Il va falloir se battre pour sauver sa peau en Top 14. Pour faire le point, nous avons interrogé le créateur de Miarritzeko Mutilak, un groupe de jeunes supporters, qui devrait donner de la voix, jusqu’à la dernière journée de la phase régulière, pour aider son équipe favorite à se maintenir dans l’élite.
Voici la première partie de l'entretien. La deuxième sera publiée à 21 heures.
Culture Sport : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et présenter du même coup votre association ?
Romain Domège : Je m'appelle Romain Domège, j'ai vingt ans et je suis étudiant sur Bordeaux en école de commerce. Plus précisément à la BEM. Notre association Miarritzeko Mutilak avait pour but initial de rassembler les jeunes Biarrots autour du BOPB et de se regrouper en tribune pour animer un stade qui était, il faut le reconnaitre, assez triste et peu chaleureux.
Culture Sport : Pourquoi n’avoir créé cette association qu'en 2006 ? Suite à l'enthousiasme procuré par le titre de champion de France en 2005 ?
Romain Domège : Pourquoi en 2006 ? Très bonne question. Car avant, j'étais un peu jeune pour le faire. J'avais parlé, à mon père et mes amis, de mon souhait de créer quelque chose car j'aime profondément ce club. Le Baccalauréat passé, j'ai rassemblé mes amis, rencontré les dirigeants du BOPB ainsi que l'association Aupa BO. J'ai ensuite décidé de m'engager en créant Miarritzeko Mutilak pour le club. Il est clair que l'engouement suite au Bouclier soulevé en 2005 constitue une aide et un environnement propice à l'éclosion de l'association, mais ce ne sont que des pures coïncidences. Le BO serait descendu, cela n'aurait entamé en rien notre motivation.
Culture Sport : Quel est (ou sont) le(s) joueur(s) le(s) plus plébiscité(s) par les membres d’Miarritzeko Mutilak ?
Romain Domège : Les joueurs les plus plébiscités par nos membres sont ceux qui font références aux valeurs les plus nobles de notre sport que sont le combat, la solidarité, la fidélité et l'abnégation, mais également ceux représentant le mieux notre région et nos origines Basques. Imanol Harinordoquy, notre capitaine, est tout un symbole. Il jouit d'un rôle d'ambassadeur pour notre club. Dimitri Yachvili, l'homme à tout faire, avec qui nous avons vécu tant de bons moments, est également très apprécié. Sinon la hargne et la ténacité de l'ancien Bayonnais Héguy et de nos jeunes troisièmes lignes Lauret et Guyot dont on est forcément très fiers.
Culture Sport : Pensez-vous que l'équipe va parvenir à se sauver et garder du même coup sa place en Top 14 ? Ce serait une triste première depuis la saison 1994-1995 si les Biarrots vont en Pro D2…
Romain Domège : Concernant le maintien, il faut être réaliste et cesser avec les discours positivistes en se donnant de fausses excuses et en retardant de voir la réalité en face. Nous avons pris conscience bien trop tardivement de notre situation. Aujourd’hui, il faut être lucide, le Biarritz Olympique a les clefs en main. Nous recevons cinq fois et nous nous déplaçons chez deux de nos concurrents. Bayonne et Brive ne reçoivent quant à eux que trois fois. Nous avons notre destin en mains, il faudra gagner tous les matchs à domicile et remporter un succès précieux à l'extérieur. Si l'équipe se solidarise, joue avec le cœur qu'elle a, avec ses armes et son expérience, elle peut relever tous les défis... On est en quarts de finale du Challenge Européen, ce qui est paradoxal. Pourtant nous avons réalisé une belle campagne européenne en H-Cup. Je crois en cette équipe et en ses valeurs. On n’enterrera pas si rapidement un club comme le BO.
Culture Sport : Les rencontres à venir vont se disputer face à des concurrents directs pour le maintien : Bordeaux-Bègles (lors de la prochaine journée, 19e), Brive (20e), Lyon (21e) et Bayonne (23e). L’enchainement de ces quatre matchs en cinq journées ne vous fait pas peur ?
Romain Domège : L'enchainement de ces face à face directs est évidemment très important quant à la suite du championnat. Cela nous inquiète forcement. Ce qu'il faut, ce n'est pas commencer à partir dans des calculs d’apothicaire. Il faut prendre les matchs un par un en arrivant le couteau entre les dents. Pas de place pour les hésitations et la mise en place de techniques de jeu. Il faut que le BO se recentre sur lui-même ainsi que sur les valeurs de bases qui nous font défaut aujourd’hui : les fondamentaux, la conquête, un buteur précis et surtout de l'envie et de la motivation. On part à la guerre chaque week-end.
Culture Sport : Lorsque que l’on regarde le palmarès du championnat de France, on se rend compte que le Biarritz Olympique est le club qui a le plus souvent soulevé le Bouclier de Brennus lors de ces dix dernières années (à trois reprises, comme le Stade Français). Ça vous inspire et procure quoi alors que le BO est en train de jouer le maintien ?
Romain Domège : Vous soulevez là une question très intéressante car au-delà des titres, le BO a chaque année, sauf une fois, connu les joies des phases finales de Coupe d'Europe et connu deux finales malheureusement perdues (2006 et 2010, ndlr). Nous avons vécu de si belles choses. Vous savez, nous sommes une ville de 27 000 habitants et nous représentons avec Bayonne une région peu peuplée. Pourtant, l'engouement est là. C'est une fierté de voir ce qu'a réussi le Biarritz Olympique et la manière avec laquelle il a réalisé ces belles performances. Tant de joies et de souvenirs qui resteront gravés dans le cœur des nombreux Biarrots. Jouer pour le maintien est évidemment difficile, mais quand on aime un club qui vous a tant apporté, jamais vous ne pourrai le laisser tomber.
Article réalisé par Nicolas Gréno
Propos recueillis par Nicolas Gréno
Contact : nicolas.greno@culturesport.info
Crédit photos : Facebook de Miarritzeko Mutilak