Philippe Hervé : "Oui peut-être que nous aurons la pression..."

Suite au match contre Gravelines-Dunkerque, nous sommes aller à la rencontre de Philippe Hervé, l'entraineur de l'Orléans Loiret Basket. Interview.

Culture Sport : Philippe, incontestablement, il y a du mieux mais c'est pas encore suffisant pour gagner ce match...
Philippe Hervé : Oui, il y a du mieux c'est sur. On est cohérent avec une très très belle attitude, une belle énergie dans un scénario de match qui n'est pourtant pas simple parce que on souffre en première mi-temps d'un petit manque de confiance. On fait preuve de précipitation dans les situations plutôt avantageuses pour marquer des paniers, donc on ne prend pas du tout de confiance sur la réussite offensive. Mais pour autant, sur tous les autres compartiments du jeu, et encore une fois il faut louer l'investissement du groupe et l'état d'esprit qu'il a. A l'heure actuelle il souffre un petit peu des même maux. Les chiffres parlent 2/11 à 3pts, ça c'était en première mi-temps et on est à 5/14 dans la raquette, donc beaucoup trop de situations où on pourrait positiver et où on ne positive pas. Heuresement qu'on a eu l'attitude qu'a été la notre parce que vous jouez sans ça et vous arrivez à jouer les yeux dans les yeux avec Gravelines, ça veut dire que vous êtes cohérent sur tout le reste. Donc ça c'est vraiment la bonne chose. L'attitude est très bonne donc ça c'est aussi une très très bonne chose. Mais il faudra encore un petit peu de temps pour ré-établir une plus grande confiance. Ca a commencé à se traduire sur la deuxième mi-temps. C'est bien d'être dans l'effort et l'agressivité comme vous l'êtes mais le rythme du tir c'est toujours le même, quelque soit les efforts que vous faites avant, il faut se relacher au moment du tir et ne pas se précipiter comme on l'a fait en première mi-temps. Pendant un moment, on a retrouvé plus de réussite.
Mais après c'est sur et je peux pas m'en cacher aujourd'hui, ça fait beaucoup de temps qu'il y a l'arbitrage. Malheuresement, je suis obligé d'en parler ce soir. Je voudrais quand même dire en préambule que ça fait 3 ans que j'ai changé mon attitude par rapport à l'arbitrage. Je voulais vraiment ne pas être dans les logiques de match, ne pas être en lecture de l'arbitrage, je pense que l'on se disperse beaucoup trop. Voilà l'état d'esprit qui est le mien depuis quelques années.
Quand je vois, et pas que sur ce match là, que je suis un de ceux qui échange le moins avec les arbitres. Je ne mets pas beaucoup de pression. Et quand, je vois ce qui c'est passé ce soir avec le manque de respect du trio arbitral, quand on me signifie de me taire après une intervention et de ne plus jamais parler à l'arbitre alors que j'ai besoin de comprendre des choses parce que j'ai pas tout compris ce soir. La cohérence faudra me l'expliquer. J'espère maintenant que le trio arbitral avec le responsable en chef des arbitres en France retravailleront sur ce match là. On a une équipe plus agressive cette année dans les rapports de un contre un à l'image de l'équipe de Gravelines avec Wooside et Bokolo qui provoquent beaucoup. Donc nous, on a provoqué aussi et au final, il n'y a pas les mêmes choses qui sont sifflées. Enfin, il y a une chose qu'il faut souligner, quand on s'amuse à faire des sessions de travail avec les arbitres et qu'on prend pour exemple Aldo Curti, vous créez forcément dans l'inconscient des gens une problématique avec Curti. Là c'est inadmissible de voir comment Curti est arbitré depuis maintenant 1an. Alors bon, moi je suis jamais rentré dans ce jeu là mais là, ce n'est plus possible. Le pauvre gamin et je rappelle que c'est un « JFL ». A un moment donné, ils vont vouloir s'en aller ces gens là si ça continue, parce que pour lui c'est ingérable. Qu'on l'ait pris en exemple il y a 1 an et que je vois comment aujourd'hui ça se traduit, c'est inadmissible de voir comment il est sifflé. Il est bien plus durement sifflé que le meilleur défenseur de France, John Linehan, et sur lequel je dis qu'il n'y a aucune problématique d'arbitrage. Par contre, il y en a une vraie avec Aldo Curti. Ca ne peut plus durer comme ça. Parce que le gamin et croyez moi, je le vois il est costaud pour arriver à canaliser sa frustration qu'est terrible qu'on voit ce soir. Ca suffit !
A un moment donné, on ne peut pas ne pas dire les choses, donc je le dis. Aujourd'hui, il y a un vrai manque de respect vis-à-vis de nous, vis-à-vis de moi et ça je ne l'accepterai pas longtemps... ou alors je vais rentrer dans le jeu de X entraineurs de France qui passent leur temps à contester ! Vous demandez du respect, respectez moi ! Ce soir c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. On a fait le point basket mais il y avait aussi le point arbitrage !

Culture Sport : Oui mais Philippe, quelles suites il peut y avoir à ça ?
Philippe Hervé : J'en sais rien ! Après c'est la conscience des gens, s'ils ont la conscience propre, libre à eux! Après moi, j'ai le devoir à un moment de dire les choses. Ca fait 3ans que je ne dis rien. Je ne peux pas laisser mon groupe penser que l'entraineur va rien faire. Ils sont tellement frustrés par ce qui c'est passé que là c'est de ma charge de dire les choses ! Après les gens font ce qu'ils veulent mais au moins c'est qui est dit est dit ! Maintenant j'aurais plus de lecture de l'arbitrage c'est tout, au même titre que bon nombre de mes collègues ! Ca ne peut pas durer comme ça ! J'ai été très très respecteux pour me permettre aujourd'hui de parler comme ça ! Moi qui suis toujours très axé vers le jeu parce que je ne voulais pas qu'on aille chercher des excuses ailleurs, j'aime bien qu'on assume nos responsabilités. Mais ce soir tout le monde doit les assumer, et le corps arbitral doit les assumer !

Culture Sport : Philippe, il reste une situation comptable aussi, avec une nouvelle défaite même si on n'est qu'on début de saison, est ce que cela vous inquiète ? 
Philippe Hervé : Nan, ce qui m'inquièterait ce serait un quotidien qui ne corresponde pas à nos attentes, de la part du groupe, tel qu'il se présente au quotidien pour travailler. Ce que je sais c'est que ce groupe là réussira dans la durée. Il y a des ajustements à faire, il y a du travail à faire, forcément. Maintenant, on est à 1 victoire pour 3 défaites sur un plan purement comptable, donc c'est sur qu'on ne respecte pas notre tableau de marche. Après, il faut voir la teneur de ces défaites. En toute objectivité, on a joué 3 équipes qui prétendent au top 6 du championnat, on arrive pas à les battre aujourd'hui. Il faut qu'on progresse pour arriver à les battre mais je pense que dans la durée on y arrivera. Pour l'instant, on est encore un petit peu juste. Ce soir, on a vraiment été très très proche.

Culture Sport : Un petit mot sur Zach Moss, parce qu'on sait que dans les sujets d'inquiétude il y a ça aussi...
Philippe Hervé : Ce soir, c'était vraiment une soirée mouvementée pour nous. Zach prend un vilain coup en première mi-temps. Maintenant, il y a un examen, mais il ne pouvait vraiment plus jouer. C'est sur que ça compliquait d'autant plus la tâche. On sait qu'on a besoin de fixation et on perd rapidement notre point de fixation. C'est pas simple à gérer. On a essayé de le gérer comme on a pu avec beaucoup de coeur mais ça n'a pas été suffisant. Les examens médicaux seront fais, je ne connais pas la suite, c'est sur que ça peut être problématique. Ce sera peut être une opportunité, comme sur la deuxième mi-temps de se re-solidariser un peu plus pour gérer le court terme.

Culture Sport : Il est compliqué finalement ce début de saison...
Philippe Hervé : Oui, mais c'est pas totalement surprenant. Vous sortez d'une grosse dynamique de saison, vous renouvelez, vous avez un calendrier très compliqué parce que vous avez quand même joué 3 équipes de haut de tableau qui n'ont pas changé leur colonne vertébrale de joueur. Quelque part, qu'on soit un peu juste aujourd'hui, et même si ça nous embête de le dire, on est à 1 victoire, 3 défaites. Mais c'est la réalité et on le savait que ça ne serait pas simple compte tenu de tout ce que je viens de dire, ça pouvait se traduire comme ça. On aurait préféré l'éviter mais si on doit y faire face, on va y faire face.

Culture Sport : On a le sentiment que samedi prochain, vous aurez quand même le dos au mur...
Philippe Hervé : Oui. Après c'est sur, on peut prétendre que Vichy n'est pas un adversaire potentiel au top6 du championnat de France, donc on doit être dans les mêmes dispositions; Il faut que ça se traduise comme Limoges qui n'est certainement pas non plus un concurrent au top 6. Si on arrive pas, pour l'instant, à jouer le top6, il faut qu'on arrive à jouer le reste. Donc oui, on aura de la pression mais elle devra se traduire par une victoire. Alors après c'est sur, il faudra qu'on voit dans quelles dispositions on va se présenter, il y aura peut être une inconnue pour nous qui sera importante.

Culture Sport : Vous retrouvez les joueurs quand ? Lundi ?
Philippe Hervé : Nan nan, on a vu qu'il y avait un jour férié alors on s'est dit « tiens, pourquoi pas prendre un jour férié pour une fois »... (rires).

Propos recueillis par Paul Barcelonne l Image : La Tribune d'Orléans