
Nicolas Gréno : « Je mets une pièce sur Alberto Contador »
Je mets une petite pièce sur Alberto Contador. Pourquoi ? Parce qu’il possède, pour moi, et ce très largement, toutes les qualités requises pour se hisser tout en haut de la hiérarchie, sur le trône du cyclisme mondial. Il avait déjà réussi cette performance en 2009. L’an passé, il a échoué pour 144 points. La faute à un Philippe Gilbert impérial dans les classiques. Le Tour de France, Contador peut le remporter, haut la main. Aura-t-il les ressources de doubler avec la Vuelta, pourquoi pas ? En tous cas, au niveau comptable, l'Espagnol engrangerait pas mal de points. S’il gagne ces deux grosses épreuves majeures du calendrier, il empocherait 370 unités. Mais le doublé semble tout de même assez peu probable. Le sextuple vainqueur de Grand Tour (trois Tour, deux Giro, une Vuelta) peut également décrocher une ou deux courses à étapes d'importance, comme par exemple Tirreno-Adriatico, les Tours du Pays Basque et de Catalogne ainsi que le Critérium du Dauphiné. Dommage qu’El Pistolero ne fasse pas le déplacement pour les classiques Ardennaises. Il aurait pu arracher quelques points non négligeables dans la lutte à la première place mondiale. Enfin, encore faut-il qu’il ne se fasse pas suspendre par l’UCI.
Thibault Burban : « Valverde a la capacité d'être bon partout »
2012 marquera le retour à la compétition de l'espagnol Alejandro Valverde, suspendu deux ans en 2010 dans le cadre de l'affaire Puerto. Et il est fort à parier que ce retour va redistribuer les cartes pour l'obtention de la place de numéro un mondial en fin de la saison. Valverde me semble être le coureur le plus à même à concurrencer Philippe Gilbert, l'homme à battre en cette nouvelle année. Pourquoi? Parce que le puncheur originaire de Murcie chasse dans la même cour que le belge, à savoir les classiques et plus particulièrement celle du Printemps. Celui qui a remporté à deux reprises le classement UCI Pro Tour en 2006 et 2008 a un palmarès qui n'a pas grand-chose à envier au nouveau « Cannibale » : deux Liège-Bastogne-Liège, une flèche Wallonne, une Clasica San Sebastian.
Le murcian avait un sens tactique que doivent envier les frères Schleck. Il appartenait à cette caste de coureur qui a cette « giclette » faisant la différence dans les moments décisifs. Le nouveau leader de l'équipe Movistar était un coureur intelligent, portant l'estocade quand il le fallait mais sachant également régler un sprint en petit comité. On le voyait du début à la fin de la saison, étalant sa classe sur les classiques comme sur les Grands Tours. Et c'est peut-être là que va se faire la différence entre les deux coureurs. Si le belge excelle dans les classiques, l'espagnol excellait dans cette capacité à être bon à peu près partout. Il semblait en mesure de remporter aussi bien une étape de plaine un peu accidentée, qu'une de haute montagne ou le classement général. Le murcian a toujours été bien placé sur le Tour de France mais c'est sur un autre grand tour, en l'occurrence la Vuelta, qu'il a accroché à son palmarès. C'est la polyvalence de Valverde qui me fait pencher pour ce dernier comme possible futur numéro un mondial d'un classement qui récompense cette qualité.
Le seul problème est que l'on ne peut parler de Valverde qu'à l'imparfait. Valverde était. Mais est-il toujours? On peut émettre des réserves quant au fait qu'à 32 ans et après un an et demi sans compétition, il ait toujours cette même superbe.

Jérémy Bazin : « 2012, un nouveau départ pour Cancellara »
Fabian Cancellara, ce choix peut surprendre, mais je le vois faire une très grande année 2012. Assez décevant en 2011 malgré quelques belles victoires comme au GP E3, il est passé un peu à côté du reste de sa saison. Bien sûr il a pesé sur les Flandriennes mais pas de la même manière que le Cancellara qu’on a connu à la fin de la dernière décennie. Il a aussi laissé échapper le titre mondial du contre-la-montre ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2006, hormis 2008 mais il n’était pas au départ. Il n’a pas gagné d’étape sur le Tour alors que depuis 2007 il était toujours monté au moins une fois sur la plus haute marche. Bref, son passage chez Leopard-Trek n’aura pas été une grande réussite. Alors 2012 sonne comme un nouveau départ, une réaction très attendue de la part de Spartacus. Le classement World Tour ? Ça parait très compliqué de le voir en tête en octobre prochain, mais ce n’est pas impossible. Il n’y a qu’à voir son palmarès pour voir que Tirreno-Adriatico, le Tour de Suisse, le Tour des Flandres, Milan-San Remo, Paris-Roubaix, le GP E3 ont déjà été gagnés par le Suisse. Cancellara est capable de les regagner encore. Il est aussi capable de briller sur des épreuves comme l’Eneco Tour, le Tour de Pékin, le Tour de Pologne grâce à ses qualités en contre-la-montre. Des classiques comme Plouay s’il finit seul en démarrant au kilomètre, ou encore Liège-Bastogne-Liège ou les épreuves canadiennes sont aussi dans ses cordes. Si on rajoute à cela le fait qu’il rêve de remporter un jour le Tour de France et que l’édition 2012 devrait favoriser de bons rouleurs, on comprend mieux pourquoi Fabian Cancellara peut finir numéro 1 mondial, et encore il ne devrait pas avoir autant besoin de gagner pour finir sur le trône.
Pol Loncin : « A. Schelck a les qualités pour terminer numéro un »
Pour moi, le seul coureur étant capable de détrôner Philippe Gilbert de sa place de numéro un mondial est Andy Schleck. Le cadet des frères luxembourgeois a toutes les qualités requises pour terminer l'année 2012 en tant que numéro un mondial. Le coureur de la formation RadioShack Nissan Trek peut briller sur divers terrains. Dans un premier temps, Andy Schleck visera la gagne dans les classiques ardennaises, courses qui rapportent un beau capital en matière de points. Le petit frère de Frank a déjà été performant lors de ces courses notamment à Liège-Bastogne-Liège qu'il a remporté en 2009 mais aussi en haut du Mur de Huy (deuxième en 2009) et au sommet des Bergs néerlandais lors de l'Amstel Gold Race. Son deuxième gros rendez-vous de la saison sera le Tour de France. Après trois secondes places, Schleck aura à cœur de terminer sur la plus haute marche du podium. Même si le tracé comporte beaucoup de kilomètres en contre-la-montre, il a les capacités pour s'imposer sur la Grande Boucle 2012 car les organisateurs ont donné via le parcours proposé des possibilités d'attaquer de loin et de faire de grands écarts en montagne. En plus des classiques et du Tour, le Luxembourgeois pourra grappiller quelques unités sur les tours d'une semaine comme le Tour de Suisse, du Pays Basque, de Romandie… L'équipe mise sur pied autour du champion grand-ducal pourrait lui être bénéfique comme néfaste pour terminer l'année avec une place de numéro un mondial. Son équipier, Fabian Cancellara pourrait le privé de points importants. Pour Andy Schleck, l'objectif ne sera sûrement pas le classement UCI mais l'ensemble de ses objectifs qu’ils soient tous remplis ou non, pourrait l’amener à détrôner Philippe Gilbert.

Julien Aernouts : "Gilbert, grand favori à sa propre succession"
Le premier nom qui vient à l'esprit n'est autre que celui du belge Philippe Gilbert, impérial les années précédentes sur de nombreuses courses et numéro 1 mondial en 2011, il se porte comme grand favori à sa propre succession. Le wallon qui a déjà remporté de nombreuses courses de renom a de nombreux atouts qui font de lui un coureur extrêmement complet. Et au vu de l'attribution actuelle des points World Tour, avec des courses d'un jour qui rapportent bien plus que plusieurs victoires sur une course à étapes, et au vu du nombre important de ces courses d'un jour au calendrier World Tour que Gilbert négocie à merveille, on ne voie pas grand monde capable de l'empêcher d'être à nouveau numéro 1 mondial. Sortant donc d'une saison 2011 grandiose en émotions avec notamment ses victoires sur les trois grandes classiques ardennaises, ses deux maillots de champion de Belgique, sa victoire sur le Tour de Belgique, ou encore celle acquise sur une étape du Tour de France, on ne voit donc pas, qui pourrait le battre ? Les Shleck, dont la stratégie fait encore défaut, qui sélectionnent leurs courses à leur désavantage, un Alejandro Valverde, qui manque encore sans doute de rythme, Fabian Cancellara qui est peut-être trop limité aux flandriennes et aux épreuves chronométrées qui lui rapportent peu de points, Contador, Evans qui remporteraient des points grâce aux courses à étapes. Mais bien entendu, l'archi favori c'est lui, Philippe Gilbert, qui devrait une nouvelle fois faire qu'une bouchée de nombreuses classiques d'un jour et pourquoi pas même étoffer son palmarès.
Article réalisé par Culture Sport
Crédits Photos : AFP, Getty Images, Reuters