Rétro 2010 : Des jeunes, des larmes et des requins...

La saison cycliste est riche de faits en tous genres. La fin d’année, régulièrement utilisée pour les rétrospectives, est donc propice pour se remémorer les plus beaux souvenirs, les plus tristes aussi, des trois cent soixante-cinq derniers jours. En neuf numéros, replongez vous dans cet excellent cru 2010 qui a vu Cancellara réaliser un merveilleux triplé (Roubaix, Flandres, Mondial CLM), Hushovd devenir le premier Norvégien Champion du Monde, Cavendish craquer et fondre en larmes, Voeckler briller et hisser haut les couleurs Françaises avec ses autres compatriotes dans le Tour (six victoires d’étapes), Contador briguer une troisième couronne après avoir mangé une mauvaise viande, Nibali triompher pour la première fois dans un Grand Tour et Basso revenir au premier plan. La mort de Laurent Fignon nous a également beaucoup marqué. Flashback.

J JEUNES

Edvald Boasson Hagen (NOR, Team Sky) : 6 victoires. A part ça ? Deuxième du Tour d'Oman, de la Vattenfall Cyclassics, du Grand Prix de Québec et du Chrono des Nations.
Cette année, le Norvégien a été moins prolifique qu’en 2009. Mais sa saison reste ce pendant très satisfaisante. Il faut également rappeler que le coureur du nouveau team Sky a été longtemps gêné par une inflammation au talon et n’a pu être disponible pour les classiques printanières. Vainqueur de quatre bouquets en début de saison, il est revenu en forme lors du Dauphiné. Il s’est adjugé la dernière étape, à Sallanches. Lieu où un certains Bernard Hinault avait gagné le Mondial en 1980.
Jack Bobridge (AUS, Garmin-Transitions) : 1 victoire sur route et 9 sur piste.
L’Australien, spécialiste de la piste, a encore prouvé cette année qu’il était un des meilleurs pistards au monde en s’adjugeant pas plus de neuf médailles d’or lors des différentes épreuves internationales proposées tout le long de l’année (Mondiaux, Coupe du Monde, Jeux du Commonwealth, Championnats d’Océanie et d’Australie). Bobridge, Champion du Monde espoirs du chrono a également décroché une victoire d’étape lors de l’Eneco Tour.
Lars Boom (HOL, Rabobank) : 2 victoires. A part ça ? Troisième du Championnat des Pays-Bas.
D’entrée, il a annoncé la couleur. Dès la première très grande épreuve du calendrier mondial, il brille. Vainqueur du prologue de Paris-Nice, l’Hollandais a eu le privilège de porter le Maillot Jaune de la « Course au soleil » pendant trois journées. Champion des Pays-Bas en cyclo-cross, il ne parviendra pas à remporter son second maillot tricolore lors de l’épreuve sur route (troisième).
Jakob Fuglsang (DAN, Team Saxo Bank) : 2 victoires. A part ça ? Deuxième de Binche-Tournai-Binche et du Grand Prix Bruno Beghelli.
Champion du Danemark, Fuglsang reste décidément le Maître dans son pays. En effet, en plus d’avoir décroché la tunique rouge flanquée de la croix blanche,  il a réalisé le triplé dans son tour national. Troisième du Tour de Suisse et quatrième en Lombardie, le « Saxo » a déçu lors du Tour en se classant « seulement » cinquantième.
Robert Gesink (HOL, Rabobank) : 3 victoires. A part ça ? Troisième du Grand Prix de Québec.
Le coureur Néerlandais a enfin bouclé la Grande Boucle ! Contraint à l’abandon l’an passé, à cause d’une vilaine fracture au radius, Gesink a terminé le Tour de France aux portes du top cinq. Sixième du général, il confirme que c’est un futur lauréat potentiel pour un Grand Tour. Vainqueur de sa première classique à Montréal, il a doublé la mise au Tour d’Emilie. Lauréat d’une étape du Tour de Suisse, le coureur de la Rabobank a réalisé de nombreuses places d’honneurs. Suffisant pour être élu coureur Batave de l’année.
Tony Martin (ALL, Team HTC-Columbia) : 5 victoires. A part ça ? Troisième du Championnat du Monde contre-la-montre.
C’est la confirmation d’une petite pépite. Tony Martin, vainqueur de l’Eneco Tour, avec en prime la victoire dans l’ultime chrono, qu’il a survolé, a passé un autre cap cette saison. Ses succès, l’Allemand les a glané dans le contre-la-montre. Champion national de la spécialité, il a remporté une étape du Tour de Californie et du Tour de Suisse, sur les terres du Roi Cancellara. Le Suisse a repris le dessus lors du Mondial à Melbourne. Martin a échoué sur la troisième place du podium, comme en 2009.

Richie Porte (AUS, Team Saxo Bank) : 1 victoire et meilleur jeune du Giro. A part ça ? Quatrième du Championnat du Monde contre-la-montre et de l’Eneco Tour.
Cette performance n’a pas laissé les spécialistes de marbre. Septième d’un Grand Tour dès sa première participation, Richie Porte a illuminé le Giro par sa jeunesse. Porteur du Maillot Blanc comme son aîné et leader Andy Schleck (en 2007), le coureur Australien laisse présager de très belles choses. Au pied du podium lors du chrono du Mondial et lauréat d’une étape chronométrée en Romandie, il semble être bon partout. Autant dans l’effort solitaire, qu’en montagne.

Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) : 5 victoires. A part ça ? Deuxième du 2^e du Grand Prix de Montréal, du Philadelphia International Championship et du Tour de Vénétie.
C’est THE BIG révélation. Sorti de nulle part, ce Slovaque était plutôt (re)connu en cyclo-cross où il avait glané successivement les titres de Champion du Monde et d’Europe juniors en 2008. Passé inaperçu chez les pros l’an passé, dans la modeste équipe Dukla Trencin Merida, Sagan a carrément explosé en 2010 en signant chez Liquigas. Avec deux victoires d’étapes lors de Paris-Nice et du Tour de Californie, agrémenté par un succès pendant le Tour de Romandie, Peter nous a convaincu que se serait un futur grand. Très grand. A confirmer en 2011.
Romain Sicard (FRA, Euskaltel-Euskadi) : 0 victoire. Meilleure perf’ : Deuxième de la quatrième étape du Critérium du Dauphiné.
Le Champion du Monde espoirs sortant était très attendu pour sa première saison dans le circuit Pro Tour. Fraîchement débarqué chez Euskaltel, le Basque à défaut de gagner, a réalisé de très belles performances. Onzième du Critérium du Dauphiné après avoir s’être classé second lors d’une étape arrivant au sommet de Risoul, ce n’est pas donné à tout le monde ! Meilleur grimpeur du Tour du Haut Var, le lauréat du Tour de l’Avenir 2009 a plutôt réussi son entrée chez les grands.
Rein Taaramae (EST, Cofidis) : 0 victoire. Meilleure perf’ : Troisième du Tour de Catalogne.
Une des grandes révélations de l’an passé. En 2010, le coureur Estonien a eu beaucoup plus de mal à trouver la voie du succès. Champion national jusqu’en juin, il avait glané le général et une étape du Tour de l’Ain. Mais cette année, sa meilleure performance n’a été « qu’une » troisième place au Tour de Catalogne et une huitième place à Paris-Nice. C’est quand même satisfaisant même si son abandon dans la Grande Boucle fait tâche.

K KLÖDEN ET SES POTES SHACK (requins)

Au début de la saison, le Team RadioShack, d’un certain Lance Armstrong, et Andreas Klöden donc, avait annoncé qu’il allait tout casser. Un peu comme le Team Sky. Résultat à la fin de l’année, après le Tour de Lombardie ? Mouais… Douze victoires « de qualité » et une moyenne onzième place au classement mondial par équipes. Les requins se sont quand même offerts le Tour du Pays Basque et le Critérium du Dauphiné par le biais de Christopher Horner (le meilleur coureur au classement UCI) et Janez Brajkovic. Ce sont tout de même deux épreuves réputées du calendrier avec leurs plateaux relevés et leurs nombreuses difficultés. A un degré moindre, Haimar Zubeldia a remporté le Tour de l’Ain.
Cette statistique est peut être passée inaperçue, mais la formation de Johan Bruyneel n’a disputé qu’un Grand Tour, sur les trois possibles. Le team US a décliné l’invitation du Giro pour se consacrer entièrement à « l’épreuve nationale », le Tour de Californie. Pour la Vuelta, c’est différent. Ce sont les organisateurs qui n’ont pas voulu de leurs compatriotes Irizar, Zubeldia et autres Rubiera dans leur course.
Les satisfactions de 2010 proviennent de ses espoirs. Brajkovic, a enfin confirmé tout le bien que l’on mettait en lui en décrochant une grande victoire (Critérium du Dauphiné). Ben Hermans a quant a lui glané une étape dans son Tour de Belgique. Mais la plus forte progression est à mettre au profit de Tiago Machado. Le Portugais s’est imposé dans la deuxième étape (partie b) du Circuit de la Sarthe (deuxième au général), mais il a surtout brillé lors des courses à étape. Troisième du Critérium International, du Tour de l’Algavre, chez lui, sixième du Tour de Romandie et dixième du Tour de Pologne, il est la valeur montante du cyclisme Portugais en perte de vitesse après le départ à la retraite de son porte drapeau José Azevedo (directeur sportif de l’équipe et 5ème du Tour de France 2004 ainsi que du Tour d’Italie 2001) et du contrôle positif de Rui Alberto Faria Da Costa. En parlant du Portugal, il faut signaler que son compatriote Sergio Paulinho a remporté la dixième étape de la Grande Boucle.

L LARMES

Mark Cavendish, 5ème étape du Tour de France, jeudi 8 juillet.
Après un début d’année vraiment laborieux, Mark Cavendish craque sur le podium protocolaire du Tour de France. Le Britannique éclate littéralement en sanglots. Cette image a fait le tour du monde. Le « Bad-boy » du cyclisme est-il en train de réaliser, debout sur la première marche à Montargis, devant une innombrable foule de photographes et spectateurs, ses erreurs réalisées avant la Grande Boucle ?
Le 29 avril, pendant le Tour de Romandie, il fait le geste de trop à l’arrivée de la  seconde étape. « Le Cav’ » adresse un doigt d’honneur, et à l’Anglaise s’il vous plait, aux journalistes. Pourquoi ? Parce qu’ils critiquaient le coureur d’HTC pour son médiocre début 2010 (seulement une victoire acquise au Tour de Catalogne). En réalité, Cavendish souffrait de problèmes dentaires. Après cette victoire et ce vilain geste, il est renvoyé à la maison par son équipe.


Le 15 juin, un sprint massif s’organise pendant le final de la quatrième étape du Tour de Suisse. Il sera marqué par une énorme chute collective. Le principal responsable de ce carnage sera… Mark Cavendish. L’Anglais sera accusé d’avoir mis Tom Boonen et Heinrich Haussler volontairement au tapis, dans le but de se débarrasser de clients potentiels pour le Maillot Vert qu’il convoite. Un peut trop même.
D’autres facteurs entrent également en compte. Son frère est en prison pour avoir fait du trafic de drogue, sa petite amie Mélissa a rompu et son meilleur ami, Jonathan Bellis (Team Saxo Bank), a passé de nombreuses semaines dans le coma après un tragique accident.

Cadel Evans, 9ème étape du Tour de France, mardi 13 juillet.
Blessé au bras, Cadel Evans craque dans le Col de la Madeleine. Il n’arrive pas à suivre les deux motos Alberto Contador et Andy Schleck. On assiste alors à la défaillance du Maillot Jaune. Etonnant. A l’arrivée, le Champion du Monde arrive neuf minutes après Sandy Casar, le vainqueur du jour, ainsi que du duo Contador-Schleck. Ce dernier reprend la tunique dorée à l’Australien. A son arrivée à Saint-Jean-de-Maurienne, il tombe dans les bras de son équipier Mauro Santambrogio. De chaudes larmes coulent. Evans vient de laisser passer une seconde fois l’occasion de gagner la Grande Boucle. En fait, le porteur du maillot arc-en-ciel souffrait énormément à cause d’un train de fracture au coude gauche. La veille, il avait chuté lourdement. C’est donc pour cela qu’il portait des bandes bleues sur le bras.

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Article réalisé par Nicolas Gréno
Images : Roberto Bettini/Sirotti/AFP