Rétro 2010 : Gilbert, Hushovd, Basso, un trio de choc

La saison cycliste est riche de faits en tous genres. La fin d’année, régulièrement utilisée pour les rétrospectives, est donc propice pour se remémorer les plus beaux souvenirs, les plus tristes aussi, des trois cent soixante-cinq derniers jours. En neuf numéros, replongez vous dans cet excellent cru 2010 qui a vu Cancellara réaliser un merveilleux triplé (Roubaix, Flandres, Mondial CLM), Hushovd devenir le premier Norvégien Champion du Monde, Cavendish craquer et fondre en larmes, Voeckler briller et hisser haut les couleurs Françaises avec ses autres compatriotes dans le Tour (six victoires d’étapes), Contador briguer une troisième couronne après avoir mangé une mauvaise viande, Nibali triompher pour la première fois dans un Grand Tour et Basso revenir au premier plan. La mort de Laurent Fignon nous a également beaucoup marqué. Flashback.

G GILBERT PHILIPPE
Déjà auteur d’une très belle fin de saison 2009, Gilbert était grandement attendu cette année. On peut maintenant dire que le coureur Wallon n’a pas déçu. Certes, il a gagné une course de moins qu’en 2006. Mais le Belge ne s’est pas imposé dans les épreuves les plus moches. Impressionnant lors de l’Amstel Gold Race et du Tour de Lombardie, l’ancien coureur de la Française des Jeux a survolé son sujet dans ces deux classiques majeures du calendrier. Juste irrésistible.

Intenable pendant la première Ardennaise, "Phil" attaque une première fois après le Keutenberg. Puis une seconde, en plaçant une violente accélération dans le Cauberg, mettant fin aux espoirs de victoire de Bert de Waele. Le coureur d’Oméga Pharma-Lotto le contre et s’en va glaner un Monument de plus à son palmarès qui commence sérieusement à s’étoffer. Le scénario en Italie est quasiment identique. Philippe Gilbert se fait la malle avec Nibali et Scarponi. Sous un temps glacial, nuageux et pluvieux, il prend tous les risques dans les descentes. Pendant que le lauréat de la Vuelta glisse, le Belge poursuit son aventure avec le coureur d’Androni. A quelques bornes de la ligne, Gilbert passe de nouveau à l’offensive et laisse carrément Scarponi surplace. A Côme, il décroche son second Tour de Lombardie consécutif. Quelques jours auparavant, il avait réalisé pareil exploit lors du Tour du Piémont. Magnifique revanche après des Mondiaux loupés. Le Wallon était pourtant bien parti. Mais il s’est échappé un peu trop tôt. Il s’en est fallu de quelques secondes. Tant pis. Ce n’est que partie remise. Une chose est sure, Philippe va le décrocher ce titre Mondial. Il l’espère tellement.

Parfaitement préparé pour Melbourne, avec dans sa sacoche deux victoires étapes de la Vuelta, il aura eu l’honneur de porter le nouveau maillot rouge de leader du Tour d’Espagne. En revanche, la tunique tricolore de champion national se refuse toujours à lui. Deuxième derrière Devolder lors du Championnat de Belgique, Gilbert ne paradera pas encore avec le maillot noir-jaune-rouge lors des classiques Ardennaises et Flandriennes. Là aussi, ce n’est qu’une question de temps.

H HUSHOVD THOR
Cette année, Melbourne est devenue une ville historique. Historique dans le monde cycliste. Pourquoi ? Parce que Fabian Cancellara a été sacré pour la quatrième fois de sa carrière Champion du Monde du contre-la-montre. Du jamais vu.

Quelques jours plus tard, Thor Hushovd c’est emparé d’un des plus beaux maillots. Une tunique avec cinq bandes colorées. L’arc-en-ciel. Après avoir remporté le sprint final des Mondiaux en ligne, le Norvégien est devenu le tout premier coureur de son pays à décrocher la médaille d’or dans l’épreuve reine. Déjà habitué aux podiums internationaux (il fut Champion du Monde du chrono en espoirs), Thor Hushovd a confirmé l’immense talent qu’il possède. Double Champion de Norvège (trois titres dans l’effort solitaire), il a également glané deux Maillots Verts du Tour de France. Preuve de sa très grande régularité. Très bon sprinteur, en témoigne ses multiples victoires d’étapes dans les courses à étapes importantes (huit étapes de la Grande Boucle, une au Giro, trois dans la Vuelta), Hushovd a mis à profit ses muscles pour conquérir le Monde. C’est la consécration pour le poulain de Roger Legeay.
L’ancien manager du Crédit Agricole, formation dans laquelle le "Viking" a débuté sa brillante carrière, jusqu’à l’arrêt définitif de cette dernière en 2008, Legeay est extrêmement fier de son bijou. Un bijou qui prend de la valeur saison après saison. Successivement troisième puis second de Paris-Roubaix, Thor vise la gagne l’an prochain dans la "Dure des dures". Gagner dans le vélodrome de Roubaix, avec en plus le maillot arc-en-ciel sur les épaules, le rêve serait doublement réalisé pour ce sympathique mec.

Le géant de Grimstad pourra bénéficier d’une garde rapprochée ultra luxueuse composée d’Haussler, Maaskant, Van Summeren, Hammond et Klier. Rien que ça ! En plus de ses aptitudes (vainqueur de l'étape des pavés lors du Tour de France), Thor Hushovd a de quoi viser la première place le dimanche 10 avril 2011. En tout cas, c’est tout le mal que l’on lui souhaite. Car il le mérite vraiment.

I IVAN BASSO
Après ses deux années de suspension, à cause de son implication dans la saga "Puerto", l’Italien a redécouvert son tour national l’an passé. Quatrième (après le déclassement de Di Luca), il s’était juré de revenir pour réaliser le doublé l’année suivante. Encore une fois au pied du podium lors de la Vuelta, il aborde la saison 2010 tranquillement dans la peau du leader dans sa formation Liquigas.

En position de force après la victoire de son équipe dans le chrono de Cuneo, Ivan cède son leadership à son protégé Vincenzo Nibali. Dans le top quatre du général à mi-parcours, tout beigne pour le lauréat de l’édition 2006. Mais au soir de la fameuse onzième étape (voir la rétro numéro 2), il est éjecté des dix premiers au classement de la course rose. Son équipier Nibali est dépossédé de sa tunique de leader par Porte.
Dans la seconde étape de montagne de ce Tour d’Italie (la quatorzième), le "Requin de Messine" part remporter l’étape. La Liquigas réalise un beau doublé puisque Basso se classe second à vingt-trois secondes de son lieutenant. Arroyo prend le pouvoir à moins d’une semaine de l’arrivée finale à Vérone. Le lendemain, tout rentrera dans l’ordre pour le Lombard. Vainqueur au sommet Monte Zoncolan, il réalise un énorme bond au classement général. Troisième à trois minutes et demi de l’Espagnol, tout reste possible. Tant bien que mal, le membre de la Caisse d’Epargne s’arroche mais il voir revenir Basso, qui grignote quelques secondes encore dans l’exigent chrono de Plan de Corones.

Les étapes d’Aprica et Tonale s’annoncent décisives dans l’attribution au titre. Alors que Michele Scarponi s’impose l’arrivée d’Aprica, Basso retrouve SON Maillot Rose à Arroyo qui doit s’incliner. Il est désormais repoussé à cinquante et une secondes. Ivan n’avait plus porté la tunique de leader du Giro depuis la vingt et unième étape 2006. Celle qui l’avait vu triompher pour la première fois.
Désormais, la victoire 2010 ne devrait plus lui échapper. Aucun problème à enregistrer dans l’avant dernier jour de course. Aucun souci non plus dans l’ultime chrono. Pour la deuxième fois de sa carrière, Ivan Basso remporte le Giro, dans les Arènes de Vérone.
Malade dans les cols Pyrénéens pendant la Grande Boucle, il ne réalisera pas une très bonne performance. Trente-deuxième au général à Paris, Basso reviendra sur le Tour l’an prochain avec beaucoup plus d’ambitions. Remontera-t-il sur le podium comme en 2004 (troisième) et 2005 (deuxième) ? Où visera-t-il plus haut ? On verra bien…

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Article réalisé par Nicolas Gréno
Images : Roberto Bettini/Mark Gunter/Sirotti/AFP