Il était environ seize heures hier quand Sven Nys a franchi la ligne d'arrivée en premier sur l'esplanade de la citadelle de Namur, pour empocher son huitième succès de la saison et se positionner en tête du classement général de la Coupe du Monde.
Pour un lecteur quelconque, lire que Sven Nys a gagné, c'est un peu anodin ou même classique. Néanmoins pour le spectateur qui a regardé la course d'hier, il a pu admirer tout le talent et le génie de ce champion. Sans doute pas le plus fort, mais certainement le plus adroit dans la boue, le plus intelligent dans ses trajectoires, il a mis tout le monde d'accord. Exit les Stybar, Albert, Pauwels et consorts, Nys is back. Enfin il n’est jamais vraiment parti, il est juste devenu plus « humain » en remportant des épreuves non pas sur sa force intrinsèque mais surtout sur sa science de la course.
C'est vrai qu'il faut admettre qu'il ne gagne plus autant de courses qu'avant mais à trente-cinq ans, il fait toujours figure de star incontestable du cyclo-cross. Puis en terme de chiffres, il possède tout de même le plus grand nombre de victoires depuis le début de l'année. Ce qui le différencie par rapport à ses autres concurrents, hormis son indéniable gigantesque popularité auprès du public, c'est sa capacité à gérer ses temps faibles, tout comme des temps forts. Hier, il a subi une crevaison, est revenu a son rythme sans se mettre dans le rouge. Puis quand Stybar, Albert, Vantornout tente tour à tour de le surprendre, il les laisse filer puis sur la partie goudronnée, refait son retard avec tout autant de calme et de patience. Ainsi, à l'entame du dernier tour, bien coincé en troisième position, il ne s'affole pas et porte son attaque décisive presque aux trois-quarts de la dernière boucle laissant derrière lui des visages en souffrance, se battant pour une deuxième place.
Pour compléter cet article pour le moins dithyrambique de cet homme, il possède aussi de la classe naturelle en dehors du vélo et ça, ça ne s'achète pas. Rarement il a eu des mauvaises paroles pour d'autres cyclo-crossmens, toujours disponible pour les médias, c'est un modèle à suivre pour les jeunes. Le bon cocktail pour devenir un vrai champion est : plaire au public, respecter ses adversaires et être là pour répondre aux questions des journalistes. Au fait, que manque-t-il à Sven Nys ?
Article réalisé par Thomas Lecloux l Image : AFP