Vettel, évidemment

Après plus de quatre longs mois d'absence, la Formule 1 reprenait ses droits aujourd'hui, à Melbourne en Australie. Parti en pole, Sebastian Vettel avait l'occasion d'étrenner son numéro 1 de la plus belle des façons. Il ne s'en est pas privé. Récit de cette première course de la saison.

Le Big Three ( Red Bull - McLaren - Ferrari )

Red Bull n'est certes qu'un marchand de boissons et Sebastian Vettel un gamin de 23 ans. Mais à eux deux, ils forment l'alchimie parfaite, qui ne cesse de gagner. Et la machine à gagner a repris ses bonnes habitudes de l'an dernier. Samedi, l'Allemand avait signé (encore) la pole position, la seizième de sa carrière, avec un chrono venu d'ailleurs (Hamilton et Webber pointaient à 0.8 secondes de Baby Schumi). Dimanche, Vettel a assommé la course, et peut-être le championnat. A aucun moment il n'aura été inquiété, ne cédant son fauteuil de leader que lors des ravitaillements. Clairement, Baby Schumi se pose en favori pour le titre, d'autant plus que son écurie semble avoir réglé les soucis de fiabilité de l'an dernier. Alors, qui pour arrêter Vettel ? Le candidat le plus crédible est sans doute le Britannique Lewis Hamilton, deuxième de cette première épreuve de l'année. Déjà en qualifications, Hamilton avait impressionné en accrochant la première ligne, en lieu et place de Mark Webber. En course, l'Anglais a dû se "contenter" de la deuxième place, tant Vettel semblait intouchable. Webber, quant à lui, a déçu. L'Australien fut, tout au long du week-end, à des années lumières de son coéquipier et achève sa course (Webber évoluait à domicile) à une peu glorieuse cinquième place, derrière Fernando Alonso. L'Espagnol, justement, a une fois de plus usé de son talent pour transformer une citrouille en carrosse. Mal née, la Ferrari ne sera pas compétitive cette année, au grand dam d'Alonso, qui devra arbitrer le duel Red Bull - McLaren. Son coéquipier Felipe Massa a confirmé ses difficultés de la saison derrière et termine à peine dans les points (neuvième à l'origine, le Brésilien bénéficie de l'exclusion des Sauber pour se hisser au septième rang). Jenson Button, l'autre Anglais, termine lui sixième, à cause d'une pénalité pour avoir court-circuiter un virage en doublant le Brésilien.

Les outsiders ( Lotus-Renault - Mercedes )

Les outsiders ont connu des fortunes bien diverses ce dimanche. Chez Lotus-Renault, c'était jour de fête : Heidfeld sous performant en qualifications (l'Allemand a signé une piteuse dix-huitième place...), l'inexpérimenté Petrov a dû revêtir le costume de leader. Et le Russe l'a fait avec brio. Parti sixième, Petrov a réalisé un excellent départ, pour se retrouver P4 à la fin du premier tour. Avec seulement 2 arrêts aux stands, il a pu passer Webber, en difficulté avec ses pneus. Il signe le premier podium de sa carrière et devient ainsi le premier Russe à monter sur la boîte. Son coéquipier Heidfeld a réalisé une course plus que moyenne, voire pitoyable : il termine douzième, derrière les Force India et les Torro Rosso. Chez Mercedes, c'était plutôt ambiance d'enterrement. Aucune des deux monoplaces n'aura terminé la course... Bousculé dans le premier virage, Schumi a perdu toute chance d'entrer dans les points et a abandonné au 23ème tour. Deux tours plus tard, Rosberg est harponné par Barrichello. Course terminée pour les Mercedes. Zéro pointé.

Le club des quatre ( Sauber - Williams - Force India - Torro Rosso )

Chez Sauber, on est passé du bonheur à la déception. Auteurs d'une course incroyable, Sergio Perez, pour son premier Grand Prix, et Kamui Kobayashi ont conclu cette première épreuve de 2011 aux septième et huitième places. Un exploit, surtout pour le Mexicain, passé une seule fois par les stands. Malheureusement, la nouvelle est tombée en début d'après-midi : les ailerons de la C30 sont non conformes au règlement de la FIA. Les deux pilotes sont donc logiquement exclus. Cette décision fait le bonheur de deux écuries : Torro Rosso et Force India. Buemi, auteur d'une course discrète, conclut donc cette étape australienne à la huitième place et met la pression sur les épaules de son coéquipier, Jaime Alguersuari, onzième. Les deux pilotes Force India, Sutil et Di Resta, qui, initialement, ne marquaient pas de points, profitent eux aussi de l'exclusion des Sauber pour se hisser aux neuvième et dixième places, ce qui est plutôt bien payé par rapport à leur course. Enfin, chez Williams, on égalise la performance la Mercedes, soit zéro point. Le néophyte Maldonado fut victime d'un problème moteur au dixième tour et le vieux Rubens Barrichello a été trop optimiste quand il a voulu dépasser Rosberg.

La queue de peloton ( Team Lotus - Virgin - Hispania )

C'était à prévoir, Lotus, Virgin et Hispania n'allaient servir à rien une fois de plus. Pour Lotus, Trulli termine à deux tours de Vettel et Kovaleinen n'a pas vu la fin de la course. Du côté de chez Virgin, D'Ambrosio a terminé sa première course, mais à quatre tours du leader. Glock n'a pas été classé quant à lui. Mais la palme de la nullité revient à Hispania. Vous n'avez pas vu les monoplaces espagnoles ce dimanche ? Normal, elles ont été incapables de signer un temps dans les 107% de celui de Vettel. Privées de course, donc. Dure, la vie ? C'était le souhait de Bernie...

Les tops :

Sebastian Vettel : Baby Schumi a déjà mis les choses au point : il vise un second sacre. Et personne ne semble capable de l'en empêcher... Il faudra être costaud pour battre l'Allemand cette saison...

Vitaly Petrov : On le pensait viré cet hiver mais Eric Boullier lui a finalement accordé sa confiance. Bien lui en a pris puisque le Russe signe son premier podium et eclipse Heidfeld. A confirmer.

Lewis Hamilton : Lui qui pensait avoir une monoplace incapable de lui offrir le titre a été mauvaise langue. Il risque d'être le seul à pouvoir tenir tête à Vettel. Il faut l'espèrer, si l'on veut avoir un peu de spectacle cette année.

Les pneus Pirelli : Certes, les nouveaux pneus Pirelli ne tiennent pas longtemps et tous les pilotes s'en plaignent. Mais au moins, ils assurent le spectacle, avec de nombreux arrêts au stand.

L'hommage au Japon : Les écuries ont respecté une minute de silence avant le départ, en hommage aux nombreuses victimes du séisme et du tsunami qui ont touché le Japon il y a deux semaines. Sur le casque ou la voiture, tous les pilotes ont arboré un drapeau japonais et un message de soutien. Mention spéciale à Alonso qui a aussi trouvé la place pour rendre hommage à Kubica, blessé lors d'un rallye.

Les flops :

Ferrari : Il ne faudra pas compter sur Ferrari cette année pour le titre. Sous performantes, les voitures italiennes paraissent un cran en dessous de Red Bull et McLaren. Alonso va encore tenir la baraque à lui tout seul, puisque Massa affiche le même niveau que l'an dernier...

Webber : Cela aurait dû être son Grand Prix. L'Australien voulait briller en Australie. Raté. Loin de son coéquipier, en difficulté avec les pneus Pirelli, Webber vit certainement sa dernière saison en F1...

Heidfeld : L'Allemand, qui devait remplacer Kubica, était attendu au tournant. 18ème en qualif, 12ème en course. Une contre performance, surtout que Petrov est sur le podium. Rendez nous Kubica !

Hispania : Aucun essai de pré-saison, 2 ou 3 tours lors des essais libres, et roule ma poule. Pas longtemps, puisque le temps réalisé en Q1 ne permet pas à Liuzzi et Karthikeyan de prendre le départ. Formule 0 pour eux...

Le SREC et l'AAA : Ils devaient assurer le spectacle, le SREC (Système de Récupération de l'Energie Cinétique) et l'AAA (Aileron Arrière Ajustable) n'ont pas servis à grand chose... Les dépassements sont se sont encore comptés sur les doigts de la main...

Les classements :

Vettel prend bien sûr la tête du championnat, avec 25 points. Il devance Hamilton (18 points) et Petrov (15). Suivent Alonso (12), Webber (10), Button (8) et Massa (6). Buemi (4), Sutil (2) et Di Resta (1) ferment la marche.

Côté constructeurs, Red Bull est en tête (35 points), devant McLaren (26) et Ferrari (18). Renault (15), Torro Rosso (4) et Force India (3) complètent le classement.

Article réalisé par : Etienne Escuer l Images : Ouest France / monvolant