Récent vainqueur de l'Etoile de Bessèges, Anthony Ravard (Ag2r la Mondiale), revient pour Culture Sport sur sa course et les moments forts qu'il a connu durant les derniers kilomètres de l'épreuve avant de franchir la ligne d'arrivée finale en grand vainqueur, ça première course à étapes. Il évoque aussi son rôle chez Ag2r, la victoire de Lloyd Mondory lors de la seconde étape et ses ambitions pour la suite de la saison. Entretien.
Culture Sport : C’est assez rare pour un sprinter de remporter une course à étape. Pourtant vous venez de le faire et dès la première épreuve en France, l’Etoile de Bessèges…
Anthony Ravard : L’objectif au départ était de remporter des étapes. J’ai été régulier dans les sprints en finissant deuxième et troisième ce qui m’a permis de jouer le classement général. J’ai du coup pris moins de risque lors des sprints massifs. Remporter le général de l’Etoile de Bessèges, c’est bien pour ma confiance et celle de l’équipe pour cette saison. J’ai un statut de leader chez Ag2r en 2011.
"C’est bien mieux de remporter le général, notamment pour mon palmarès"
Culture Sport : Mais vous n’êtes pas parvenu à remporter d’étapes. Est-ce une déception ?
Anthony Ravard : Non ce n’est pas une déception, si j’avais pu gagner, je ne m’en serais pas privé mais je préfère quand même remporter le général. C’est bien mieux de remporter le général plutôt qu’une ou deux étapes de l’Etoile de Bessèges, notamment pour mon palmarès.
Culture Sport : Que s’est-il passé dans les derniers kilomètres de l’étape remportée par Lloyd Mondory ? A l’origine il devait être votre poisson pilote…
Anthony Ravard : Le sprint était pour moi. Mais le peloton était assez mal organisé et Lloyd Mondory se retrouve dans ma roue. Il n’avait pas gagné depuis deux ans et demi. C’est bien pour lui et l’équipe qu’il remporte cette étape. Je suis content pour lui. C’est bien aussi que ce ne soit pas toujours les mêmes coureurs qui gagnent.
Culture Sport : Quand Johny Hoogerland prend le maillot de leader à la veille de l’étape reine, vous y croyez encore ?
Anthony Ravard : Oui j’y crois encore car Hoogerland n’est pas rapide au sprint, donc c’était plus facile pour moi de reprendre le maillot. C’est vrai qu’il vaut mieux avoir une seconde d’avance qu’une de retard, mais je n’étais pas stressé. J’avais plus peur de Marco Marcato, qui est plus rapide. En plus Vacansoleil avait deux cartes à jouer pour le général.
"Je pense qu'en voulant assurer ça me côute la victoire d'étape. J’ai revu la photo finish, je termine à 15 centimètres de Saïd Haddou"
Culture Sport : Vous avez aussi changé de tactique le dernier jour en visant les sprints intermédiaires et les bonifications à l’arrivée.
Anthony Ravard : J’ai pris quelques secondes aux sprints intermédiaires. Je voulais assurer comme je n’avais que trois secondes d’avance sur Marcato. A l’arrivée, j’ai fait le sprint derrière lui pour pouvoir le passer. J’espérais qu’il ne finisse pas dans les trois premiers pour qu’il ne prenne pas de bonifications. Quand j’ai compris qu’il allait arriver troisième je devais le sauter. La troisième place donnant quatre secondes, il aurait été devant moins pour une seconde. Je pense qu’en voulant assurer ça me coûte la victoire d’étape. On était quatre sur la même ligne. J’ai revu la photo finish, je termine à 15 centimètres de Saïd Haddou.
Culture Sport : Vacansoleil avait décidé de vous rendre la course difficile...
Anthony Ravard : Ils ont mené la vie dure à Ag2r en attaquant à chaque passage dans la côte de 4 kilomètres qu’il fallait passer quatre fois. Les équipiers ont su répondre présent pour que Hoogerland ne puisse arriver au sprint intermédiaire avant le peloton.
"Ma collaboration avec Nicolas Jalabert depuis deux ans m’apporte beaucoup"
Culture Sport : Cette victoire est aussi due à des progrès dans les bosses, vous êtes-vous surpris ?
Anthony Ravard : Je savais que je ne grimpais pas trop mal. Je m’améliore depuis que je suis pro. Ma collaboration avec Nicolas Jalabert depuis deux ans m’apporte beaucoup. Il a su me faire progresser à ce niveau, en faisant de longues sorties avec du dénivelé et une grosse charge de travail. En passant les bosses, les sprinters ont plus de chance de gagner des courses.
Culture Sport : Comment envisagez-vous la suite ?
Anthony Ravard : Je vais participer au Tour d’Algarve, au Het-Volk, à Kuurne-Bruxelles-Kuurne et à Paris-Nice. Mon objectif est de gagner un maximum et de faire le Tour de France.
Culture Sport : Vous n’avez pas encore gagné de courses à l’étranger, comment l’expliquez-vous ?
Anthony Ravard : C’est vrai mais ça ne me dérange pas. J’aimerais bien remporter une course du World Tour.
Culture Sport : Comment vont se passer les sprints chez Ag2r ? Ce ne sont pas les sprinters qui manquent avec vous Lloyd Mondory et Sébastien Hinault notamment.
Anthony Ravard : C’est moi le leader aujourd’hui pour les sprints. Si un jour je me sens moins bien je le dirais et je jouerais les sprints pour mes équipiers.
Merci à Anthony Ravard pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Propos recueillis et article réalisé par Jérémy Bazin l Images : AFP