Alors qu'il vient de signer chez Euskaltel-Euskadi (l'équipe de son pote Romain Sicard), sans doute repéré grâce à sa belle cinquième place lors de l'étape de Lagos de Covadonga sur la Vuelta, Pierre Cazaux vous livre ses impressions sur le premier Grand Tour de sa carrière. Toujours un moment particulier pour un coureur cycliste.
Le premier Grand Tour
Culture Sport : C'était ton premier Grand Tour, quels étaient tes objectifs et comment l'as-tu abordé ?
Pierre Cazaux : Mes objectifs étaient d’aider au mieux l’équipe. Surtout Yauheni Hutarovich concernant les sprints ainsi que Rémy Di Grégorio et Christophe Le Mével dans les étapes de montagne. Plus personnellement, je voulais, sur une étape, prendre part à une jolie échappée pour jouer une possible victoire.
La victoire d'Hutarovich (2ème étape)
Culture Sport : Comment avez-vous accueilli la victoire d'Hutarovich à la FDJ ?
Pierre Cazaux : L’équipe avait vraiment confiance en lui car c’est un coureur très rapide. Yauheni venait de remporter une étape au Tour de Pologne*. Nous étions tous extrêmement contents.
Hutarovich devance la crème de la crème : Mark Cavendish (en rouge), Tyler Farrar (à sa gauche) et Alessandro Petacchi (à sa droite).
La mort de Laurent Fignon (4ème étape)
Culture Sport : Comment as-tu appris la mort de Laurent Fignon ?
Pierre Cazaux : Marc Madiot était présent avec nous ce jour-là. Etant un ancien équipier de Laurent Fignon, il a été mis au courant et en suivant. Il nous a ensuite annoncé cette mauvaise nouvelle dans le bus, une fois l’étape terminée.
Culture Sport : Comment as-tu réagi toi et l'ensemble de ton équipe ?
Pierre Cazaux : Malheureusement, on le savait tous très malade. Mais le monde du cyclisme Français est triste de perdre un de ses champions. L’équipe était plutôt touchée surtout le coach, Marc Madiot.
Culture Sport : Le lendemain de sa mort, au départ de l'étape, tu étais à côté de son portrait. Qu'as tu ressenti pendant la minute de silence ? Beaucoup de tristesse j'imagine.
Pierre Cazaux : Oui, je me suis retrouvé à côté de son portrait avant le départ. Cela était plutôt émouvant.
Sa cinquième place (15ème étape)
Culture Sport : Tu avais prévenu ton équipe que tu attaquerais ou c’était une tactique prévue ?
Pierre Cazaux : Non du tout ! Aucune tactique n’avait été mise en place dans le bus, à Solares. Au départ, nous ne devions pas aller dans une échappée mais simplement rester avec nos deux leaders Rémy (Di Grégorio) et Christophe (Le Mével). Ce jour-là, j’étais plutôt bien, j’ai donc saisi ma chance.
Culture Sport : Pensais-tu que l’échappée allait parvenir jusqu’au bout ?
Pierre Cazaux : Le matin de l’étape ? Non. Mais une fois la course partie, puis une fois dans l’échappée, je me suis dit que ça pouvait le faire.
Culture Sport : Cinquième d’une étape sur la Vuelta, c’est une grande performance pour une première saison dans le Pro Tour. Tu étais fier à l’arrivée ?
Pierre Cazaux : Oui, j’étais à la fois fier mais aussi un petit peu déçu de ma cinquième place.
Culture Sport : Déçu d'avoir échouer de si peu ?
Pierre Cazaux : Pas pour la victoire car Carlos Barredo (notre photo) était le plus fort. Mais avec plus de métier et de calme, je pense que la seconde place était accessible.
Culture Sport : S'échapper et jouer la gagne après quinze étapes cela montre que tu es solide. Tu récupères bien ?
Pierre Cazaux : Oui, j’ai bien terminé le Tour d’Espagne. Au départ de Séville, j’étais dans l’inconnu concernant ma résistance à une course d’une durée de trois semaines. Mais j’ai vu que je récupérais plutôt bien c’est vrai.
Culture Sport : As-tu reçu des messages de tes supporters depuis l’Espagne ?
Pierre Cazaux : Ma famille puis mes amis m’ont félicité à l’arrivée de Lagos de Covadonga. Ils m’écrivaient régulièrement pendant la Vuelta. Trois de mes amis sont venus à l’étape de Burgos et le jour de l’arrivée finale à Madrid.
Culture Sport : De quoi refaire le plein d'énergie !
Pierre Cazaux : Oui ! Cela fait très plaisir et redonne beaucoup de motivation !
Sa chute (18ème étape) Culture Sport : Chute sans gravité ? Pas de grands bobos pour terminer l’épreuve ?
Pierre Cazaux : Je suis tombé sur le genou que je m’étais cassé en février. Sur le coup j’ai eu très mal et je m'en suis vu pour finir l’étape. Le lendemain, j’étais courbaturé de partout. Chaque jour, ma plaie tirait à chaque coup de pédale, mais Madrid était là et cela me donnait des forces.
Culture Sport : Tu as donc terminé la Vuelta au courage !
Pierre Cazaux : En fin de semaine, ça allait beaucoup mieux.
Le bilan de sa Vuelta
Culture Sport : Que retiendras-tu cette Vuelta?
Pierre Cazaux : Beaucoup de choses. La victoire d’étape avec "Huta", les grosses chaleurs de la première semaine, ma cinquième place, certaines ascensions très rapides…
Culture Sport : Vincenzo Nibali grand champion, futur vainqueur du Tour ?
Pierre Cazaux : Nibali est très fort sur les Grands Tours. Il avait déjà démontré au mois de mai sur le Giro. En Espagne, en septembre, il a confirmé. Ca va être un client important un jour sur le Tour de France.
Culture Sport : Ezequiel Mosquera positif, une surprise ?
Pierre Cazaux : Mosquera positif... C’est dommage pour ce Tour d’Espagne qui était très beau.
La FDJ Culture Sport : Que retiendras-tu de cette année à la Française des Jeux ?
Pierre Cazaux : Je retiens de cette année 2010 de belles amitiés avec certains coureurs de l’équipe, de très beaux voyages et de bons moments passés sur le vélo.
Arrivée chez Euskaltel-Euskadi
Culture Sport : Content de rejoindre Romain (Sicard) ? Le duo Franco-Basque risque de faire des étincelles !
Pierre Cazaux : Oui bien sur que je suis heureux de faire équipe avec Romain. Je l’espère qu’on va réaliser de belles choses.
Un grand merci à Pierre Cazaux qui a consacré un bon moment à répondre à nos questions.
* Yauheni Hutarovich s’est aussi imposé dans deux étapes du Tour Méditerranéen. Le coureur Biélorusse a également levé les bras lors du Circuit de Lorraine.
Article réalisé par Nicolas Gréno l Images : AFP/Site officiel de la Vuelta/Roberto Bettini/Sirotti