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Faux-départs en athlétisme : une polémique infondée ou un débat justifié?

Publié par Julien Bonnaud sur 1 Septembre 2011, 08:00am

Catégories : #ATHLETISME


Dimanche 28 août 2011, 13h45, un cataclysme s'abat sur la discipline phare des championnats du monde d'athlétisme à Daegu : la star du sprint Usain Bolt, si joliment surnommé deux ans auparavant le "TGV" et l' "Express" par Patrick Montel, part trop vite mais cette fois avant que le starter ne lui en ai donné l'autorisation. Le stade est abasourdi et avec lui toute la planète athlétisme. S'en est trop, le roi a été touché, et il n'en faut pas moins pour relancer la polémique des faux-départs. A juste titre?

 

Quelles règles ont été testées concernant les faux-départs ?

La nouvelle règle qui a vu Usain Bolt disqualifié de la finale des Championnats du monde est en vigueur depuis 2010. Auparavant, deux règles s'étaient succédées, chacune ayant leurs avantages et leurs inconvénients.

Avant 2003, la règle était simple. Chaque coureur avait le droit à un faux-départ qui lui valait un carton jaune et se trouvait disqualifié s'il en effectuait un second. Cette règle permettait une certaine équité entre les coureurs. Cependant, la pression médiatique a amené à un changement de règle, le but étant de ne pas perdre trop de temps par rapport à la programmation, les faux-départs répétitifs occasionnant souvent des courses à rallonge. De plus, cette règle demandait aussi un enchaînement difficile pour se concentrer à nouveau en ce qui concerne les coureurs après chaque faux-départ. L'équité était donc sauve, les performances sportives et l'excitation médiatique un peu moins.

De 2003 à 2010, une nouvelle règle est mise en place. Le premier faux-départ n'occasionne rien pour son fautif. Cependant, la donne est la même pour tous ensuite: que n'importe quel coureur fasse un faux-départ, et il est exclu. Là encore avantages et inconvénients se côtoient. D'un côté, les faux-départs sont forcément moins nombreux et les médias en sont gagnants tout comme la concentration des coureurs. Cependant, concernant l'équité, celle-ci est mise à mal. En effet, un coureur jugé plus faible pouvait "tenter" le faux-départ pour mettre ensuite la pression sur les cadors, notamment sur un 100m où le départ est tout de même important voire primordial.

Depuis 2010 donc, la pression médiatique on peut le dire l'a emporté et on a fait simple. Le faux-départ est synonyme d'élimination. Usain Bolt en a fait les frais et c'est le fait que le champion des champions ait été touché que l'on discute sur un changement possible. Mais peut-on faire une polémique parce qu'il s'agit du plus grand des sprinteurs?

 

Les faux-départs "de légende"

1996, Jeux Olympiques d'Atlanta. Linford Christie, champion olympique en titre se hisse en finale pour sa dernière compétition. Il effectue deux faux départs et est sorti de la course, tout comme Ato Boldon. Il faut quatre départs pour que la finale se déroule et c'est ce genre d'évènements qui donnent à réfléchir quant à la règle qui ralentit la programmation et n'arrange pas les médias.

2003, championnat du monde à Paris. Quarts de finale: Dwight Thomas effectue un faux-départ. Tout le monde se retrouve sous la menace de se faire sortir sur le faux-départ suivant. Asafa Powell mais surtout Jon Drummond en sont victimes. Ce dernier bloquera la course cinquante minutes en répétant « I did not move ». En soit, il n'effectua pas véritablement un faux-départ mais eut un temps de réaction de 56/1000è et le minimum autorisé est de 100/1000è. De plus, deux mouvements légers sont détectés de la part du coureur avant le départ. C'est ce genre de cas qui fit déjà à l'époque s'ébranler la nouvelle règle en vigueur seulement depuis quelques mois. Cependant, celle-ci fut conservée et ce jusqu'en 2010.

2011, championnat du monde de Daegu. On a déjà bien assez parlé du faux-départ du grandissime favori et recordman du monde, Usain Bolt, qui s'était baladé dans les séries et en demi. Mais avant lui, Dwain Chambers sur 100m avait été victime de la règle. Sur 400m aussi, une victime de renom avait fait les frais de la nouvelle règle : Christine Ohuruogu, championne olympique en titre, est disqualifiée. Ces deux faux-départs avaient déjà créé un certain malaise avant que celui d'Usain Bolt crée la polémique.

 

L'avis des spécialistes

C'est là qu'on se rend compte qu'il n'y pas forcément de "bonnes règles". Il apparaît légitime que la règle étant la même pour tous, Usain Bolt ou pas Usain Bolt, on ne peut pas changer une règle quand bien même elle ait pénalisé le maître incontesté du sprint. Pour beaucoup, cependant cette règle n'est pas équitable. Des anciens coureurs comme Maurice Green (triple champion du monde) la trouve tout simplement injuste. Le plus surprenant reste le témoignage de Kim Collins à la fin de la course. Celui qui a profité de l'erreur du King pour monter sur le podium, disait que lui-même avait été surpris, qu'il pensait que les juges allaient annuler la décision, parce qu'Usain Bolt reste Usain Bolt et que la planète entière voulait le voir courir. Pour Collins, l'athlétisme en a pris un coup. Le coureur de Saint-Kitts-et-Nevis fait preuve ici d'un grand fair-play et pointe du doigt le fait que la règle est cruelle quant au fait qu'il n'y a droit a aucune erreur. Elle exige la perfection de la part des athlètes dans une épreuve qui demande déjà en soit un mental d'acier. La question est maintenant de savoir si l'on doit changer pour autant la règle.

 

La théorie farfelue du faux-départ voulu

Certaines théories circulent sur le web pour dire qu'Usain Bolt aurait profité de cette règle et son sponsor puma avec. En effet, la finale n'était pour Bolt qu'une formalité vu le peu d'adversité. La théorie met donc en avant le fait que Bolt se soit saboté, dans l'intérêt d'être comme il le veut, un "champion de légende", un athlète à part. Tout ce scénario aboutirait à une reconquête ultra médiatisée à Londres. De plus, la marque à la panthère en profite en faisant découvrir un champion friable, qui était ces derniers temps considérés comme un extraterrestre imbattable et sans grand intérêt de part sa domination sans partage. Chacun en profite pour faire un coup médiatique de son côté. Le seul appui crédible de cette théorie est le faux-départ en lui-même. En effet, Bolt a fait un faux-départ extrêmement visible à la différence des faux-départs modernes comme celui de Chambers qui se jouent sur un mouvement de nervosité trop appuyé au départ. Cependant, on voit mal le King accepter la défaite même si c'est pour offrir la victoire à son camarade d'entraînement.

 


Le faux-départ d'Usain Bolt : la nécessité de revoir la règle?

La question est là: les JO de Londres verront-ils l'application d'une nouvelle règle? Y'aura-t-il un retour en arrière? Un statu quo? Il est indéniable que le faux-départ du recordman du monde du 100m a fait beaucoup plus de bruit que n'importe quel faux départ et les bookmakers anglais ont déjà lancé les paris quant à la décision qui sera prise avant les JO 2012.

Selon Maurice Green en personne, si la décision avait été prise en concertation avec les athlètes, elle ne serait jamais passée. On peut aller dans ce sens, qu'Usain Bolt ou n'importe quel autre sprinteur fasse un faux départ, c'est l'objectif de toute une année qui peut s'évaporer en quelques secondes. De plus, cette règle est forcément une limite à l'abattement de record du monde, car la prise de risque pour un record sera trop grande, surtout pour un coureur comme Bolt qui a normalement de la marge.

Dans l'optique contraire, il ne semble pas qu'un changement de règle soit bénéfique. Qu'on choisisse telle ou telle règle, celle-ci sera toujours contestée. Les athlètes doivent donc se plier à une règle qui est la même pour tous et connue de tous. Il n'y aucune règle parfaite, et le changement constant n'arrangerait rien. De plus, la pression médiatique est forte et cette règle est la meilleure pour les chaînes de télévision qui veulent un programme strict et respecté. Cependant, avec la finale du 100m de Daegu, les médias ont droit à un retour de bâton, puisque l'intérêt premier en la personne de Bolt s'est soudainement évaporé.

En définitive, la polémique ne fait qu'être lancée après le cataclysme sud-coréen et la seule chose qui pourrait semble-t-il sauver la règle, ce serait une victoire écrasante de Bolt sur 200m (qui du coup donnerait moins d'importance au raté du 100m) ou au contraire une défaite à la régulière qui confirmerait une forme moins étincelante pour le Jamaïcain cette année et du coup permettrait de dire que Bolt n'aurait pas forcément emporté le 100m.

 

Dans tous les cas, la polémique est ouverte.

 

Article réalisé par Julien Bonnaud l Images : AFP

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