Un an ! Pendant un an on l'a attendu. Le 2 juillet dernier, il s'est enfin élancé pour notre plus grand plaisir. Et aujourd'hui c'est déjà fini. Ces trois dernières semaines sont passées tellement vite, qu'on croirait que la Grande Boucle a commencé hier. Après 21 étapes de bonheur ou de tristesse, de surprise ou de déception, de confirmation ou de désillusions, retour sur les "images d'arrivée" qui ont écrit l'histoire du Tour de France 2011. Première partie, du départ en Vendée à la première journée de repos au Lioran.
• 1ère étape (samedi 2 juillet) : Passage du Gois - Mont des Alouettes (191,5 km)
Pour une fois la première étape du Tour se disputait en ligne. 191,5 km au coeur de la Vendée, dans des paysages superbes, avec une arrivée en bosse. De quoi déjà faire souffrir les cuisses des coureurs du peloton. D'autant plus que victoire d'étape rimait avec maillot jaune, vert et à pois ce jour là. Grand favori suite à ses démonstrations successives lors des classiques, Philippe Gilbert allait tenir son rang. Personne ne pouvait résister face au favori belge, qui réalisait un rêve en ce samedi 2 juillet : gagner sur le Tour et porter le maillot jaune. Du bonheur pour Gilbert, une grosse déception pour Alberto Contador, le grand favori, qui perdait plus d'une minute trente dès le premier jour de course. Pour l'anecdote, Perrig Quemeneur (Europcar) restera comme le premier attaquant de cette édition 2011 du Tour.
• 2ème étape (dimanche 3 juillet) : Les Essarts - Les Essarts (23 km CLM/équipes)
Depuis 2009, le contre-la-montre par équipes n'était plus au programme du Tour. Deux ans après celui de Montpellier, c'était cette fois autour des Essarts sur une distance réduite à 23 km, que chaque formation devait s'exprimer. En jeu, la victoire d'étape, et le maillot jaune de leader. Sur 23 km, les écarts ne furent pas importants. Juste assez pour permettre à Thor Hushovd de revêtir le maillot jaune grâce à la victoire de la Garmin-Cervélo. Une grande première dans le Tour pour l'équipe américaine, et le début d'un long rêve pour le Norvégien, qui a, au passage, laissé sa tunique arc-en-ciel de champion du monde. Le deuxième soir de course, Hushovd devançait son équipier David Millar, et Cadel Evans. Evans, le mieux placé des favoris, alors que Contador concédait encore une trentaine de secondes ce jour-là. Un faux-départ pour le vainqueur sortant. A noter la chute de Bernhard Eisel dès la première courbe qui a, sans doute, empêchée l'équipe HTC-Highroad de s'adjuger ce chrono, tant elle a été dominatrice sur le reste du parcours.
• 3ème étape (lundi 4 juillet) : Olonne-sur-Mer - Redon (198 km)
Jamais Garmin n'avait remporté la moindre étape du Tour. En deux jours, ils ont remis les pendules à l'heure en signant un doublé. Après le chrono par équipes, Tyler Farrar s'imposait au sprint à Redon. Un sprint houleux pour l'arrivée de la Grande Boucle en Bretagne, à cause d'un virage serré à moins de cinq-cent mètres de la ligne. Mark Cavendish piégé, Farrar n'avait plus qu'à conclure. Amené dans un fauteuil par Hushovd et Dean, l'Américain remportait l'un de ses plus beaux succès le jour de la fête nationale aux Etats-Unis. En franchissant la ligne en vainqueur, sa première pensée allait à Wouter Weylandt. Son ami disparu trop tôt sur les routes du Tour d'Italie. Un succès, mais surtout un hommage signé d'un "W". Farrar devançait le Français Romain Feillu, qui a lancé son sprint un peu trop tard.
• 4ème étape (mardi 5 juillet) : Lorient - Mûr de Bretagne (172,5 km)
Plusieurs changements au cours de cette quatrième étape. D'abord l'arrivée de la pluie, des températures plus fraîches, mais surtout un final pour puncheurs. Le mur de Mûr de Bretagne se dressait devant le peloton pour conclure cette étape animée par quelques baroudeurs : Jérémy Roy, Blel Kadri, Johny Hoogerland, Gorka Izagirre et Imanol Erviti. Deux kilomètres, à 7% de moyenne. Au milieu d'une foule monstre, les attaques n'allaient pas tarder. Alberto Contador, voulant se racheter, passait le premier à l'offensive. Gilbert, Evans, Van den Broeck, Uran, Vinokourov ou encore Hushovd lui emboitaient le pas. C'est en petit comité que la gagne allait se jouer. En grande forme depuis le départ, Cadel Evans résistait au retour de Contador dans les derniers mètres en conservant quelques centimètres. Des centimètres qui offraient à l'Australien une première victoire sur la Grande Boucle, mais qui ne lui permettaient pas de chiper la place de leader à Hushovd.
• 5ème étape (mercredi 6 juillet) : Carhaix - Cap Fréhel (164,5 km)
Etape 100% bretonne, étape piège. Quelques gouttes de pluie, beaucoup de vent... et beaucoup de chutes. Bradley Wiggins, Robert Gesink, Alberto Contador, Sylvain Chavanel, Tom Boonen notamment ont été au sol. Janez Brajkovic, lui, ne repartira pas. Pendant ce temps, le peloton se casse puis se reforme sur les routes sinueuses. L'échappée du jour composée d'Anthony Delaplace (Saur-Sojasun), Tristan Valentin (Cofidis), Sébastien Turgot (Europcar) et de José Ivan Gutierrez (Movistar) est reprise à 40 bornes du Cap Fréhel. Très tôt, trop tôt même. Le retour rapide de la meute donnait des idées à Jérémy Roy (FDJ) et Thomas Voeckler (Europcar). Le duo tricolore comptera jusqu'à 1'10'' d'avance, avant de se faire reprendre à deux mille mètres de la ligne, pour laisser place à un sprint massif. Bien mal embarqué, Mark Cavendish allait finalement surgir de nulle part pour venir sauter Philippe Gilbert. Le Britannique remportait son seizième succès sur le Tour rejoignant ainsi Jacques Anquetil ou Charles Pélissier en nombre d'étapes remportées.
• 6ème étape (jeudi 7 juillet) : Dinan - Lisieux (226,5 km)
Journée pluvieuse, journée heureuse pour la Norvège. Pourtant le scénario de la course ne semblait pas du tout sourire au pays scandinave. Dans des conditions climatiques dantesques, l'échappée a bien cru pouvoir aller au bout. Lieuwe Westra et Johnny Hoogerland, Leonardo Duque (Cofidis), Adriano Malori (Lampre) et Anthony Roux (FDJ) avaient flairé le bon coup. Sur des routes détrempées le peloton ne semblait pas vraiment vouloir prendre trop de risque et laissait encore 11'30'' d'avance aux cinq hommes à un peu plus de 100 km de Lisieux. C'était sans compter sur l'équipe HTC-Highroad. Fort du succès de Cavendish la veille, la formation américaine voulait récidiver en Normandie. Cette fois par l'intermédiaire de Matthew Goss puisque le final difficile avec une bosse d'un kilomètre à quelques encablures de l'arrivée, convenait mieux au profil de l'Australien. Malgré des accélérations de Contador ou Voeckler dans la rampe, la meute se présentait groupée dans la dernière ligne droite. Goss allait butter sur Edvald Boassen Hagen (Sky). Victoire norvégienne et maillot jaune toujours sur les épaules de Thor Hushovd. Le temps d'une journée les deux Norvégiens présents sur ce Tour auront apporté un accent du Nord à l'épreuve française.
• 7ème étape (vendredi 8 juillet) : Le Mans - Châteauroux (218 km)
Une étape toute plate pour satisfaire les sprinters. Même si quelques hommes ont tenté l'aventure entre Le Mans et Châteauroux, le scénario était écrit d'avance. C'est au sprint que l'étape devait se jouer. Une chute avec plusieurs outsiders à la victoire finale sur ce Tour n'y changeait rien. Bradley Wiggins, récent vainqueur du Dauphiné Libéré était contraint à l'abandon. Christopher Horner aussi. Après avoir pleuré pour Wiggins, la Grande-Bretagne allait rapidement retrouver le sourire. Qui dit sprint, dit Mark Cavendish. Une fois encore le coureur de l'équipe HTC ne laissait aucune chance à ses adversaires. Trois ans après avoir remporté son premier succès sur la Grande Boucle à Châteauroux, Cavendish récidivait d'une très belle façon. Tout un symbole. Si il semblait handicapé dans la lutte pour le maillot vert à cause de toutes les arrivées en bosse et ce malgré l'importance des sprints intermédiaires, le sprinter de l'Ile de Mann a, une fois encore, prouvé qu'il était bien le plus rapide sur une route plate.
• 8ème étape (samedi 9 juillet) : Aigurande - Super-Besse Sancy (189 km)
Il aura fallu attendre la huitième étape pour voir, enfin, une échappée aller au bout. Dès les premiers hectomètres un groupe de costauds sort. On y retrouve Addy Engels (Quick Step), Xabier Zandio (Team Sky), Tejay van Garderen (HTC), Alexandr Kolobnev (Katusha), Romain Zingle, Julien El Fares (Cofidis), Christophe Riblon (AG2R La Mondiale), Cyril Gautier (Europcar) et Rui Costa (Movistar). Neuf hommes partis pour une longue chevauchée vers Super-Besse. Le travail des BMC et d'Astana réduit rapidement les chances de victoire pour l'un des fuyards. Alexandre Vinokourov attaque même à 25 km du but, croit tenir son succès d'étape et surtout un maillot jaune. C'était sans compter sur Rui Costa. Le Portugais résiste au Kazakh puis au peloton dans la montée finale, pour s'offrir sa plus belle victoire seulement trois mois après son retour de suspension. Impressionnant dans le dernier kilomètre, Philippe Gilbert vient mourir à quelques secondes du vainqueur du jour, mais reprend le maillot vert. Côté favori, rien de nouveau. La grosse surprise émane de Thor Hushovd qui est parvenu à s'accrocher pour conserver son paletot jaune, alors qu'au départ, il se disait lui-même trop juste pour défendre son bien. Sacré Norvégien !
• 9ème étape (dimanche 10 juillet) : Issoire - Saint-Flour (208 km)
Cette étape restera dans toutes les mémoires, et pour longtemps. En ce dimanche 10 juillet, le peloton, le public, l'ensemble des amateurs de cyclisme auront connu toutes les émotions. D'abord la peur quand une chute envoyait des hommes dans le ravin lors de la première descente. Alexandre Vinokourov notamment, remonté par ses équipiers. Les examens montreront une fracture du bassin. Jürgen Van den Broeck, autre outsider pour le gain du Tour devra aussi mettre pied à terre suite à cette terrible chute. Un fait de course à l'avantage des six hommes de tête partis après une quarantaine de bornes. Jonhy Hoogerland, Thomas Voeckler, Juan Antonio Flecha, Sandy Casar et Luis Leon Sanchez prenaient le large. Cinq pour une victoire, et bien non ! Une voiture suiveuse renversait Flecha et Hoogerland. Le Néerlandais se relevait très gravement touché, seule consolation pour lui, il redevenait meilleur grimpeur du Tour à l'arrivée. Dans les derniers kilomètres, Voeckler assurait une très grosse partie du travail sachant que le maillot jaune lui tendait les bras. Du coup, Sanchez s'extirpait dans la dernière rampe pour s'imposer à Saint-Flour. Le coureur de Rabobank s'était réservé en ne relayant que très peu l'ancien champion de France. Tactique payante. Le cyclisme français retiendra surtout le grand numéro de Thomas Voeckler qui retrouve la tunique jaune. Couleur qui l'a révélé au grand public en 2004.
• Repos au Lioran (lundi 11 juillet)
Article réalisé par Jérémy Bazin l Images : AFP
Les arrivées du Tour de France 2011 en photo (1/3)
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