Rétro 2010 : Un futur grand, un ancien, un suspendu

La saison cycliste est riche de faits en tous genres. La fin d’année, régulièrement utilisée pour les rétrospectives, est donc propice pour se remémorer les plus beaux souvenirs, les plus tristes aussi, des trois cent soixante-cinq derniers jours. En neuf numéros, replongez vous dans cet excellent cru 2010 qui a vu Cancellara réaliser un merveilleux triplé (Roubaix, Flandres, Mondial CLM), Hushovd devenir le premier Norvégien Champion du Monde, Cavendish craquer et fondre en larmes, Voeckler briller et hisser haut les couleurs Françaises avec ses autres compatriotes dans le Tour (six victoires d’étapes), Contador briguer une troisième couronne après avoir mangé une mauvaise viande, Nibali triompher pour la première fois dans un Grand Tour et Basso revenir au premier plan. La mort de Laurent Fignon nous a également beaucoup marqué. Flashback.

M MOREAU CHRISTOPHE

« Le grand » stoppe sa carrière. A trente-neuf ans, Moreau décide de se retirer après s’être taillé un très beau palmarès. Sa dernière très grande saison remonte à 2007 où il avait décroché son premier Championnat national. Cette victoire lui avait permis d’aborder la Grande Boucle dans la peau d’un favori, avec le maillot tricolore sur les épaules. Avant tout ça, il avait glané son deuxième Critérium du Dauphiné Libéré, après 2001. Comme par hasard, cette année-là il était également outsider pour le Maillot Jaune. Quatrième pendant la précédente édition, au pied du podium donc, il gagne d’entrée de jeu le prologue à Dunkerque et s’empare pour la première fois de sa carrière de la tunique jaune. Mais il abandonnera à mi-parcours. Lauréat des Quatre Jours de Dunkerque, tiens tiens, en 2003, il a inscrit une autre course à étapes à son palmarès : le Tour du Languedoc-Roussillon 2004 (l’ex Midi Libre).
Après avoir songé à stopper sa carrière après la Grande Boucle l’an passé, il a surpris son monde en signant à la Caisse d’Epargne. Elle restera à tout jamais son ultime équipe.

Anciennes teams : Festina, Crédit Agricole, Ag2r Prévoyance, Agritubel, Caisse d’Epargne. Palmarès : 24 victoires dont un Championnat de France en 2007, 2 Dauphiné Libéré 2001 et 2007, 1 étape du Tour de France 2001 (prologue). Meilleure perf’ dans un GT : 4ème du Tour de France 2000.

D’autres coureurs, comme Moreau, ont pris la décision d’arrêter leur vie de cycliste professionnel. Une page se tourne pour notamment un lauréat du Tour de France (Pereiro) et un ancien grand espoir qui n’a jamais vraiment confirmé (Fothen) :
José Luis Arrieta (Espagne, 39 ans*) : Anciennes teams : Banesto/iBanesto.com puis Iles Baléares, Ag2r La Mondiale. Palmarès : 2 victoires dont une étape de la Vuelta 2006. Meilleure perf’ dans un GT : 28ème du Tour de France 2006 et de la Vuelta 2004.
Oscar Pereiro Sio (Espagne, 33 ans) : Anciennes teams : Porta da Ravessa, Phonak, Caisse d’Epargne, Astana. Palmarès : 7 victoires dont le Tour de France 2006 et une victoire d’étape en 2005. Meilleure perf’ dans un GT : 1er du Tour 2006.
Lilian Jégou (France, 34 ans) : Anciennes teams : Crédit Agricole, Française des Jeux, Bretagne-Schuller). Palmarès : 5 victoires. Meilleure perf’ dans un GT : 75ème du Giro 2007.
Laurent Lefévère (France, 34 ans) : Anciennes teams : Festina, Cofidis, Jean Delatour, Brioches-la-Boulangère puis Bouygues Télécom. Palmarès : 5 victoires dont une victoire du Dauphiné Libéré 2003. Meilleure perf’ dans un GT : 34ème du Tour de France 2002.
Christophe Brandt (Belgique, 33 ans) : Anciennes teams : Saeco, Lotto/Lotto-Domo/Davitamon-Lotto/Predictor-Lotto/Silence-Lotto puis Omega Pharma-Lotto. Palmarès : 1 victoire. Meilleure perf’ dans un GT : 33ème du Giro 2005.
Koos Moerenhout (Pays-Bas, 37 ans) : Anciennes teams : Rabobank, Farm Frites puis Domo-Farm Frites, Lotto-Domo puis Davitamon-Lotto, Phonak, Rabobank. Palmarès : 10 victoires dont 2 Championnats des Pays-Bas 2007 et 2009. Meilleure perf’ dans un GT : 13ème de la Vuelta 2005.
Frank Hoj (Danemark, 37 ans) : Anciennes teams : Collstrop, Palmans, US Postal, Française des Jeux, Coast, Fakta, CSC, Gerolsteiner, Cofidis, Saxo Bank. Palmarès : 15 victoires dont un Championnat du Danemark 1998. Meilleure perf’ dans un GT : 97ème de la Vuelta 1999.
José Luis Rubiera (Espagne, 37 ans) : Anciennes teams : Artiach, Kelme, US Postal puis Discovery Channel, Astana, RadioShack. Palmarès : 7 victoires dont deux étapes du Giro 1997 et 2000. Meilleure perf’ dans un GT : 6ème de la Vuelta 1999.
Markus Fothen (Allemagne, 29 ans) : Anciennes teams : Gerolsteiner, Milram. Palmarès : 4 victoires dont une étape du Tour de Suisse 2008. Meilleure perf’ dans un GT : 12ème du Giro 2005.
*au 27 décembre 2010 – GT : Grand Tour – Victoires individuelles (les victoires par équipes ne sont pas prises en compte).

N NIBALI VINCENZO
Troisième du Giro en mai, vainqueur de la Vuelta en septembre. Saison presque parfaite non ? Un peu à la manière d’Alberto Contador lorsqu’il a remporté ces deux Grands Tours en 2008. L’Espagnol, après sa non invitation à la Grande Boucle, alors qu’il était le tenant du titre, avait visé les deux autres courses majeures du calendrier.

L’Italien, leader du Tour d’Italie pendant trois jours, notamment après le succès de la Liquigas lors du chrono par équipes, Nibali s’est ensuite mis à la planche pour son leader Ivan Basso. Ce dernier ambitionnait de rempoter une seconde fois l’épreuve rose. Sur la plus petite marche du podium à Vérone, « le Requin de Messine » a impressionné tout son monde. Très à l’aise dans l’exercice solitaire autant que dans les massifs montagneux, il est le successeur annoncé de Basso, Gilberto Simoni ou encore Marco Pantani…

Alors, au moment d’aborder la Vuelta, la toute première de sa carrière, Vincenzo est le favori logique. A vingt-cinq ans seulement, il doit assumer ce rôle. Après le contre-la-montre par équipes, il figure dans les premières positions au général. Dans les deux étapes suivantes, jugées au sommet de la côte de Malaga et de la montée de Valdepenas de Jaen, il se reproche encore un peu plus du maillot de leader, devenu rouge à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la Vuelta. A Andorre, le jeune Italien lâche vingt-trois secondes précieuses à Igor Anton, nouveau Maillot Rouge. Malheureusement pour le Basque, il chutera très lourdement avant d’aborder la montée vers Pena Cabarga. Vincenzo en profite pour récupérer la première place du général. A Cotobello, le coureur Italien n’est pas encore très à son aise et perd sa tunique. Le lendemain, après le long chrono individuel de quarante-six bornes, il reprendra son bien et ne l’abandonnera plus. Même si il s’est fait une grosse frayeur lors de l’avant dernier jour de course lors de la fameuse arrivée jugée au sommet de la Bola del Mundo. Mosquera, son dauphin au classement général, décide d’attaquer à quelques kilomètres de la ligne. Nibali a du mal à suivre la cadence imprimée par l’Espagnol. Il est même en danger un moment. Mais à la pédale, au courage, il est revenu. Dans les tous derniers mètres. Nibali était même en mesure de lui disputer la victoire d’étape.
A Madrid, Vincenzo entre dans l’Histoire du Tour d’Espagne et du cyclisme. Non pas parce qu'il a réalisé le doublé général et classement du combiné. Non, seulement parce qu'il devient le premier « jeune » (moins de vingt-cinq ans) à remporter une épreuve majeure depuis 2007 et un certain… Alberto Contador sur le Tour de France.


O OUST !
On ne va pas trop s’étendre sur ce sujet. Les coureurs qui se sont dopés cette année ne méritent pas notre attention. Nous allons juste nous porter sur le cas Valverde, encore numéro deux mondial et lauréat de la Vuelta en 2009. L’Espagnol jamais inquiété dans l’affaire Puerto jusqu’à maintenant, pouvait continuer d’amasser le plus de courses possible. Il a depuis 2006, date de l’explosion de cette sordide affaire de dopage, bâti un superbe palmarès. Un des plus beaux de ses dernières saisons. Mais cette fois, la fête est terminée pour le numéro un mondial 2008.

Le 11 février 2009, s'est rendu au Comité National Olympique Italien. Le CONI affirme détenir une poche de sang saisie chez le Docteur Fuentes et contenant son sang : "Nous pouvons dire avec certitude que le sang dans la poche numéro 18 est celui de Valverde". Le CONI dispose d'autres preuves. Le sang contenu dans la poche est le même que l'ADN du coureur, après avoir comparé. De plus, le nom de code était "Valv Piti". Son chien s'appelait "Piti"...
Après cette réunion, il est suspendu deux ans en Italie. Valverde est donc privé de Tour. Car cette année-là, la Grande Boucle fait un petit détour en Italie. Cela c'était joué à une poignée de kilomètres.
Finalement, le 31 mai dernier, cette sanction s'agrandie. Il est enfin suspendu (mondialement en plus qu'en Italie) par le TAS. On ne verra plus le coureur Ibérique pendant deux ans. Il perd du même coup ses victoires acquises en 2010 et notamment le Tour de Romandie.

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Article réalisé par Nicolas Gréno l  Images : AFP/Roberto Bettini