Barcelone, son club de football légendaire, son club de basket renommé dans toute l’Europe et … son tournoi de tennis, de catégorie ATP 500, fief de tous les terriens espagnols, présents en nombre cette semaine. Moins bien classé que Monte Carlo, il n’en conserve pas moins un plateau très élevé, avec notamment le retour de Rafael Nadal sur ses terres, lui qui était forfait l’an passé pour cause de blessure alors qu’il était quintuple tenant du titre. Le lauréat de l’édition précédente est, bien entendu, un espagnol, en la personne de Verdasco, qui ne sera pas présent cette année en raison de discordances avec les organisateurs du tournoi.
Enjeu de la semaine
Rafael Nadal va-t-il tenir la cadence qu’il s’impose ? Dans un calendrier extrêmement chargé (Monte Carlo, Barcelone, Madrid, Rome, Roland Garros, Queen’s, Wimbledon et Coupe Davis, le tout en seulement 3 mois à peine), le physique du Majorquin sera LA donnée à surveiller. On se souvient qu’en 2009, avec ce même calendrier, le physique de l’ibère avait craqué, le laissant défait à Roland en 8ème de finale, sa seule défaite en terre parisienne, avant de déclarer forfait pour Wimbledon où il était tenant du titre. Il avait alors décidé de faire l’impasse sur Barcelone l’an passé afin d’alléger son calendrier, allègement qu’il qualifie de « sacrifice » pour lui-même. A voir si Nadal aura ou non apprit de ses erreurs pour affoler encore plus les compteurs.
Le plateau
Espagne, terre battue, chaleur… tous les ingrédients étaient réunis pour retrouver pléiade d’ibériques dans le tableau principal. Ils étaient en effet 15 en lice au 1er tour. Hormis Nadal, les plus dangereux sont Ferrer, finaliste dimanche dernier à Monaco, et Almagro, joueur très prometteur sur terre mais aussi très (trop) « sanguin », ce qui lui fait défaut à de nombreuses reprises dans sa carrière, s’énervant trop rapidement et lâchant prise. Côté grosses côtes, Soderling fait son retour sur le circuit après un très bon début de saison. Le double finaliste Porte d’Auteuil, qui se retrouve dans la partie de Nadal, son meilleur rival à Paris, sera l’une des attractions de la semaine. Dans cette même catégorie, Melzer sera également du match cette semaine. Pour les français, Monfils et Gasquet devront confirmer leurs bonnes prestations de la semaine précédente.
Têtes de série
1. Nadal
3. Soderling
4. Ferrer
6. Melzer
7. Monfils
8. Almagro
9. Gasquet
10. Dolgopolov
11. Montanes
12. Garcia Lopez
13. Bellucci
14. Anderson
15. Raonic
16. Monaco
Murray (n°2), blessé au coude, et Berdych (n°5), victime de troubles digestifs, ont déclaré forfait à l’ouverture du tournoi, remplacés respectivement par Zverev (LL) et Machado (LL).
Français engagés
7. Monfils
9. Gasquet
Q. Millot
Q. Paire
Q. Roger Vasselin
Les premiers tours
Que dire de ce premier tour ? Qu’il réserve (encore) des surprises, comme à chaque semaine ? Et bien oui, mais on ne s’en lasse pas. Voir l’étonnant colombien Giraldo se défaire du brésilien Bellucci (n°13) n’est pas anodin. Raonic se défaisant de Stepanek en deux sets maîtrisés fait également plaisir à voir pour ce jeune prodige canadien. Le réveil de Davydenko, hors de son sujet sur le court depuis le début de saison, est également une agréable surprise, faisant de plus tomber la tête de série numéro 10 du tournoi Dolgopolov, à court physiquement depuis plusieurs semaines déjà.
Et que dire des satisfactions tricolores de cette première manche ? Qu’elles font du bien tout simplement. Benoît Paire et Edouard Roger Vasselin, apparaissant rarement dans les tournois de première catégorie (ils sont en revanche régulièrement têtes de série dans les tournois Challenger de 2nde catégorie), se sont en effet tous deux qualifiés pour un 2ème tour aux dépends de Carreno Busta et de Kuznetsov. Gasquet aura lui plus de mal à se défaire de l’expérimenté Chela, devant batailler pendant 3 longs sets face à l’ancien quart de finaliste de Roland Garros (2004) et qui est donc très affuté sur la surface.
Pour l’entrée en matière des principales têtes de série lors de ce 2ème tour, la marche fut trop haute pour bon nombre d’entre eux. La première et très grande surprise fut Soderling. On attendait le suédois sûr de soi, en pleine forme physiquement après quelques semaines de repos. De retour sur sa surface de prédilection, il n’en a rien été. La tornade Dodig est en effet passé par la, laissant le numéro 5 mondial pantois et sans solution. Balayé 6-2, 6-4 par le 56ème mondial, c’est un terrible coup de massue pour le suédois.
Garcia Lopez (n°12), Anderson (n°14) et Monaco (n°16) vont également tomber prématurément. Dans les autres rencontres, Raonic continue son apprentissage de la terre battue en remportant un 2ème succès consécutif face au qualifié allemand Greul. Le « revenant » Ferrero, toujours en jambes, réalise également une bonne performance, alignant 2 victoires de suite.
Gasquet et Monfils remportent tous deux leurs matchs, mais la partie fut loin d’être gagnée. Pour sortir Kavcic, Gasquet a du puiser dans ses réserves avant de s’imposer à l’usure 6-3, 4-6, 6-2. Monfils s’est lui fait une belle frayeur mais revient de loin et finit par l’emporter 3-6, 7-6(3), 6-2. Quant à Paire et Roger Vasselin, ils n’ont pu confirmer leurs bonnes prestations de la veille, Montanes (n°11) et Davydenko ayant raison d’eux malgré une belle résistance.
Des 8ème de haute volée
A tous les étages, ces 8ème de finale promettent, de par les affiches proposées. Nadal, auteur d’un parcours très tranquille lors de son 1er match (victoire 6-1, 6-1 face à Gimeno-Traver), continue sa marche en avant vers un 6ème titre à Barcelone, pulvérisant littéralement son adversaire Giraldo sur le score de 6-3, 6-1. Dans le duel franco-français, c’est Monfils qui l’emporte face à son ami Gasquet en 2 sets disputés : 6-4, 7-6(7). Raonic (n°15) et Montanes (n°11) sont les victimes de Dodig et Melzer (n°6). Pour le reste, l’armada espagnole est bel et bien au rendez-vous. En plus de Nadal, Ferrer (n°4), Almagro (n°8), Lopez et Ferrero se qualifient pour les quarts de finale, soit 5 espagnols pour 8 participants. Chapeau bas.
Dodig résiste
Et de 5 sur 8 en quarts de finale, ils seront 3 sur 4 en demi finale. Nadal ne va connaître aucun problème pour s’y hisser, Monfils n’étant clairement pas au niveau (6-2, 6-2). Ferrer, clairement « numéro 2 » sur terre actuellement va venir sans grande difficulté battre un Melzer peu inspiré. Dans le quart voyant s’affronter deux terriens de renom, Almagro a pris le dessus sur son aîné, le battant 6-3, 6-3. Seul Dodig le surprenant croate, vient briser cette hégémonie espagnole, se débarrassant de Lopez au terme d’un match intense de plus de 2 heures.
· Nadal (n°1) bat Monfils (n°7) : 6-2, 6-2.
· Dodig bat Lopez : 6-4, 2-6, 6-4.
· Ferrer (n°4) bat Melzer (n°6) : 6-3, 6-3.
· Almagro (n°8) bat Ferrero : 6-3, 6-3.
L’hégémonie perdure
Dodig est donc la surprise de ce tournoi. L’actuel 44ème mondial, 56ème au début du tournoi, auteur de son 1er titre sur le circuit cette année (Zagreb en février), n’a pourtant réalisé que peu de faits marquants dans sa carrière. A noter qu’il avait néanmoins réussi à prendre un set à Novak Djokovic à l’Open d’Australie, ce que très peu de joueurs ont réussi à faire cette saison (seul Nadal, Federer, Berdych et Lopez y sont parvenus). Il a néanmoins accroché à son tableau de chasse Ljubicic, Raonic et Soderling cette saison.
Néanmoins, pour se hisser en finale, la mission est quasiment impossible pour lui, se retrouvant face au maître des lieux et de la surface, le patron Nadal, qui reste sur 32 succès d’affilée sur terre. Auteur d’un très bon match, le Croate sort la tête haute et avec les honneurs de son match et parvient à accrocher 5 jeu à son adversaire, battu 6-3, 6-2. Loin d’être ridicule, il a lutté tant qu’il a pu, auteur par moments de quelques fulgurances qui auront eu le mérite de faire douter le numéro 1 mondial (3 jeux d’affilée au 1er set passant de 0-2 à 3-2 puis un passing merveilleux à 1-1 au 2ème set). Force tranquille, l’espagnol a, comme à l’accoutumée, sorti le grand jeu et a fait plier son adversaire, malgré quelques erreurs inhabituelles. Qu’on se le dise, la marge de progression du « Taureau de Manacor » est encore très importante, de son propre aveu mais également de ceux de ses adversaires. Marge qui devrait sensiblement se réduire selon toute vraisemblance à l’approche de Roland Garros. Par cette victoire, le Majorquin remporte son 500ème succès sur le circuit, et devient le 2ème plus jeune joueur de l’histoire à réussir telle performance après Borg.
L’autre demi finale était donc 100% ibérique, Ferrer et Almagro s’affrontant dans un duel prometteur. Déjà finaliste en Catalogne en 2008 et 2009 (les 2 fois battu par Nadal), Ferrer avait à cœur de se hisser une 3ème fois en finale. Almagro n’a jamais bien figuré à Barcelone, mais la terre reste également sa surface de prédilection. Mais le signe indien veille. Lors de leurs 6 confrontations, Ferrer est sorti vainqueur à … 6 reprises. Et Almagro va encore devoir patienter pour espérer vaincre son ainé. Multipliant les gestes d’énervement, Almagro va trop vite lâcher prise dans ce match. Il s’incline ainsi 6-3, 6-4, permettant à Ferrer de retrouver Nadal, 1 semaine après l’avoir laissé victorieux en Principauté : « Je suis très content, j'ai fait un très grand match. Ce tournoi est celui qui me motive le plus, celui que je désire le plus. (A propos de sa finale face à Rafael Nadal) Rafa est de loin le meilleur ».
· Nadal (n°1) bat Dodig : 6-3, 6-2.
· Ferrer (n°4) bat Almagro (n°8) : 6-3, 6-4.
La finale barcelonaise est donc un remake de la finale monégasque, pour le plus grand plaisir du public venu en nombre admirer ces 2 géants de l’ocre. Et, comme d’habitude, c’est toujours le même joueur qui sort vainqueur. Nadal, Nadal et encore Nadal. Il devient lassant de se répéter mais il en est ainsi. Le maître incontesté de l’ocre a encore fait parler son jeu sensationnel et a fait mordre la poussière à son adversaire, ne lui laissant aucune chance. Malgré un match tout à fait correct, Ferrer ne peut rien face aux coups de butoir imposés par son adversaire, qui imprime un rythme de fou au match. Comme en 2008 et 2009, Ferrer bloque sur la dernière marche, laissant son ami et adversaire l’emporter à nouveau. La Majorquin mène désormais par 12 à 4 face à son compatriote.
Et les chiffres de Nadal donnent le tournis. Grâce à cette victoire, il remporte son 501ème match sur le circuit, son 45ème trophée, le 31ème sur terre battue. Après 7 victoires à Monte Carlo, il reporte un 6ème titre dans son jardin barcelonais et reste donc sur 34 succès de rang sur la surface. Et encore, son jeu n’est pas encore rodé et la marge de progression est importante. Il a en effet concédé 21 jeux sur ses 5 matchs disputés (ce qui est très peu) soit près de 2 fois plus qu’à l’accoutumée. On en vient à manquer de qualificatifs pour décrire cela.
· Nadal (n°1) bat Ferrer (n°4) : 6-2, 6-4.
Réactions
Nadal : « David, je suis désolé. Encore une fois, je te bats, mais tu as dû me pousser dans mes derniers retranchements. Jusqu'à la dernière minute, j'ai dû donner le meilleur de moi-même. Je tiens à remercier mon clan, ma famille... Sans eux, je n'aurais jamais réussi à faire tout ça. A aucun moment, au début de ma carrière, on n'aurait pensé que je réaliserais ce type de performance ici ».
Ferrer : « Ce serait bien que Rafa ne revienne pas pour que je puisse enfin l'emporter ici ».
Enseignements de la semaine
- L’Espagne fait peur. Les espagnols sont à l’heure actuelle au sommet de leur tennis. Disposant d’un leader insubmersible, les Ferrer, Almagro, Lopez et compagnie tiennent très bien leurs seconds rôles. Avec 5 espagnols sur 8 en quarts et 3 sur 4 en demi, c’est une excellente performance.
- Dodig, une montée en puissance. Auteur de quelques bonnes prestations depuis le début de saison, il a créé la surprise cette semaine, notamment en faisant tomber Soderling. Inscrit cette semaine à Munich, il devra avant tout confirmer. Il a gagné 12 places au classement ATP et se retrouve désormais 44ème mondial.
- Monfils, un bon retour. Déjà auteur d’un retour correct à Monte Carlo après sa blessure, Monfils à cette fois ci aligné 2 succès consécutifs, avant de tomber face à Nadal. De bonne augure pour la suite de la saison sur terre.
- Melzer toujours en rodage. Après une demi à Monte Carlo, le voila en quarts ici. Un parcours régulier même si l’on sent que Melzer est capable de mieux. A confirmer par la suite.
Classement
Pas de changement dans le haut du classement, Nadal menant toujours largement la course devant Djokovic et Federer qui complètent le podium. Aucun changement n’est à signaler dans le Top 10, hormis l’arrivée d’Almagro à la 10ème place, le meilleur classement de sa carrière. Verdasco, finaliste l’an passé, perd lui 3 places et se retrouve 15ème mondial. Lopez, quart de finaliste, gagne 5 places pour se retrouver 37ème mondial, alors que Ferrero gagne lui 7 places et est désormais 70ème mondial. Quand au surprenant Dodig, il réalise la progression de la semaine, passant de la 56ème à la 44ème place mondiale.
Article réalisé par Gwendal Le priellec | Images : L'Equipe, AFP.