Avec moins de quarante kilomètres de contre-la-montre individuel, et surtout l’absence d’Alberto Contador au départ du Giro 2012, il est difficile d’établir un grandissime favori. Durant cette semaine, Culture Sport vous propose de passer en revue les principaux prétendants au maillot rose. A moins de vingt-quatre heures du grand départ depuis Herning, voici les derniers coureurs à passer à la loupe.
Fränk Schleck : Anticipation d’un naufrage juilletiste
A l’origine, Fränk Schleck devait consacrer son mois de mai à la préparation du prochain Tour de France dans le calme à Mondorf. Johan Bruyneel avait promu Fuglsang leader de la RadioShack pour le Giro. Puis, une rumeur envoyant l’aîné des frères luxembourgeois accompagner le coureur danois avait gangrené dans les pelotons. Finalement, c’est une regrettable blessure de Fuglsang qui précipitât l’annonce : le troisième de la dernière Grande Boucle remplace au pied levé son malheureux équipier. Cette sélection est doublement judicieuse. Avec la participation de Fränk, c’est l’assurance d’un bon classement général dans la course au maillot rose. Mais c’est aussi l’occasion d’anticiper le naufrage prévu en juillet. En effet, avec plus de cent bornes de contre-la-montre défavorables aux deux frères et des étapes montagnardes trop peu sélectives, les chances d’apercevoir un Schleck vêtu de jaune à Paris sont très minces. Si Andy reste convaincu de ses capacités à réaliser l’exploit qui se présente face à lui, Bruyneel émet dans son for intérieur quelques doutes et préfère sauver la saison avec un Giro taillé pour Fränk. Lequel doit absolument faire oublier la campagne catastrophique de son équipe dans les Ardennes. Et lorsque l’on évoque sa condition peu rassurante, il tient à rassurer : « ma forme n'est pas si mauvaise et elle ne peut que croître les prochaines semaines. Le Tour d'Italie est l'un des grands monuments du cyclisme, c'est donc un grand défi qui se présente». Et pour cause : le Giro semble être l’unique chance de gonfler le palmarès de l’équipe cette saison…
Les outsiders : De Gendt, Uran, et compagnie…
Outre la dizaine de coureurs que Culture Sport vient de vous présenter, la liste des favoris n’est évidement pas exhaustive. D’autres grimpeurs peuvent également s’illustrer dans le classement général. Toutefois, les chances de les voir vêtu de rose à Milan sont très minces. C’est le cas de Marco Pinotti qui emmène la délégation BMC. Sandy Casar, bien que très motivé, sera un peu trop court dans la haute montagne. Dario Cataldo et le surprenant Bartosz Huzarski sont dans la même situation. Par contre, Rigoberto Uran et surtout Thomas De Gendt peuvent créer la surprise. Le Colombien grimpe toujours un peu mieux chaque année, mais une forme approximative et une formation Sky plutôt dévouée à la cause de Cavendish risque de lui poser problème. Pour le talent de Vacansoleil, ces trois semaines s’annoncent intéressantes. Toutefois, s’il veut s’installer dans les hauteurs du classement général, il devra délaisser ses échappées qu’il apprécie tant.
Les sprinteurs : Seul Greipel manque à l’appel
Si l’adoucissement du parcours de ce Tour d’Italie n’a pas forcément poussé les favoris de la prochaine Grande Boucle à batailler dans les cimes alpestres, la donne est différente au sein des sprinteurs. Lesquels ne sont en rien obligés de suivre les meilleurs lorsque la route s’élève, conservant ainsi leur énergie pour les objectifs futurs. Avec sept étapes de plaines, le gratin du sprint mondial se retrouve en terres transalpines. Cavendish sera donc de la partie, et risque de confisquer les victoires à ses adversaires. De quoi décourager Bennati qui « pense au prologue, peut-être pas pour gagner mais certainement pour faire une bonne place ». Il est vrai que des stars comme Farrar, Feillu et Goss risquent de se casser les dents face au Manx Express. Hushovd n’a pas le choix, pour s’imposer, la BMC devra durcir les étapes. Il sera toutefois intéressant de voir s’opposer les sprinteurs italiens face à Cavendish. Modolo, Guardini, Viviani, et Chicchi peuvent créer la surprise. Tout comme la paire Renshaw-Bos qui a impressionné en Turquie. Et puis ce sera aussi l’occasion de voir les premiers tours de roues d’Arnaud Demare sur un grand tour. Le Picard a déjà battu le champion du monde cette année… C’était au Tour du Qatar.
Article réalisé par Julien Detroz
Crédit photos : AFP