Cela fait une semaine qu’Alberto Contador s’est défendu devant le Tribunal Arbitral du Sport. Une histoire sans fin, qui dure depuis un an et demi, impliquant une dose infime de clenbutérol retrouvée dans son urine, en juillet 2010 lors du Tour de France où il allait lever les bras et revêtir le maillot jaune pour une troisième fois. Parole à la défense.
50 picogrammes de clenbutérol par millilitre de sang, soit 0.000 000 000 05 grammes de clenbutérol par millilitre de sang. Vous trouvez cela infime ? Vous avez raison. Ce n’est rien. Pourtant, certains seraient tentés de dire que cette dose retrouvée dans l’urine d’un coureur cycliste peut lui fait monter le Galibier à 50 km/h sur un monocycle les mains attachées dans le dos. Le trait est très certainement grossi, mais vous aurez compris : ce cas divise. Il y a ceux pour qui il n’y a aucun doute : l’Espagnol est dopé, ce contrôle positif en est la preuve. Pour d’autres, cette accusation est aberrante. Je fais partie de cette seconde partie.
Je pense que cette thèse de steak contaminée est plus que plausible. Petit rappel : 27 mai dernier, Bruxelles alerte sur des concombres espagnols contaminés par une bactérie. Soit de la contamination alimentaire. Venant d’Espagne. Vous faîtes le rapprochement entre les deux affaires ? Cela signifie que les contrôles, pourtant certifiés drastiques, de l’Union Européenne sont plus que faillibles, que nous, chers citoyens Européens, ne sommes pas assurés à 100% de la bonne qualité de ce que nous ingérons. Même si cette histoire a été démentie et que la faute a été rejetée sur des pousses de soja bio allemandes, on voit que les autorités sanitaires, à déclencher une alerte non fondée ainsi, ne sont pas à 100 % certains de leurs contrôles et que, malgré ceux-ci ont des failles. Cela signifie que si on décide de vous faire un contrôle sanguin ou urinaire, le laboratoire peut y retrouver quelques cochonneries tel un petit peu de clenbutérol et autres substances définies comme dopantes dans le milieu du sport.
Autre argument : le 0.000 000 000 05 grammes de clembutérol par millilitre de sang vous ne trouvez pas cela exagéré comme quantité potentiellement dopante ? C’est trop peu pour faire quoi que ce soit ! Ou sinon, prouvez-moi le contraire ! Je vénèrerai quiconque pourra me présenter une thèse me démontrant comment 50 picogrammes de clenbutérol par millilitre de sang peuvent vous faire gagner un Tour de France. De plus, à l’époque de son contrôle positif, il était porteur du maillot jaune qui signifie contrôle antidopage tous les jours ! Or, rien n’a été décelé la veille ainsi que le lendemain du contrôle positif. Vous m’expliquerez comment une grande dose de clembutérol aurait pu disparaître en une nuit, c'est-à-dire assez pour qu’on n’en retrouve que très peu durant la journée de repos (jour de contrôle) mais pas du tout la veille.
Cette dose retrouvée dans l’urine de l’Espagnol est, de plus, trop faible pour donner ses vertus broncho dilatatrices et augmentatrices du flux sanguin. En moyenne, pour qu’un effet se fasse ressentir, il faut que le sujet en ait ingurgité entre 0.04 et 0.2 milligrammes par jour. Très loin de la dose à onze zéros d'El Pistolero.
Certains têtus d’entre vous me diront alors : pourquoi aucun de ses coéquipiers n’a-t-il été aussi contrôlé positif ? Selon la version d’Alberto Contador, ce jour là, seul Alexandre Vinokourov a été sujet à un contrôle antidopage, or il n’avait pas consommé la viande offerte par l’organisateur du Tour de Castille et León. Argument tout à fait recevable.
Voilà donc les quelques arguments, parmi tant d’autres, qui me font penser que sur cette affaire, Alberto Contador n’est pas le coupable mais plutôt la victime. Que cet acharnement n'est pas justifié, pour une affaire qui semble ne pas être une affaire de dopage puisque, tous, nous pourrions avoir cette dose infime dans le sang.
Malgré tout, certains récalcitrants refuseront d’y croire. Sachez bien que ce sont des arguments pour l’affaire du clenbutérol-steak contaminé et en aucun cas une défense pour toutes les suspicions qui ont été faites sur lui d’autres jours et à d’autres périodes de sa carrière. Mais ce serait accuser sans preuve. Jusque là, il n’y a eu aucun contrôle positif de l’Espagnol à un produit tel que l’EPO ou je ne sais quoi encore. Laissons, ne cherchons pas. C’est à force de chercher ainsi, de supputer, que le cyclisme est devenu un sport réputé « sale » et pratiqué par des « dopés à plein temps ». Or ces accusations sont souvent faites alors que rien n’a été démontré avec contrôle positif à l’appui. C’est ce qui fait mal à ce sport. Admirez la volonté, la force de ces coureurs, les duels, les victoires, les désillusions plutôt que de supputer tout et n'importe quoi sur n'importe qui.
Néanmoins, quelque soit notre position vis-à-vis de cette affaire, nous sommes tous d’accord pour dire qu’un an et demi c’est bien trop long. Après tout ce temps, il serait préférable que le Pistolero soit blanchi : il y a plus d’arguments en sa faveur qu’en sa défaveur dans cette affaire. Et puis, il y aurait trop de victoires à décerner sur tapis vert. Le Tour de France 2010 à Andy Schleck, bien entendu. Mais aussi le Giro 2011 à Michele Scarponi… Certes, toute victoire est bonne à prendre, surtout une victoire d’une telle ampleur. Mais l’obtenir quelques mois après qu’elle ait été décernée au « tricheur » sans avoir profité des applaudissements, des acclamations du public, des bisous des hôtesses vous donnant le bouquet, c’est plus que frustrant.
Rendez-vous en janvier 2012 pour connaître –enfin- la fin de cette histoire, déjà trop longue. On n'en a jamais été aussi proches.
Article réalisé par Chloé Lemarchand | Photos : Bénédicte Front