Le Tour reprend ses droits ce mardi. Direction les Alpes et ses montagnes enneigées. La troisième semaine du Tour de France est lancée, plus que quelques jours de suspense. En attendant, les coureurs sortent tout juste des Pyrénées en cette fin de deuxième semaine. Focus sur Alberto Contador, le tenant du titre controversé. L’Espagnol n’a pas montré son meilleur visage durant ces étapes de montagne, cela est certain. Y a-t-il perdu le tour, étant désormais à 4 minutes du leader ? Ou a-t-il au contraire préservé ses chances de victoire à Paris ? Contador est-il un des gagnants des Pyrénées ? Eléments de réponse.
On a envie de dire OUI, Alberto Contador est un des gagnants des Pyrénées.
· Parce qu’il a su s’accrocher malgré son état de fatigue
Contador n’était pas au sommet de sa forme sur les pentes des Pyrénées, c’est une certitude. Néanmoins, hormis à Luz-Ardiden, lors de la 12ème étape où le « Pistolero » à lâché prises dans les 300 derniers mètres, l’Espagnol s’est toujours accroché à ses principaux adversaires pour la victoire finale. La 13ème étape n’ayant pas permis de réaliser des écarts parmi les tous meilleurs, la 14ème étape s’avérait alors décisive. Dans le dur tout au long de la montée finale vers la Plateau de Beille, « Conta » a puisé dans ses réserves, s’est accroché tant bien que mal, a souffert mais est arrivé avec les leaders au sommet, concédant tout juste 2 secondes à Andy Schleck. Même à court physiquement (le Giro laisse des traces), Contador finit parmi les meilleurs. A bloc ou pas, est-ce un bluff ? Mystère. Alors qu’il aurait pu perdre beaucoup de temps, il n’en a que très peu concédé au contraire. De ce point de vue, il est un des gagnants des Pyrénées.
Malgré la fatigue, Contador a toujours su d'accrocher
· Parce que ses adversaires n’ont pas su profiter de sa situation
Les frères Schleck, tout comme Cadel Evans, étaient en meilleure forme durant ces étapes Pyrénéennes qu’Alberto Contador. Il leur aurait alors suffit de placer une attaque meurtrière pour lâcher le tenant du titre. Mais non, rien, ou du moins quasiment rien. Seulement une attaque de Frank Schleck à Luz-Ardiden qui lui permet de reprendre 33 secondes à Contador. Mais l’attaque a été placée à 3 kilomètres de l’arrivée, alors que la montée en faisait 14… Pourquoi être parti si tard ? Quelle stratégie ont-ainsi adopté les frères Schleck, qui, de plus, disposaient de plus d’équipiers que Contador en montagne ? Bien bonne question, surtout qu’ils semblaient avoir les jambes pour attaquer. Mais Andy Schleck a préféré reste collé à Contador, en permanence. Ce n’est pourtant pas son seul adversaire. Surprenant … et bénéfique pour l’Espagnol.
· Parce que Contador a les capacités pour rattraper son retard par la suite
Son retard à la sortie des Pyrénées est important, certes. Il compte 4 minutes de retard sur Voeckler, 2 min 11 sur Frank Schleck, 1 min 54 sur Cadel Evans, 1 min 45 sur Andy Schleck, ses principaux rivaux pour la victoire finale. Un retard important, mais loin d’être trop grand pour Contador. En spécialiste de la montagne qu’il est, il a su faire bloc dans les Pyrénées pour s’accrocher, ne pas laisser trop de forces dans la bataille et se préserver pour des jours meilleurs. Des jours meilleurs qui auront sans doute lieu dans les Alpes. Le Galibier et l’Alpe d’Huez étant alors des juges de paix. Il peut donc envisager des jours meilleurs pour la suite, car c’est quasiment une certitude, Contador retrouvera ses jambes, à un moment ou à un autre. Ne serait-ce que l’égo d’un champion ou pour l’honneur. Au vu de ses performances lors du dernier Giro, où il a éclaboussé de son talent en montagne, Contador pourrait être dévastateur dans les Alpes s’il retrouve sa forme physique au bon moment.
Contador peut encore briller sur ce Tour
· Parce que Contador est très fort au mental
Quand le « Pistolero » a du mal au niveau de son physique, son mental prend le relais. La combinaison des deux est encore plus dévastatrice. Un mental d’acier, il a encore prouvé qu’il l’avait cette année. Tout d’abord en faisant face au climat qui règne autour de lui depuis plusieurs mois dans l’affaire de dopage qui le concerne. D’autre part en résistant, mentalement et physiquement, dans les Pyrénées alors que sa forme était loin d’être optimale. Une résistance belle à voir. Il ne lui manque désormais plus qu’un bon niveau physique pour avaler son retard.
Conta, c'est aussi un mental d'acier
On dit tout simplement NON, Alberto Contador n’a rien gagné dans les Pyrénées
· Son retard sur les leaders s’est accentué et est trop important
Non, Alberto Contador n’a pas été ridicule dans les Pyrénées, loin de là. Cependant, il accumule depuis le début du Tour un retard qui commence à être important vis-à-vis de ses principaux rivaux à la victoire finale. Il avait déjà perdu 1 min 20 lors de la première étape. Il y a mieux pour débuter. Les Pyrénées n’ont pas non plus été tendres avec lui, même s’il a su limiter les dégâts. Frank Schleck a été le premier à allumer le pétard, lors de la 12ème étape, mettant 20 secondes à son frère mais surtout 33 secondes à Contador au sommet de Luz-Ardiden. Première défaillance. 33 secondes peuvent peser lourd, très lourd au final. Contador perd même 43 secondes par rapport à Samuel Sanchez, 6ème au général à la sortie des Pyrénées ce dimanche. Lors de la 14ème étape et l’arrivée au Plateau de Beille, Contador a encore montré ses limites du moment, incapable d’attaquer ne serait-ce qu’une fois, ayant même du mal à suivre le rythme par moments. Il perd à nouveau 27 secondes vis-à-vis de Samuel Sanchez et, plus anecdotique mais sait-on jamais, 2 secondes par rapport à Andy Schleck. Un retard qui s’accumule…
Le retard s'accumule pour l'Espagnol
· Son état physique est inquiétant
Contador version 2011 n’est pas le Contador version 2010 sur ce Tour de France. Moins fort physiquement, beaucoup moins en forme, plus usé et moins frais. Une différence de taille surtout : le Giro auquel a participé Contador cette année et auquel il n’avait pas pris part l’an passé. Impressionnant sur le Tour d’Italie, extrêmement difficile en montagne, Contador y a laissé des forces, de trop nombreuses forces sans aucun doute. La preuve en est son parcours actuel dans les Pyrénées, ou Contador n’a pas le petit plus nécessaire pour porter des attaques. Tout juste arrive-t-il à suivre ses principaux adversaires. Il est clair que Contador n’avait pas les jambes, son coup de pédale habituel, pour espérer quelque chose dans les Pyrénées. Il aurait attaqué sinon, forcément. Un état physique inquiétant donc pour pouvoir espérer remporter la victoire finale. En plus de son retard, cela paraît difficile.
Le Pistolero n'est pas à 100% de ses moyens
· Il ne peut pas s’appuyer sur son équipe
Voila le gros point faible du leader de la Saxo Bank. Un point faible qu’il a quasiment toujours connu dans sa carrière. En effet, Contador ne peut pas s’appuyer actuellement sur son équipe de la Saxo Bank, notamment en montagne. Le « Pistolero » a bien avec lui ses fidèles lieutenants, que sont Daniel Navarro, Jesus Hernandez Blazquez et Benjamin Noval Gonzalez, chargés de l’emmener en montagne, mais ils s’effacent bien trop vite pour que Contador puisse compter sur eux. Ainsi, Contador se retrouve très souvent (trop souvent ?) esseulé devant, ne sachant sur qui s’appuyer en cas de besoin. Un soutien de poids en moins pour l’Espagnol.
Contador est bien esseulé au sein de la Saxo Bank
· L’usure mentale pèse lourd sur ses épaules
Contador a beau avoir un mental d’acier, comme nous le montrons plus haut, il reste cependant que l’usure mentale doit peser très lourd sur lui. Depuis bientôt un an maintenant, des soupçons de dopage pèsent sur lui. Contrôlé positif au clenbutérol lors du dernier Tour de France, il a depuis été successivement suspendu un an, avant que la Fédération Espagnole n’annule cela. Sun jugement en appel aura lieu début août. Un an sous la pression des médias, des critiques virulentes venues de toutes parts, ce n’est pas facile à supporter. Usure également sur ce Tour, se faisant même siffler par le public français. Ca ne doit pas être facile tous les jours. Esseulé dans son équipe, pris dans la tourmente depuis un an, fatigué mentalement et physiquement. Non, Contador paraît très mal parti pour remporter le Tour de France 2011.
Réponse finale d’ici à dimanche ….
Verra-t-on à nouveau Contador en jaune d'ici à dimanche ?
Article réalisé par Gwendal Le Priellec | Images : Site officiel d'Alberto Contador, AFP, Emilie Drouet